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Soutien International Aux Prisonniers Politiques Mapuche Jugés À CAÑETE (Chili) : Lettre À Milton Juicia

Publie le jeudi 14 avril 2011 par Open-Publishing

Soutien International Aux Prisonniers Politiques Mapuche Jugés À CAÑETE (Chili) :
Lettre À Mr Milton Juicia (Président De La Cour Supreme Du Chili)
Et Appel À Signer La Pétition De Soutien
A Mr Milton Juica,
Président de la Cour Suprême du Chili

Nous, les familles des prisonniers politiques Mapuche récemment jugés dans la ville de Cañete, région du Bío Bío, tenons à vous faire part de notre profonde préoccupation concernant le contexte de violation qui a été à l’œuvre tout au long du procès judiciaire et s’est conclu, en fin de compte, par un jugement condamnatoire, raison pour laquelle nos proches maintiennent une grève de la faim liquide depuis le 15 mars.

Comme vous le savez, ils font partie du groupe des 34 Mapuche qui ont déjà été en grève de la faim pendant plus de 80 jours pour demander, entre autres choses, qu’on cesse de leur appliquer la Loi antiterroriste (18.314), c’est-à-dire de pouvoir bénéficier d’un procès équitable. Cependant, malgré l’accord passé avec le gouvernement, entre les mois de novembre et de février un procès s’est déroulé à l’encontre de 18 comuneros Mapuche, auxquels a été appliquée cette loi, de la part du Ministère Public et des plaignants, à savoir les entreprises forestières et les représentants du gouvernement, ces derniers à travers leur adhésion à toutes les preuves présentées par le Ministère Public, y compris le recours à des témoins occultes autorisé par la Loi antiterroriste.

Dans le prononcé de la sentence condamnatoire, qui a été connue le 22 mars dernier, les membres du Tribunal Pénal, Messieurs Carlos Muñoz et Jorge Díaz, ont fait savoir qu’ils avaient fondé leur conviction de la présumée participation aux faits investigués et jugés, principalement sur la déclaration d’un témoin secret (le dénommé « témoin n° 26 »). Néanmoins, la qualification de terroristes concernant les faits a été retirée de la sentence, ce qui met en évidence la contradiction.

Autre situation alarmante : dans leur jugement, Messieurs les Juges ont pris en considération le « témoignage auditif » d’un policier chargé de l’enquête qui aurait entendu la déclaration « volontaire » d’un de nos proches (également accusé et condamné), lequel se serait soi-disant
auto-accusé et aurait incriminé d’autres comuneros Mapuche. A ce propos, nous souhaitons insister sur le fait que ce témoignage a été dénoncé devant la justice et devant l’opinion publique, car cette déclaration a été obtenue sous la torture, le certificat du médecin qui a constaté les lésions qui en ont résulté, en fait foi. Cependant, dans un cas sans précédent, le Tribunal de Temuco a décidé de ne pas poursuivre sa plainte, de classer l’affaire et de ne pas enquêter sur les actes de torture graves dénoncés par le comunero Mapuche.
Par ailleurs, le double jugement auquel ont été soumis nos proches, a constitué l’aberration juridique la plus grande, puisqu’ils ont été, pour la même affaire, jugés à la fois par la justice civile et militaire, alors que le Tribunal militaire de Valdivia a décidé, le 16 décembre 2010, d’absoudre nos parents, faut de pouvoir accréditer les faits en question. Actuellement, l’affaire a été renvoyée devant la Cour d’Appel de Concepción, sans que l’on puisse savoir quelle en sera l’issue. Nous sommes consternés devant cette situation car si le jugement de non-lieu n’était pas ratifié et se trouvait remis en question, c’est-à-dire si chacun de ces membres de nos familles étaient à nouveaux poursuivis, cela générerait forcément à nouveau un double jugement, étant donné que cette même affaire a été examinée, jugée et absoute par la Justice militaire, et est à présent jugée et condamnée par le Tribunal de Cañete.

Vous êtes certainement informé que l’Etat chilien a reçu un Rapport de la Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme, en novembre 2010, dans lequel il est fait état de la violation des droits humains des dirigeants et membres du Peuple Mapuche qui ont été jugés et condamnés selon la Loi 18.314, notamment par le recours à des témoins « sans visages » (Rapport CIDH 176/10). Aujourd’hui, l’Etat risque une condamnation internationale d’un Tribunal International tel que la Cour Interaméricaine des Droits de l’Homme, ce qui ne peut pas ne pas être un motif d’inquiétude pour cette Illustrissime Cour.
Ces membres de nos familles, tous combattants sociaux de notre peuple, Ramón Llanquileo Pilquiman, José Huenuche Reiman, Jonathan Huillical Méndez, ont été condamnés à 20 ans de prison et Héctor Llaitul Carrillanca, à 25 ans. Nous sommes convaincus que leurs droits, garantis par la Constitution, ont été violés, à savoir : un procès régulier et un jugement équitable.

En conséquence, nous demandons l’annulation du jugement et la réalisation d’un nouveau jugement par un tribunal indépendant, compétent et impartial, cela sans l’application de la Loi 18.314, dite Loi antiterroriste. Nous exigeons d’autre part la ratification immédiate de la sentence de non-lieu rendue par le Tribunal militaire de Valdivia.

Nous tenons également à vous présenter quelques unes des personnes et organisations qui nous accompagnent dans notre exigence de justice et sont solidaires de notre juste revendication.

Avec nos sentiments les meilleurs,
Les familles des Prisonniers Politiques Mapuche condamnés à Cañete.

Pour signer la pétition (et lire la lettre originale en espagnole) de soutien aux Prisonniers Politiques Mapuche en greve de la faim depuis plus de 25 jours : ici