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Italie : 16 ans et demi de prison pour un patron de ThyssenKrupp

Publie le lundi 18 avril 2011 par Open-Publishing
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La Cour d’assises de Turin (nord) a condamné vendredi à 16 ans et demi de prison le directeur général de la branche acier du groupe allemand ThyssenKrupp en Italie pour la mort de sept ouvriers en décembre 2007 dans une usine à Turin, a-t-on annoncé de source judiciaire.

Cette peine, qui pourrait être appelée à faire jurisprudence, avait été requise contre Harald Espenhahn, 45 ans, originaire d’Essen (ouest de l’Allemagne), jugé pour "homicide volontaire", une première dans le pays pour un accident du travail.

Quatre autres cadres ont été condamnés pour complicité d’homicide par imprudence à 13 ans et demi de prison, comme requis par le parquet. Un cinquième responsable a été condamné à dix ans et dix mois de réclusion.

Une sanction financière d’un million d’euros a aussi été infligée à cette société de ThyssenKrupp, jugée en tant que personne morale dans le procès qui avait commencé en janvier 2009 et a connu 94 audiences.

L’accident, une explosion suivie d’un incendie sur une ligne de production du laminoir le 6 décembre 2007, l’un des plus graves en Italie, avait bouleversé le pays, la majorité des ouvriers étant décédés après plusieurs jours d’agonie des suites de leurs brûlures.

L’accusation a argumenté que l’entreprise avait conscience des risques d’incendie dans cette usine qui était vouée à la fermeture avant le drame.

La défense a tenté de démonter cette accusation. Un de ses avocats a dénoncé le caractère "politique" de ce procès où 48 anciens ouvriers s’étaient constitués partie civile, de même que la commune et la province de Turin, la région du Piémont, des syndicats et des associations.

Cette condamnation de Herald Espenhahn en première instance est "incompréhensible et inexplicable", a réagi la société ThyssenKrupp dans un communiqué publié en Italie, ajoutant qu’il revenait à ses avocats d’étudier quelle suite donner à la procédure.

Le verdict, qui déclare coupable un patron d’"homicide volontaire" dans un accident du travail, constitue "le saut le plus important jamais accompli dans la jurisprudence en matière d’accidents du travail" en Italie, s’est félicité l’un des procureurs, Raffaele Guariniello.

Le ministre du Travail, Maurizio Sacconi, a relevé un "précédent important". Ce jugement démontre, a-t-il dit, que "le dispositif de sanctions disponibles existant est adéquat".

Ces morts accidentelles, appelées "morts blanches", sont un fléau en Italie. Leur nombre a cependant baissé de 6,9% en 2010 à 980, selon l’Institut national d’assurance contre les accidents du travail.

Maurizio Zipponi, un responsable du parti d’opposition fondé par le juge Antonio di Pietro, L’Italie des valeurs, a estimé que la sentence était "une lueur de justice dans les ténèbres que le gouvernement Berlusconi impose" à l’Italie.

Alors que le parlement italien a donné un premier feu vert à une loi raccourcissant les délais de prescription judiciaire, les opposants à celle-ci ont cependant cité ce procès parmi ceux qui pourraient tomber à l’eau de manière anticipée.

Le seul survivant de l’accident, Antonio Boccuzzi, devenu député du Parti démocrate (centre gauche) en 2008, a éclaté en sanglots à la lecture du verdict, en affirmant : "Celui qui s’est trompé a payé".

http://www.romandie.com/infos/news2/110415211326.10famrzj.asp

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