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Municipales en Italie : la droite déconfite, le centre-gauche par défaut et les communistes empêtrés dans une « Fédération de la gauche » en basses eaux

Publie le vendredi 20 mai 2011 par Open-Publishing
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Ces 15 et 16 mai avaient lieu les élections municipales et provinciales partielles en Italie, test pour le gouvernement de centre-droit de Silvio Berlusconi.

Les élections provinciales comptaient sur 3 millions d’électeurs autour de 9 « provinces », équivalent de nos départements. Mais tous les yeux étaient tournés vers les élections municipales. 10 millions d’électeurs étaient appelés aux urnes pour élire 1 274 maires dont ceux de 15 villes de plus de 100 000 habitants parmi lesquelles Milan, Turin, Naples ou Bologne.

Milan et Naples en ballottage favorable pour le centre-gauche : la droite en déroute

Le premier constat est que la droite sort très affaiblie de ce scrutin.

Parmi les grandes villes, la victoire du centre-gauche est nette et sans bavure au premier tour à Bologne (50,5%), Sienne (54,71%) et de façon triomphale à Turin (56%) où le leader du Parti démocrate Piero Fassino est élu maire de la capitale piémontaise. La gauche remporte également six autres chef-lieu de province parmi lesquels Arezzo, Ravenne ou Savona.

Face à cette marée démocrate, le PDL de Berlusconi et la Ligue du nord plongent. La coalition gouvernementale n’est assurée de conserver que la capitale calabraise Reggio Calabria où elle obtient un retentissant 56% au premier tour.

La surprise est venue des deux grands fiefs de la droite mis au scrutin, Naples et Milan, où les candidats du pouvoir sont mis en ballottage. A Milan, dans le fief de Silvio Berlusconi, le candidat du centre-gauche obtient 48% au premier tour devançant de sept points le candidat de la droite. A Naples, l’issue est plus incertaine, mais les deux listes de gauche rassemblent 47% des voix contre 36% pour le candidat de droite.

La stratégie liquidatrice « Fédération de la gauche » en échec

Et les communistes dans tout cela ? Nous les avions quitté aux dernières régionales de 2010 sur un score historiquement bas (2,8%) obtenu toutefois sous l’étiquette « Fédération de la gauche » et non proprement communiste, bien que l’on maintienne le symbole (faucille et marteau) sur affiches et propagande.

Ce scrutin ne marque pas un rebond. La stratégie « Fédération de la gauche » ne prend pas.

Les résultats des provinciales ne sont guère significatifs, puisque la stratégie Fédération de la gauche n’a été appliquée que dans six des neuf provinces d’importance mineure par ailleurs.

Aux municipales, les résultats des communistes cachés sous l’étiquette « Fédération de la gauche » ne sont pas bons du tout.

Dans nos fiefs historiques, comme Sienne (2,17%) ou Bologne (1,46%), les scores sont faméliques.

Dans les autres villes du centre et du nord, les résultats ne sont guère meilleurs : 1,44% à Novara, 1,96% à Rimini et surtout 1,15% à Turin, ville des grandes luttes ouvrières, ville où s’est forgé le PCI de Gramsci et de Togliatti.

Des résultats moyens apparaissent presque comme de grandes victoires, au-delà de Ravenne, les scores sont honorables dans des milieux difficiles, comme les grandes métropoles Milan (3,10%) et Naples (3,66%).

2% dans les grandes villes historiques, 6% dans un fief de droite... où la stratégie « Fédération de la gauche » n’est pas appliquée !

Seule éclaircie dans ce sombre ciel, le bon score des communistes à Reggio Calabria – pourtant fief inexpugnable de la droite – avec 5,8%. Comment l’expliquer ? Reggio Calabria fut une des rares grandes villes où la stratégie « Fédération de la gauche » ne s’est pas appliquée. Les deux candidats communistes ont concouru séparément, avec symboles, nom et identité communiste et ce choix de marquer sa différence communiste a payé.

Il est presque impossible d’agréger les données d’élections locales, a fortiori municipales.

Toutefois si on agrège les scores des candidats « Fédération de la gauche » dans les dix plus grandes villes du pays, la Fédération n’obtient que 2,2%, à la quatrième place à gauche derrière le PD bien sûr, mais aussi derrière l’Italie des valeurs (IdV) du juge Di Pietro (3,6%) et Gauche, écologie et libertés (SEL) du chouchou des médias Nichi Vendola (4,8%).

Quelle perspective ? Unir la gauche institutionnelle et tirer le PD vers la gauche oureconstruire le Parti communiste dans les luttes et les moments électoraux

Face à ce constat d’échec, le secrétaire-général de Refondation communiste, Paolo Ferrero, choisit la méthode Coué notant une « croissance de la Fédération de la gauche lors de ces élections locales ». Au vu des exemples guère convaincants mis en avant par l’ancien dirigeant de Democrazia proletaria, lui-même est contraint de concéder que ceux-ci n’ont « rien d’extraordinaire ».

Toutefois, le projet politique reste le même, gauche plurielle derrière le PD libéral, maison commune de la gauche avec des liquidateurs comme Nichi Vendola et essayer de tirer vers la gauche le PD :

« La possibilité concrète de battre les droites à travers une alliance des forces de centre-gauche – sans alliance avec le centre – et la nécessité d’unir les forces de gauche (Fédération de la gauche, SEL, IdV) afin de modifier profondément le programme et la politique du centre-gauche », déclare Ferrero après le scrutin.

Où va s’arrêter le résistible déclin des communistes italiens ? Plus que jamais, le peuple d’Italie a besoin d’un Parti communiste vingt ans après sa dissolution. Il n’a pas besoin d’une énième liquidation, qu’elle prenne le nom de « Fédération de la gauche » comme hier de « Démocrates de gauche » ou de « Gauche arc-en-ciel ». Aux communistes italiens de se réapproprier leur parti, de le reconstruire, de réaffirmer la nécessité du Parti communiste dans les moments électoraux et dans les luttes !

http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/article-municipales-en-italie-la-droite-deconfite-le-centre-gauche-par-defaut-et-les-communistes-empetres-74241237.html

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