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Italie : environnement, le gouvernement des désastres

Publie le dimanche 26 décembre 2004 par Open-Publishing


Fulco Pratesi, président du Wwf "Tous les piliers de la sauvegarde environnementale
et de la santé des citoyens ont été minés à la base, l’année 2004 confirme et
accentue davantage une tendance fortement négative pour les politiques environnementales
en Italie".

Le Wwf présente un dossier sur les politiques environnementales du centre-droit. L’Italie, sanctionnée 28 fois par la Commission européenne, se signale comme le pays qui est en train de ravager son propre patrimoine environnemental. Un recalage sur toute la ligne : climat, remise des abus dans le bâtiment, énergie, parcs et déchets


de LUCA FAZIO

Qu’est ce qu’on peut s’attendre d’un point de vue de tutelle environnementale
de l’homme qui n’arrive pas à éviter des horreurs même pas dans le jardin de
sa maison, à savoir à Villa Certosa ? Rien. En fait, le rapport présenté hier
par le Wwf photographie le désastre environnemental provoqué par le gouvernement Berlusconi au cours de 2004.

"Climat, énergie, défense de la biodiversité, déchets, défense du territoire, en somme les piliers de la sauvegarde environnementale ont été minés à la base - explique Fulco Pratesi, président du Wwf Italie - et l’année 2004 confirme et accentue une tendance fortement négative pour les politiques environnementales en Italie". Il s’agit d’ailleurs d’une opinion largement partagée étant donné que la Commission européenne a ouvert 28 procédures vis-à-vis de l’Italie pour "violation ou manque d’acceptation des directives européennes".

Gianfranco Amendola, magistrat et conseiller du Wwf, précise qu’ "aucun pays n’a récolté autant de condamnations en si peu de temps" et qu’en plus "nous sommes aussi récidivistes parce que nous faisons des lois qui contrastent avec les sentences qui nous ont déjà condamnés". Il s’agit d’infractions qui concernent tout les thèmes environnementaux, et spécialement le secteur des déchets. "Est-ce ainsi que l’Italie veut rester en Europe ?".

Un mauvais climat. L’Italie, en haussant les épaules, continue à s’éloigner des objectifs de réduction des émissions polluantes de 6,5% fixés par le Protocole de Kyoto. En fait, les émissions de gaz de serre continuent à augmenter, comme le confirme la donnée de 2003, qui parle d’émissions de CO2 supérieures de plus de 9% à celles de 1990. Un record négatif qui est voué à se consolider parce que l’Italie est en train de miser sur le charbon, le combustible qui produit les plus importantes émissions de CO2, plutôt que d’investir sur la disponibilité d’énergie solaire. Comme le prévoit Roberto Della Seta, président de Legambiente, tandis que l’Union européenne parviendra aux objectifs prévus par le protocole di Kyoto, l’Italie gardera le triste record de pays le plus polluant du continent. Aussi parce que, pour ne pas se tromper, le plan national de répartition des émissions présenté par le gouvernement permet à la grande industrie une augmentation des émissions polluantes de 20% par rapport au niveau de 1990.

La remise des abus dans le bâtiment. Le mécanisme "meurtrier" de la remise des abus dans le bâtiment, que la Cour constitutionnelle a légitimé pour la troisième fois en moins de vingt ans, se traduit de facto en un énorme affaiblissement des compétences de l’Etat sur le contrôle des contraintes paysagistes. Le dossier du Wwf montre aussi du doigt la régularisation de paysage introduite dans la Loi Déléguée sur l’environnement, qui permet l’extinction des délits de violation des contraintes paysagistes commis jusqu’au 30 septembre 2004. "Le gouvernement confirme une organisation de la tutelle de l’environnement asservie à l’économie - commente Gaetano Benedetto, codirecteur du Wwf - et en attendant nous assistons étonnés à une reprise de constructions et de transformations territoriales qui, ajoutées aux régularisations, remises, concessions domaniales et ouvrages publics à l’utilité discutable, changent l’aspect du pays".

Pauvres parcs. Malgré l’institution de huit nouvelles zones protégées, dans les quatre dernières années les financements pour les parcs ont chuté des 62,5 millions d’euros de 2001 aux 57,8 prévus pour 2005. A part le manque de fonds, la gestion des parcs est pour le moins chaotique : sur 23 parcs nationaux fondés, 8 n’ont pas de président, 6 sont gérés par un commissaire, 6 autres n’ont pas de conseil de direction et 2 n’ont pas encore été activés. Et un parc national fondé par une loi, celui du Gennargentu, est de facto inexistant.

Biodiversité sans défenses. La loi cadre mondiale définie à Rio de Janeiro en 1992, celle sur la défense du patrimoine de toutes les espèces vivantes déjà entérinée par presque 180 pays, pour l’Italie n’est encore qu’un bout de papier. "Donc, des instruments essentiels de gouvernement pour la tutelle de la biodiversité manquent encore - lit-on dans le rapport Wwf - et en attendant la chasse continue à endommager la faune sauvage avec cette loi cadre qui est désormais constamment dérogée par les régions aussi bien pour les espèces qu’on peut chasser que pour les calendriers de la chasse".

D’étranges écologistes. C’est le Wwf lui-même qui ironise sur le fait que dix autres associations écologistes, "ou qui se déclarent telles" ont été formellement reconnues par le gouvernement Berlusconi. Selon l’association présidée par Fulco Pratesi, cette multiplication de sigles écologistes ne sert qu’à permettre des "nominations complaisantes" aux postes-clefs où serviraient des associations capables de remplir une fonction de garantie.

Ce sont toutes des questions "chaudes" qui devraient entrer au plus tôt dans l’agenda - et dans les têtes - de ceux qui ont la prétention de s’accréditer comme alternatives à ce gouvernement. Parce que, comme l’a écrit hier Asor Rosa, la gauche de l’avenir sera rouge-verte ou ne sera pas.

Traduit de l’italien par Karl & Rosa de Bellaciao

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