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Au summum de l’imposture : le mensonge nucléaire

Publie le lundi 21 mars 2011 par Open-Publishing
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Face à un séisme sans précédent, suivi d’un tsunami dévastateur, le Japon est confronté à ses pires souvenirs et renoue bien malgré lui avec ses cauchemars nucléaires d’antan : après les explosions nucléaires de Hiroshima et Nagasaki, celles de Fukushima…

Au-delà du drame japonais dont personne ne peut imaginer les conséquences à terme, et loin de « profiter » de cette catastrophe - comme certains tentent de le dénoncer afin d’éviter le débat - qui met à mal la troisième économie de la planète et ses 125 millions d’habitants, tout citoyen responsable est amené à s’interroger sur l’ampleur de ce drame pour essayer d’en tirer les leçons, au premier rang desquelles, le choix funeste d’une poignée d’individus voulant contraindre envers et contre tout la majorité des autres, à se soumettre à un modèle de société que ces derniers ne veulent pas.

Devant une telle folie suicidaire, ci-après, un extrait du livre que je publiais en 2008, sous le titre « La Démocratie Mensonge » paru aux Ed. M. Pietteur, où il est question de certains de ces choix :

« (…) Les aérosols parfumés et leurs gaz CFC (chlorofluorocarbures) nocifs pour la couche d’ozone ont été remplacés par des diffuseurs de parfums électriques. Tout comme les produits anti-moustiques qui répandent leur poison silencieux pendant votre sommeil. Débarrasser une table de ses miettes à l’aide d’une serviette, ou en en secouant la nappe à l’extérieur tient lieu d’archaïsme et la chose n’est envisagée que par l’intermédiaire d’un ramasse-miettes à piles électriques. A l’efficacité éprouvée de l’ancienne brosse à dents, l’on nous convainc que seul un modèle électrique est efficient. Découper une pièce de viande au coutelas est révolu et ne s’envisage qu’à l’aide d’un couteau électrique. La cuisson au gaz relève presque d’une coutume moyenâgeuse et seules les taques électriques – et encore, pas n’importe lesquelles – sont de mise… sans compter la batterie de casseroles et de poêles qu’il convient d’adapter. De la même manière, le chauffage électrique est présenté comme propre, moins polluant, participant à la diminution des gaz à effets de serre… quand il est prouvé depuis longtemps que pour produire une calorie (unité de mesure de quantité de chaleur), l’électricité est le moyen le plus dispendieux qui soit ! [1] Mais le rendement est d’un tel profit pour quelques groupes industriels et pour les Etats, que l’on nous certifie que l’avenir proche passe irrémédiablement par nos centrales nucléaires, devenues par la cherté des énergies fossiles, plus que jamais indispensables. Omettant soigneusement au passage, d’y inclure les coûts que représente le traitement des tonnes de déchets radioactifs qu’il faut se résoudre à traiter d’une façon ou d’une autre… Sans parler de l’aspect moral de leur envoi dans les pays du tiers-monde dont nous faisons nos poubelles sans sourciller – et sans bruit… Ni d’évoquer l’échéance prochaine du manque d’uranium pour les alimenter, estimée à moins de 50 ans, et du même coup, l’augmentation vertigineuse de son prix… Ni de mentionner le facteur risque (du type Tchernobyl) que ces centrales représentent dans un environnement géologique parfois instable (comme au Japon), et international, de plus en plus tendu. Et sans compter les boucliers de béton dont les sites sont recouverts après quelques décennies d’usage… pendant les millénaires indispensables à leur lente décontamination.

Autre domaine où certains ingénus étudient la faisabilité de tout envoyer dans l’espace, après avoir constaté qu’une immersion en eau profonde se révèle être un échec pour cause de fissures des containeurs… Non contents d’avoir rendu notre fabuleuse planète invivable, nous envisageons dès à présent de répandre nos déchets radioactifs dans l’univers. Dont dangers ? Et dont coûts ? Il s’agit-là de questions que l’on ne pose pas à des « experts ». Etant entendu que ces messieurs ont toujours tout prévu, ou quand ce n’est pas le cas… réponse à tout, quitte à perpétuer des mensonges, aussi gros que les centrales (et les profits) qu’ils défendent. Pour cet héritage précieux, merci pour les générations futures ! Alors que si les mêmes colossaux budgets avaient été investis dans la recherche et la technologie des énergies renouvelables depuis le premier choc pétrolier du début des années ‘70, l’on aurait pu lentement (mais en 35 ans quand même !) remplacer les énergies fossiles par celles qui permettaient aux individus d’accéder à des énergies moins polluantes et moins chères, les rendant par ailleurs ainsi que la plupart des pays, indépendants en la matière.

Le soleil, la lumière, le vent, la chaleur de la terre, le mouvement des marées, l’hydroélectricité, etc… Bref, tout ce qui est à portée de mains de la plupart des Etats et de leurs citoyens. Sans compter les innombrables emplois qu’auraient créées ces nouvelles technologies… avec la préservation de la nature en prime !

Devant les terribles constats que l’on peut établir aujourd’hui de l’état de dévastation de la planète, nombre de décisions prises en haut lieu, gravement irresponsables au regard de l’environnement pour les générations futures, devraient être répertoriées en tant que « crimes contre l’humanité » et jugés pour tels.

L’actuelle orientation vers les biocarburants ou plus justement, les agrocarburants, s’inscrit dans la même mauvaise veine. Consacrer des millions d’hectares pulvérisés aux pesticides et engrais – des habituelles multinationales – pour en obtenir un maximum de rendement, à produire du carburant vert pour remplacer l’essence des bagnoles est tout aussi irresponsable et criminel quand l’on sait que cette furieuse demande entraînera des hausses de prix de ces produits de base, les rendant ainsi moins accessibles pour les paysans mêmes qui les cultivent et pour l’ensemble des pays pauvres en premier lieu. Sans compter les millions de m³ d’eau nécessaires à leur développement. Cet or baptisé « bleu » que tentent de monopoliser quelques multinationales également, avant que sa raréfaction ne déclenche des tensions pour son contrôle. Ni que ces mêmes hectares pourraient en outre pourvoir à la nourriture de quantité d’indigents. Quelle mentalité retorse faut-il donc avoir pour transformer de la nourriture en carburant !? La même probablement que celle qui vous assène la désormais célèbre formule du travailler plus pour gagner plus ! Cet autre mythe, érigé en vérité, quand il est assurément un nouveau piège à cons !

Ces multiples incitations à produire et consommer toujours plus mal sont légion, et l’on sait maintenant leurs effets sur l’environnement : catastrophiques ! Qui se lèvera pour interpeller les responsables de ces criminelles décisions et les traîner devant la Justice ? Quand la seule urgence qui nous occupera bientôt sera celle de trouver les solutions pour sauver ce qui pourra l’être encore, d’une planète que nous persistons à anéantir. (…) »

[1] « N’oubliez jamais cette loi de la physique élémentaire, que les polytechniciens qui règnent sur notre énergie s’abstiennent de vous rappeler : le principe de Carnot qui veut que moins de 30% des calories mises en jeu soient transformées en électricité, cependant que 70% sont perdues dans les eaux et les tours de refroidissement des centrales. » Haroun Tazieff – Ouvrez donc les yeux – Ed. Robert Laffont – 1980

Sans parler des déplacements massifs de populations, ni des conditions de vie qu’un tel cauchemar leur impose, comment nos instances politiques vont-elles réagir, face au désastre que subit le Japon ? L’on perçoit bien ici-et-là quelque gouvernement dans l’hésitation, probablement le temps qu’une nouvelle information en provenance du monde ne chasse celle-ci. Et les évènements qui s’annoncent en Libye s’y emploieront sans doute. Mais ne soyons pas dupes, passé l’effet d’annonce, la plupart de nos gouvernements restent déterminés à ne pas remettre fondamentalement le choix nucléaire en cause. Ils se borneront à préconiser comme à l’habitude, quelques solutions cosmétiques pour soi-disant améliorer la sécurité des centrales.

Pas plus les reportages sur la catastrophe ukrainienne de Tchernobyl – où d’éhontés mensonges tinrent lieu de vérités ! – que les images de villes entières dévastées dans le Japon d’aujourd’hui où des individus hagards et ne trouvant pas les mots pour exprimer leur désarroi errent au milieu de ruines, ainsi que les avertissements d’un prochain séisme majeur dans l’archipel, ne les émeut plus que le temps d’une banale minute de silence qui ne les engage à rien, en mémoire de morts qui leur resteront à jamais anonymes... Les dégâts incommensurables d’un tel cataclysme et de ses victimes traumatisées à vie, les survivants et les familles brisés, les destins effondrés, un pays mutilé ne provoquent que l’hypocrisie odieuse et coutumière d’une poignée de nantis à travers une mise en scène lamentable… juste le temps d’une minute. Pour penser à quoi ? A leur inanité, peut-être… ou plus probablement aux opportunités inespérées qui se présentent dans la reconstruction après un tel déluge, pour des économies en panne…

Ces derniers soirs, après avoir suivi quantité de débats télévisés sur cette blessure majeure qui frappe le Japon, je me suis aperçu que pratiquement aucun intervenant ne soulevait la question essentielle liée au nucléaire et ses déchets : celle de l’armement. Les journalistes évitent-ils la question qui fâche ? Toujours est-il que les « experts » évitent cette part essentielle du dossier, préférant nous convaincre que l’environnement géologique du Japon n’est pas le même que le nôtre – merci de cette perspicace observation qui nous avait échappé, flanquée de son obséquieux sous-entendu que chez nous il n’y a aucun risque de ce genre – ainsi que de l’impossibilité de se priver du nucléaire… quand dans le monde actuellement, moins de 5% de l’énergie produite est d’origine nucléaire. Voyez l’énormité du mensonge ! C’est dire qu’une fois encore si la volonté politique le décidait, on pourrait s’en passer rapidement – et avant l’irrémédiable – et la remplacer par des énergies propres. Mais non, des choix erronés en termes environnementaux ont été faits, les profits sont gigantesques et l’exploitation de l’atome permet l’accumulation d’armes redoutables. Certains construisent ainsi scrupuleusement et de manière acharnée, résolue, entêtée et criminelle les conditions de notre propre fin probable.

Nous asséner que le nucléaire est indispensable au développement de nos sociétés procède du même mensonge que l’imposture quotidienne à laquelle nos gouvernements nous ont habitués, à la différence que les conséquences de celui-ci présagent sans doute de la disparition prochaine de pans entiers de l’espèce humaine…

Daniel Vanhove –
Observateur civil -
Auteur -
19.03.11

Messages

  • LA CRIIRAD comme SORTIR DU NUCLEAIRE font le boulot,

    Fumée au-dessus du réacteur 3, Fukushima partiellement évacuée

    TOKYO (Reuters) - De la fumée s’est élevée lundi du réacteur n°3 de la centrale nucléaire de Fukushima au Japon et des employés ont reçu un ordre d’évacuation, a annoncé l’opérateur, la Tokyo Electric Power.

    Le réacteur 3 est l’un des plus endommagés par le séisme et le tsunami survenus le 11 mars dans le nord du Japon.

    Un porte-parole de la Tepco a dit ne pas connaître le nombre exact d’employés évacués. Lundi matin, 420 employés se trouvaient sur le site, a-t-il dit.

    Jason Szep, Bertrand Boucey pour le service français

    http://www.lepoint.fr/fil-info-reuters/fumee-au-dessus-du-reacteur-3-fukushima-partiellement-evacuee-21-03-2011-1309214_240.php

    Le Point.fr - Publié le 19/03/2011 à 12:55 - Modifié le 19/03/2011 à 13:09

    L’équipe française de secouristes s’est redéployée loin du risque de radiations. Cela n’est guère du goût du Japon.

    Tokyo exige le retour des sauveteurs français à Sendai

    Les diplomates japonais insistent pour que les secouristes français retournent à Sendai, où ces derniers ont participé à la recherche de corps mercredi.

    De notre envoyé spécial au Japon, Sébastien Falletti

    Un bras de fer diplomatique oppose Paris et Tokyo sur la localisation des sauveteurs français envoyés pour venir en aide aux victimes du tsunami. Le Japon exige le retour du détachement français sur la zone de Sendai, à 90 kilomètres de la centrale de Fukushima, a déclaré un responsable militaire français au Point.fr. Une demande refusée par la France, qui veut tenir son équipe le plus loin possible du risque de radiations en provenance de la centrale. "Cette proposition est inacceptable pour nous sur le plan radiologique", a expliqué le capitaine Bertrand Legrand, officier de liaison à l’ambassade de Tokyo.

    Dans la nuit de mercredi à jeudi, le gouvernement français avait ordonné aux 120 sauveteurs de quitter les lieux de leur mission aux alentours de l’aéroport de Sendai et de rejoindre la base américaine d’Isawa, à 300 kilomètres au nord. Une décision prise à la suite de l’augmentation du niveau de radioactivité dans les environs immédiats de la centrale. Néanmoins, les unités de sécurité civile de l’armée ainsi que les sapeurs-pompiers engagés n’ont jamais été exposés à des risques nocifs pour la santé, précisent les autorités françaises.

    Impasse

    Depuis jeudi, les sauveteurs sont bloqués sur la base américaine d’Isawa, dans la province d’Iwate, en attendant qu’une nouvelle mission leur soit attribuée. Afin de réaffirmer sa solidarité avec Tokyo, Paris a proposé que ses troupes soient assignées à la gestion logistique des matériels d’aide humanitaire arrivant sur la base d’Isawa, à plus de 380 kilomètres de la centrale de Fukushima. Mais les diplomates japonais insistent pour que les Français retournent à Sendai, où ils ont participé à la recherche de corps mercredi. "C’est la seule proposition qu’ils nous ont faite", précise Bertrand Legrand. Après deux jours d’allers et retours diplomatiques entre Paris et Tokyo, les négociations sont toujours dans l’impasse. Un échec définitif des discussions pourrait conduire à un retour prématuré des sauveteurs français au bercail. "C’est une option qui se profile", estime Bertrand Legrand.

    Ce bras de fer diplomatique confirme le raidissement des relations entre Paris et Tokyo, depuis le tremblement de terre qui a frappé l’archipel, le vendredi 11 mars. Les autorités japonaises ont peu apprécié que la France, avec l’Allemagne, appelle ses ressortissants à quitter Tokyo dès dimanche dernier, quelques heures seulement après que les premiers incidents ont été détectés sur la centrale de Fukushima.

    http://www.lepoint.fr/monde/tokyo-exige-le-retour-des-sauveteurs-francais-a-sendai-19-03-2011-1308662_24.php

  • [1] « N’oubliez jamais cette loi de la physique élémentaire, que les polytechniciens qui règnent sur notre énergie s’abstiennent de vous rappeler : le principe de Carnot qui veut que moins de 30% des calories mises en jeu soient transformées en électricité, cependant que 70% sont perdues dans les eaux et les tours de refroidissement des centrales. » Haroun Tazieff – Ouvrez donc les yeux – Ed. Robert Laffont – 1980

    Vrai en 1980 mais faux en 2011 où le rendement dans les turbines modernes atteint les 40%. Par contre les pertes dans le transport (ex : Bretagne qui a refusé la centrale de Plogoff ou la Côte d’Azur dont la "séismité" y a écarté la construction de centrale nucléaire) est toujours proportionnelle à la distance.

    Reste que les "antinucs" s’apparentent, selon moi, à Mahomet qui, ayant constaté les dégâts de l’alcool sur l’espèce humaine, introduisit dans le Coran, un verset interdisant impérativement sa consommation. Aujourd’hui, les commandements religieux étant dépassés, les "antinucs" utilisent toutes les circonstances pour essayer d’interdire à l’homme de s’aventurer au coeur de la matière, et surtout d’utiliser les résultats de sa quête. Comme Mahomet, les "antinucs" ont raison, mais comme Mahomet ils devront s’incliner, parce que la liberté, le progrès et la curiosité de l’homme sont "instopable" !