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DOCUMENT : 2001-2011, démocratie représentative : le passé d’une illusion

Publie le vendredi 13 mai 2011 par Open-Publishing

« Pourquoi cette démocratie représente si mal le peuple ? » C’est avec cette seule question, il y a dix ans, en 2001, que nous sommes allés interviewer des hommes et des femmes politique professionnels de gauche et de droite. Durant une heure d’enregistrement chacun (à quelques exceptions près), quinze d’entre eux ont alors planchés sur le sujet, avec plus ou moins d’inspiration, parfois avec une certaine honnêteté intellectuelle, toujours, en définitive, flattés d’être pour une fois pris au sérieux.

Nous nous sommes également émancipés de la commande de notre éditeur en allant chercher la contradiction du côté de militants du mouvement social, tel José Bové, mais surtout avec Salah Amokrane des Motivé-es à Toulouse qui avec d’autres, comme Luc Gwiazdzinski à Strasbourg, s’étaient risqués, avec une certaine fortune électorale, sur la scène politique traditionnelle, à l’occasion des municipales de 2001.

Il en est résulté une enquête, intitulée « Le crépuscule des Dieux », éditée en 2001 (Éditions des collectivités locales), dont nous pensons que sa réédition peut contribuer à la réflexion sur la démocratie.

Parue au lendemain du référendum sur le quinquénat de 2010, qui se soldat par une énorme gifle à la figure de l’oligarchie politique (près de 70% des électeurs inscrits s’étaient abstenus), cette enquête a été réalisée au moment, où les professionnels de la politique voyaient remis en cause leur légitimité par le suffrage universel. Le vent du mouvement social de l’hiver 1995 soufflait encore un peu et il transportait encore la foisonance débridée des mouvements sociaux. Contre le chômage, le mal-logement, la pauvreté, l’exploitation et l’aliénation sous toutes leurs formes... Il y avait un souffle d’espoir, suffisamment en tous cas pour que l’oligarchie se tienne sur ses gardes et agisse avec prudence.

Cette enquête est aussi contemporaine du règne de la Gauche plurielle et de Lionel Jospin Premier ministre. Se disant de gauche, ils se soumirent néanmoins aux marchés financiers et désespérèrent les citoyens et les électeurs, créant ainsi les conditions de l’irruption néo-fasciste de 2002. Mais cela alors personne ne l’imaginait.

Une décennie riche de mouvements sociaux, qui, sauf pour le CPE, n’aboutirent pas. Avec les émeutes de 2005, elle vit l’émergence de la problématique xénophobe, que la gauche, autant que la droite avait laissé pourrir depuis l’époque coloniale. L’utilisant même, à ce qu’elle croyait être son avantage, depuis l’apparition du Front national dans les années quatre-vingt.

Comme l’écrit aujourd’hui Enzo Traverso : « Ce nouveau racisme s’accommode de la démocratie représentative, en la remodelant de l’intérieur. C’est donc la démocratie elle-même qu’il faudrait repenser, ainsi que les notions d’égalité des droits et de citoyenneté, pour redonner un souffle à l’antiracisme. » (« La fabrique de la haine : xénophobie et racisme en Europe », Contretemps N°9)

Toutes les questions abordées dans cette enquête sont d’actualité. Qu’il s’agisse des rapports entre le mouvement social et la politique, du fric, du présidentialisme, de la limitation des mandats, des modes de scrutin, du statut des élus, de leur professionnalisation de leurs rapports avec les citoyens et du temps qu’il serait nécessaire à ces derniers pour participer à la vie civique...

Et dix ans plus tard, trente ans après l’élection de François Mitterrand à la présidence de la république, aucune de ces questions n’a reçu la moindre réponse. La crise de la démocratie représentative est à son sommet et l’oligarchie politique... Mais plutôt que de conclure, nous laissons le lecteur juger sur pièces.

Claire Liénart, Jean-Pierre Anselme

SUR LA SCÈNE : Côté partis et institutions : Michèle Alliot-Marie (RPR) ; Robert Hue (PCF) ; Dominique Voynet (Verts) ; Gérard Longuet (UDF) ; Georges Sarre (MDC) ; Raymond Forni (PS) ; Jean-Paul Delevoye (RPR) ; Jack Lang (PS) ; Noël Mamère (Verts) ; Arnaud Montebourg (PS), Françoise de Panafieu (RPR) ; Julien Dray (PS) ; Roselyne Bachelot (RPR) ; Marie-Noëlle Lienneman (PS) ; Robert Pandraud (RPR). Pour le mouvement social et citoyen : Salah Amokrane, tête de liste des Motivé-e-s à Toulouse, Luc Gwiazdzinski, géographe et universitaire, tête de la liste Air à Strasbourg, qui, sans avoir défrayé la chronique, n’en avait pas moins rassemblé 6,23 % des voix au premier tour du scrutin municipal ; José Bové.

LE CRÉPUSCULE DES DIEUX

Sommaire
• Citoyenneté : « Je t’aime, moi non plus »
• Représentants en mal de représentés
• Cumuler pour régner
• Le pouvoir à durée indéterminée
• Le mariage honteux du fric et du pouvoir
• Pas de statut pour les élus
• Une profession par défaut
• Ni temps ni moyens pour les citoyens
• Monarchie républicaine et élites consanguines
• « Le roi est mort, vive le roi ! »
• Godillots et parlement croupion
• Élections : la loi du plus fort
• Oligarchie communiquante et démocratie participative
• Politique marchande et marchandise politique
• Partis sans militants et militants sans partis
• Réformes ou révolutions ?
• Réinventer la démocratie

À LIRE SUR : http://blogs.mediapart.fr/blog/jean...