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La comédie c’est s’appuyer sur des forces dont le processus est un processus du passé sans s’apercevoir que l’apparence des choses nous y a poussé souvent et nous pousse encore à ça.

Publie le samedi 11 juin 2011 par Open-Publishing
2 commentaires

Le capital monopoliste-financier s’appuie sur la puissance de l’Etat National et ses institutions de cohérence mondiale.

L’Etat National et ses institutions de cohérence mondiale, pour dominer, s’appuient au XX° siècle et aujourd’hui encore, sur les couches moyennes des pays développés, comme les Légitimistes et les Orléanistes s’appuyaient politiquement sur la propriété foncière ou le capital « de libre concurrence » début XIX°, comme le capital moderne de marché national au cours du XIX° siècle s’est appuyé sur la paysannerie de petite propriété contre la classe ouvrière par l’intermédiaire du coup d’Etat de Napoléon III.

Les conquêtes sociales qui ont accompagné l’évolution du mode de production de par les luttes et ses propres besoins qui ne se manifestent ni ne se réalisent mécaniquement, ni d’une façon prédéterminée, mais historiquement en fonction des accumulations visibles et invisibles de l’histoire, ses normes antécédentes, son travail des normes, ses renormalisations infinies...ces conquêtes sociales du et dans le capitalisme monopoliste d’Etat social nous cachent les besoins nouveaux du capital et les régressions que ces besoins nouveaux du capital imposent ici et aujourd’hui sous Sarkozy et dans le monde.

Ces besoins nouveaux du capital ne sont pas nouveaux en soi comme sortis de rien, ils sont l’évolution du procès du capital à son origine confronté à sa propre évolution qu’il a lui-même engendrée. Et si ces besoins nouveaux ne sont pas perçus par les victimes de ce processus, mais seulement les effets de ces besoins nouveaux du capital, c’est par manque de conscience de ce processus, ce qui fait la force du capital malgré sa crise.

C’est en quoi Marx et le mouvement marxiste accordent une importance capitale à la formation économique et politique des salariés dans leurs diverses composantes, et de la classe ouvrière de main d’oeuvre et de production des "biens matériels" dans le monde, base de sa prise de conscience dans la confrontation des évènements qui les touchent et de l’analyse théorique qui en dépend. L’effet "idéologie des couches moyenne" n’est pas étranger à la régression théorique du salariat et des modes anti communistes qui s’en suivent y compris dans le mouvement issu aujourd’hui de ce mouvement communiste. L’idéologie officielle et dogmatique n’est pas non plus étrangère à cette régression ni étrangère à cette division hiérarchique du travail et son imitation dans les tentatives de transformation avortées ou non accomplies

On a souvent comparé la transformation sociale à l’eau qui bout et son évaporation rapide, ou au contraire à son évaporation lente dans laquelle le processus et la continuité apparaissent d’une façon plus évidente. L’eau peut aussi se geler. Et le « laisser faire » peut être un élément essentiel du gel. Il est difficile de « trier » le « laisser faire » de la patience active et révolutionnaire, la sagesse de l’immobilisme, la folie du courage. Dans un paysage politique, avec les diverses forces qui s’affrontent d’une façon contradictoire et complémentaire ou antagoniste, dans leurs diverses manifestations et apparences, c’est pourtant qu’il faut tenter.

Le capital a passé compromis chaque fois que, soit pour son discrédit passager (crise de 1929 et ses effets, compromission du capital avec l’occupant nazi…), soit pour ses propres besoins en développement (main d’œuvre, qualifications…), et les deux à la fois, l’ont obligé à le faire.

Wolinski a très bien imagé cette situation dans son dessin où Giscard, s’adressant à la télévision déclare :

« J’appelle tous ceux qui ont un peu à s’allier avec ceux qui ont tout contre ceux qui n’ont rien ».

Etait-il conscient jusqu’au bout de la portée de ce dessin ? A lui de répondre.

Jusqu’où le capital monopoliste-financier peut-il s’appuyer sur cette forte et savante mais impuissante fraction de la population ? L’ont bien compris ou plutôt induit ceux qui votent pour des transformations réelles, hors du « tout changer pour que rien ne change » ou ceux qui délaissent une expression démocratique apparemment sans effets pour eux.

La question de fond est là. Jusqu’où ! Et la crise commence à répondre à cette question. Commence car pour le moment nous en sommes à des révoltes de ces couches moyennes mais en aucune façon au dessein d’une alliance du salariat dont elles représentent une forte partie dans les pays « avancés » et même émergents, dans ses diverses composantes, sur un projet transformateur. Je ne parle pas d’un catalogue de revendications, mais d’un projet transformateur ici et partout, dans la cohérence de la production et l’échange mondiaux et locaux.

La facilité c’est de répondre à ces couches moyennes en les caressant par le programme ou le candidat. Autre chose est de prévoir l’avenir et d’agir sur les leviers nécessaires à la transformation, c’est-à-dire sortir des programmes de Gotha qui rassemblent sur des ombres ; autre chose, c’est-à-dire créer les conditions d’un renversement de l’alliance en s’appuyant sur le processus concret de production, dans lequel la classe ouvrière de main d’œuvre de production des biens « matériels » et sa transformation vers une abolition progressive de la division de classe du travail, reprendra au niveau national et mondial son hégémonie idéologique et sera le cœur du problème.

L’aspiration à ne plus être dominé reprend de la vie et de l’espoir.

Il ne s’agit pas de renouveler les despotismes de gauche meurtriers du passé ou non dépassés. Il s’agit de remettre au centre de nos préoccupations le travail et l’activité qui répondent aux subsistances de l’humanité, en quantité et en qualité.

Les communistes ne veulent sans doute pas d’une comédie qui renouvelle la tragédie. Il n’y aura pas farce si le programme et l’organisation s’appuient sur le salariat pour réaliser les désirs humains, c’est-à-dire les besoins matériels et moraux dans leur mouvement créatif. La comédie c’est s’appuyer sur des forces dont le processus est un processus du passé sans s’apercevoir que l’apparence des choses nous y a poussé souvent et nous pousse encore à ça.

Pierre Assante, 8 juin 2011

http://pierre.assante.over-blog.com

Illustration : "Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte", Marx

Messages

  • L’effet "idéologie des couches moyenne" n’est pas étranger à la régression théorique du salariat et des modes anti communistes qui s’en suivent y compris dans le mouvement issu aujourd’hui de ce mouvement communiste.

    des noms ...

    Commence car pour le moment nous en sommes à des révoltes de ces couches moyennes mais en aucune façon au dessein d’une alliance du salariat dont elles représentent une forte partie dans les pays « avancés » et même émergents, dans ses diverses composantes, sur un projet transformateur.

    Jusqu’où le capital monopoliste-financier peut-il s’appuyer sur cette forte et savante mais impuissante fraction de la population ? L’ont bien compris ou plutôt induit ceux qui votent pour des transformations réelles, hors du « tout changer pour que rien ne change » ou ceux qui délaissent une expression démocratique apparemment sans effets pour eux.

    La comédie c’est s’appuyer sur des forces dont le processus est un processus du passé sans s’apercevoir que l’apparence des choses nous y a poussé souvent et nous pousse encore à ça.

    Difficile de ressortir pour quoi être notre ami, et toutes les interprétations possibles de ses propos, à part un morceau de phrase que je renouvelle là :

    L’ont bien compris ou plutôt induit ceux qui votent pour des transformations réelles, hors du « tout changer pour que rien ne change » ou ceux qui délaissent une expression démocratique apparemment sans effets pour eux

    donc, ça serait mieux le vote pour des transformations réelles plutôt que de se battre pour tout changer sans voter ou ne pas participer au vote. C’est ce que je crois comprendre de ces propos.

    Puisque je ne ferai pas l’injure à notre ami de parler dans le vide sans rapport au concret des choses, on peut penser de cette phrase qu’il s"agit là d’un soutien au FdG ou au PS (ou EEV), bombardées comme avancées pour des transformations réelles.

    L’état, l’appareil d’état, son périmètre englobant les exécutifs électifs, sont biffés.

    Mais quoi donc de neuf là dedans par rapport à l’effroyable échec de la gauche de 1981 à 2002 ?

    Là ou la solution démocratique pour des transformations du réel s’est empalée sur l’exigence de servir le capital quand celui-ci est à l’offensive ?

    Dépiauter cela c’est rentrer un peu plus dans les processus qui font que des partis représentant l’espérance des travailleurs et de la classe populaire , deviennent globalement des auxiliaires de la bourgeoisie , comme le furent PS, PCF, etc,... à chaque pénétration des exécutifs et législatifs des institutions depuis maintenant 30 ans.

    Il n’y a pas nécessité d’en exhumer une responsabilité de "couches moyennes" dont seule la bourgeoisie en invente le concept pour expliquer ce passage au capitalisme de partis quand ils pénètrent les ors de la république et s’assoient sur ses velours soyeux.

    La question de la compréhension des institutions électives, ce qu’elles représentent comme conquêtes indirectes et de désirs démocratiques de la classe populaire, mais ce qu’elles sont réellement et au concret, dessinent les conditions par lesquelles des détachements politiques de la classe populaire pénètrent dedans, les objectifs à rechercher, la compréhension de ce qu’elles peuvent faire et ne peuvent pas faire.

    La question démocratique dans le cadre des institutions des états tels qu’elles sont, est une des questions centrales pour les partis, organisations, associations, sites de la classe populaire, etc.

    La démocratie n’est toujours pas soluble dans la démocratie bourgeoise, désolé. Comprendre cela c’est analyser et savoir où les forces doivent se dessiner et se construire pour peser politiquement et socialement, obtenir des "transformations réelles" .

    Et comprendre que l’enjeu n’est pas tant de gagner une majorité électorale dans le système tel qu’il est, mais constituer une démocratie populaire (rien à voir avec les pays qui se baptisèrent ainsi) concurrente, organisée et taillée par et pour le contrôle par la classe populaire, au travers de ses batailles (du réel).

    Sans ce centre de gravité (qui s’est exprimé d’ailleurs historiquement à une époque , de façon déformée, par les banlieues rouges, la puissance d’un parti et des organisations de masse et de résistance), l’occupation des casemates de l’état, la pénétration des institutions d’un état taillé pour les Bettencourt, les Sarkos, les Mitterand, Zappatero, les idiots utiles des partis s’alliant avec, n’a strictement aucun sens, sauf d’être un aliment qui pénètre dans l’estomac et les intestins du corps capitaliste.

    La formation à la compréhension de l’exploitation, oui, bien sur, mais allons donc !

    C’est cela qui explique la catastrophe des gouvernements de gauche, des collectivités qui soutiennent le capitalisme ?

    • La raison première de mon article c’est la mise en relation entre notre période et celle du coup d’Etat de 1851. C’est dans le titre de l’article qu’est résumée sa motivation.

      Particulièrement en ce qui concerne la composition sociale de la société et l’influence de cette composition sociale sur les évènements dans ces deux périodes.

      Toujours, sur cette composition sociale, la relation entre les techniques de production et l’évolution de la composition sociale.

      Bien sur, ce n’est pas une comparaison où l’on peut juxtaposer les situations. Par contre dans les deux cas, le rôle du citoyen dans la société de classe est évacué, la classe dominante veut de moins en moins de sa participation à laquelle elle a fait appel pour se développer dans les périodes de conquêtes du pouvoir contre les classes dominantes précédentes. Ensuite dans le premier cas il s’agit d’un marché capitaliste national en constitution, dans le second, d’une informationnalisation mondialisé de la production et des échanges.
      (tout cela dit vite pour résumer)

      Voilà. Merci de cette lecture.

      Pierre Assante