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Commission Copé. Au service des producteurs

Publie le lundi 11 avril 2011 par Open-Publishing

C’est à la demande des producteurs privés que M. Copé a décidé de ressusciter sa commission. Derrière le prétexte de la réforme de France télévisions, ce sont les positions de E. Guilbart, DG des programmes de FTV, qui sont visées.

D’abord parce qu’elle ose (avec B. Patino, DG du numérique) poser la question de la détention des droits sur la diffusion numérique. Ensuite parce qu’elle ose remettre en cause le calibrage des oeuvres. Enfin parce qu’elle tente de faire admettre aux producteurs l’idée d’industrialisation ou d’adaptation à la demande des chaînes. (Cf. Lettre du 9 mars des producteurs privés à Mme Guilbart.)

Ces positions dérangent car elles remettent en cause le système des commandes obligatoires qui régit depuis plus de 20 ans les relations entre FTV et les producteurs privés. Un système perdant-perdant pour l’audiovisuel public et pour la création puisqu’il a placé la France dans le peloton de queue des pays européens.

Ce système a été malheureusement conforté par la calamiteuse renégociation des décrets Tasca menée en 2008 par T. Langlois, ex patron des acquisitions de FTV, maintenant en charge des intérêts des producteurs privés au CNC.

En clair FTV s’est fait tondre avec l’obligation de financer annuellement en valeur (420M€) et en pourcentage (20% du chiffre d’affaire) des programmes patrimoniaux, sans aucune logique éditoriale ni aucun droit de propriété, un véritable non-sens économique. FTV est ainsi contrainte d’acheter des programmes… qu’elle n’a même pas la capacité de diffuser, d’où des coûts de dépréciation et fin de droits de 45M€.

Le modèle économique de FTV n’est toujours pas stabilisé. Le service public ne peut parier sur la seule redevance pour assurer son avenir et la publicité pourrait être détournée des chaînes classiques pour aller se nicher dans les bouquets Apple ou Google. C’est pourquoi la question de la détention des droits est primordiale pour notre entreprise.

Pour la CGT, ce système des commandes obligatoires n’a que trop duré.

Toute entreprise de contenus devrait avoir le droit de maitriser sa ligne éditoriale et conserver son indépendance économique. Surtout quand cette entreprise dispose en plus d’un outil de production intégré. Il est temps que les producteurs l’entendent. Et il est surtout temps qu’on le leur impose !

Peu de chance que ce soit dans le cadre de cette Commission Copé –bis.
Tout cela en dit long en tout cas sur la puissance du lobby des producteurs privés et sur l’ornière stratégique dans laquelle se trouve l’audiovisuel public alors que le débat pour chacun d’entre nous, citoyens et salariés de FTV, est bien d’exister demain sur nos valeurs dans le monde du numérique.

Paris, le 11 avril 2011