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Les leçons à retenir

Publie le jeudi 30 décembre 2004 par Open-Publishing

L’Eco-économie 2

Première partie

Il est intéressant de se pencher sur le déclin des civilisations. Dans son livre, « The Collapse of complex civilizations » Le déclin des civilisations complexes, Joseph Tainter décrit le déclin des premières civilisations et spécule sur les causes. Chacun se rappelle ses lectures de jeunesse sur la disparition de l’Atlantide qui se base sur un fait réel, la disparition de la civilisation crétoise.
Etait-ce en raison de la dégradation de leur environnement, d’un changement climatique, de conflits sociaux, d’invasions étrangères... ?

Si on réfléchit au contraste entre les civilisations, jadis florissantes, et la désolation actuelle des lieux et des sites qu’elles occupaient, on ne peut que s’interroger sur les dynamiques internes qui expliquent l’ascension et le déclin.
Ainsi, une des plus anciennes, la civilisation Sumérienne dans la plaine de l’Euphrate, région désolée, aride, éloignée de toutes terres cultivables.
Pourtant, il fut un temps où se trouvait là le centre d’une des plus grandes civilisations urbaines et cultivées du monde. Les Sumériens inventèrent les premières villes et le premier langage écrit, l’écriture cunéiforme.

C’est une des raisons de la conscience des fragiles et précaires abris que l’on nomme civilisations.
Chaque grande tendance nocive pour l’environnement peut ruiner la civilisation, qu’elle soit rudimentaire ou sophistiquée.
Une faille dans l’économie influence le milieu naturel au point d’en modifier l’équilibre et la civilisation qui l’a engendré se condamne à disparaître.
Si les générations suivantes ne réagissent pas rapidement et ne mettent pas tout en œuvre, quelquefois pendant des siècles, pour rétablir l’équilibre, notre histoire sera éphémère.

La question qui reste sans réponse à propos des civilisations qui ont brutalement disparues : connaissaient-elles les raisons de leurs déclins ? Et s’ils le savaient, pourquoi les hommes les plus raisonnables, les plus conscients, ont-ils été incapables de susciter le réveil de l’opinion, le soutien des politiques, un conseil permanent des sages pour sauver des splendeurs millénaires.

On pourrait très bien imaginer à une toute autre échelle, que de nombreuses planètes, apparaissant lunaires et sans atmosphère sous l’œil du grand télescope étaient, il y a des millions d’années toutes des planètes bleues que la création avait semées dans les myriades de galaxies.
Sur ces planètes que les habitants avaient transformées en nefs des fous, les conditions de vie s’étaient dégradées jusqu’au point de non-retour, perdant jusqu’à leur atmosphère et tournant aujourd’hui comme des lunes mornes et craquelées autour de leur astre, chauffées à blanc dans le silence sidéral.

Un jour peut être, pas si lointain, notre lune aura t-elle aussi une grande sœur jumelle et des voyageurs arrivant enfin dans nos parages, se demanderont si la vie avait ou pas jamais existé sur un tel monde de poussières.

Seconde partie

Une civilisation autodestructrice

Sur notre nef l’activité économique mondiale a été multipliée par sept entre 1950 et 2000. En 10 ans, de 1990 à 2000 l’indice des actions est passé de 3000 à 11000. Le capital ne s’est jamais aussi bien porté et les banquiers sont optimistes. L’argent placé n’a plus besoin du support matériel pour générer des plus-values, la bulle spéculative s’auto alimente en circuit fermé.
Le gâchis de ces ressources n’est qu’une épée de Damoclès à quiconque remettrait en question l’idéologie libérale et l’économie capitaliste. Une épée qui pèse lourdement sur l’avenir de nos cités radieuses.

Nous oublions, à l’abri des murs, que nous sommes tout autant dépendants des systèmes naturels que l’étaient nos ancêtres chasseurs-cueilleurs.
Tandis que nous célébrions l’entrée dans le 3ème millénaire, un tiers des terres cultivées perdent leur couche arable, 50% des pâturages sont sur sollicités, les forêts sont réduites, les pêches océaniques sur exploitées. Dans ce petit monde des superlatifs ajoutons aussi le sur pompage de l’eau souterraine des grandes régions agricoles.
Les pâturages procurent la majeure partie des protéines animales en subissant la pression des cheptels qui croissent en même temps que les populations humaines.
Lorsque 180 millions de personnes élèvent 3 milliards de bovins, les herbages s’effondrent littéralement.

A ce rythme, L’Afrique, le Moyen Orient, l’Asie centrale, la partie Nord de l’Inde, la Chine du Nord Ouest sont menacés de famine et vont frapper à nos portes avant de déferler en flux migratoires comme des colonies de fourmis fuyant la disette. La Terre ne peut pas nourrir plus de Six milliards d’individus quand 800 millions consomment comme 5 milliards.
Cessons de croire à l’utopie d’une terre nourricière si la terre arable devient stérile en fonction du degré de bêtise et d’égoïsme.

Continuons et des milliards mourront de faim, des guerres éclateront pour la moindre parcelle cultivable, nos petits enfants s’entretueront car nous les aurons obligés à devenir les survivants d’un patrimoine en peau de chagrin. Une catastrophe écologique majeure comme dans le film soleil vert.

Un exemple précis parmi d’autres malheureusement ; la Chine pays émergent pourrait retomber bien plus bas qu’elle n’était et retourner aux âges farouches.
Le cumul des sur labourages et sur pâturages pour satisfaire les besoins alimentaires en croissance rapide crée un désert de poussière plus étendue que le « Dust Bowl « des Etats-Unis. La moitié Nord de la Chine devient stérile par sur sollicitation.

Mais par-dessus tout nous allons assister à une guerre pour une ressource bien plus importante que le pétrole. Le monde s’achemine et se prépare à une période de pénurie d’eau.
Le détournement des eaux fluviales afin d’assurer l’irrigation en Indes, en Chine et aux Etats-Unis a pour conséquence que des fleuves comme le Gange, l’Indus, le fleuve jaune, le Colorado, pour ne citer que les principaux, ne parviennent plus à atteindre la mer.

La demande économique en bois n’est plus régénérée pour 9 millions d’hectares, la surface du Portugal.

Le monde perd aussi sa diversité biologique par la destruction d’espèces végétales et animales plus rapidement que l’évolution n’est capable de rétablir l’équilibre »précaire »du biotope.
Pour illustrer et avancer des faits plausibles, je me dois de passer par les chiffres :
 1/8 des 9946 espèces d’oiseaux ne voleront plus jamais -
 1/4 des 4763 espèces de mammifères ne marcheront plus jamais -
 1/3 des 25000 espèces de poissons ne nageront plus jamais -

Nos enfants auront bien sous les yeux un monde cercueil et quand un petit devant la télévision demandera à son père pourquoi il ne peut pas voir tel animal, telle fleur, en vrai...l’extinction c’est pour toujours lui répondra t-il un peu coupable de sa démission quand lui-même interrogeait son père.

L’expansion économique cumule déficits biologiques et ouragans meurtriers, les quatorze années les plus chaudes sont toutes postérieures à 1980.
C’est à dire un phénomène de destruction du milieu naturel alimentant une réaction en chaîne comme s’emballe le cœur d’un gigantesque réacteur nucléaire pour la planète.

La civilisation, les sociétés humaines auront fait faillite dans un peu moins de cinquante ans si un autre modèle ne remplace pas l’idéologie dominante.

Je considère que l’humanité s’est piégée, la civilisation est contrainte de battre en retraite devant les forces qu’elles déchaînent. Je m’efforce dans mon petit coin de dénoncer ce que d’autres me font subir en pensant que ce n’est rien en comparaison de ce que subiront mes enfants.

Les hommes ont de nouveau ouvert les gouffres où se terraient les démons de l’apocalypse.