Accueil > Décès de l’intellectuelle américaine Susan Sontag

Décès de l’intellectuelle américaine Susan Sontag

Publie le mercredi 29 décembre 2004 par Open-Publishing


de Hillel Italie

La femme de lettres américaine Susan Sontag, féministe, engagée dans les grands
combats intellectuels contemporains, est décédée mardi à l’âge de 71 ans.

Elle s’est éteinte dans la matinée, à 7h10, selon des responsables du Memorial
Sloan-Kettering Cancer Center à Manhattan. L’hôpital n’a pas dévoilé la cause
de son décès. Elle avait été soignée pour un cancer du sein dans les années 70.

Après avoir suivi des études dans les universités de Berkeley, de Chicago, de
Harvard et à Paris, elle était devenue une figure de la scène new-yorkaise. Susan
Sontag avait notamment écrit des essais à la théorie de l’art, du langage et
de la littérature (L’oeuvre parle, Contre l’interprétation...).

Elle avait aussi rédigé des romans, comme L’Amant du volcan, Le Bienfaiteur, Death Kit, Moi etcetera et En Amérique pour lequel elle avait obtenu le National Book Award. Ses livres ont été traduits en 32 langues. Elle avait aussi réalisé plusieurs films, comme Brother Carl.

Engagée politiquement à gauche, parlant parfaitement le français, elle venait souvent à Paris et était proche de plusieurs intellectuels français tels que Roland Barthes, à qui elle avait consacrée un ouvrage, À propos de Roland Barthes. Elle connaissait également bien la photographe Annie Leibovitz et avait rédigé en 1977 un essai intitulé, Sur la photographie.

Dans un entretien accordé à Lire en 2000, elle expliquait que son amour pour l’Europe provenait notamment du fait qu’enfant, elle lisait beaucoup de romans français, traduits en anglais, comme Les misérables qui l’ont marquée. « Je crois que c’est grâce aux grands romans populaires français que j’ai découvert l’injustice », expliquait-elle.

Interrogé sur la peine de mort aux États-Unis, elle affirmait que « si les candidats à la présidence n’y étaient pas favorables, ils n’auraient aucune chance d’être élus. Les États-Unis sont un grand pays barbare, que je n’aime pas. D’ailleurs, si je n’habitais pas à New York, je déménagerais certainement en Europe. À Paris, peut-être, où j’ai vécu sept ans ».

Dans le Monde Diplomatique de novembre 2001, elle était citée dans un article expliquant qu’elle avait remis en question l’idée selon laquelle les attentats du 11 septembre auraient été un assaut « contre la civilisation et la liberté ». Elle considérait plutôt cette opération comme la conséquence « de certaines actions et d’alliances spécifiques des États-Unis, de la superpuissance autoproclamée », selon l’article. Dans les jours qui ont suivi, on l’accusa d’être « moralement obtuse » et de faire partie « des gens qui haïssent l’Amérique ».

http://www.cyberpresse.ca/lectures/...