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Contre le stationnement résidentiel payant à Amiens

par CED

Publie le vendredi 1er juillet 2011 par CED - Open-Publishing

Il y a eu un débat assez houleux en commission à propos de cette délibération. Malheureusement nous n’étions que 4 à le mener alors qu’il y a beaucoup de choses à dire. De plus j’y ai entendu des absurdités si énormes que je ne les réfuterais pas ici, ce serait une perte de temps. Je m’attacherais à avancer nos arguments

Avant d’entrer dans le vif du sujet, je vais rappeler certaines règles fondamentales concernant toute assemblée démocratique comme la nôtre.Quand un élu s’exprime en assemblée, ce n’est pas en son nom propre. Nous représentons une fraction du corps électoral. Donc, nous sommes tous à égalité et ma parole vaut autant que n’importe laquelle des élus ici présents.

Je m’exprime donc au nom des citoyens qui nous ont élus mais, sur le sujet plus spécifique du stationnement résidentiel payant, au nom des Amiénois qui ont signé la pétition que nous avons rédigée Fabienne, Helena et moi. Nous avons recueilli 155 signatures en septembre-octobre 2010 dans le quartier sainte Anne et 149 dans le quartier de la rue Riolan et gare-la-vallée. Soit en tout 304 personnes qui ont signé un texte s’opposant à la mise en place du stationnement résidentiel payant. On peut donc dire que nous avons vu autant, voire plus de personnes que vous dans les réunions de concertation que l’exécutif de la mairie a organisées.

panneau de stationnement payant

1) Ce qui est le plus contestable, c’est d’imposer un prélèvement sur l’utilisation d’un espace public dont l’entretien et la gestion relèvent des impôts locaux. Ce prélèvement est loin d’être anodin : 50 € par an pour pouvoir garer sa 1ère voiture, 100 € pour la 2e et 150 pour la 3e, tout cela sans tenir compte des ressources des différents ménages concernés. La mairie fait un travail actuellement d’harmonisation des tarifs pour respecter le plus possible les revenus de chacun et, dans le cas présent, tout le monde paie la même somme. Ce n’est pas du tout de qui est préconisé par les partis de gauche en général pour ce qui est de la fiscalité. De plus, ceux qui peuvent se payer un garage ne seront pas taxés. Donc ils peuvent continuer à avoir une voiture. Ceux qui n’ont pas les moyens de garer la voiture sur leur parcelle seront donc soumis à la taxe ! On punit ceux qui ont le moins de patrimoine !

2) Ce prélèvement supplémentaire arrive au moment où la droite gouvernementale ne cesse d’augmenter les tarifs du gaz et de l’électricité. Elle parle aussi de rigueur et d’austérité. Et notre municipalité de gauche en rajoute dans ce sens. Cela a étonné beaucoup de personnes que nous avons rencontrées. J’appartiens également à un parti, le PCF, qui fait campagne depuis un bon mois contre la vie chère. J’appelle donc mes collègues du groupe communistes et citoyens à soutenir cette campagne en refusant de voter ce nouvel impôt qui ne dit pas nom. Il s’agit d’être cohérent et de lutter contre l’augmentation générale des prix. Et, ici, nous avons le pouvoir de l’empêcher, profitons-en !

3) La solution du stationnement résidentiel payant est une illusion. On fait croire aux riverains qu’en payant, ils auront une place devant chez eux. A saint Anne, on a vendu 900 macarons aux résidents pour 600 places environ. De plus ceux qui ne peuvent ou ne veulent pas payer se garent plus haut dans le quartier. Le problème de stationnement se reporte sur les quartiers voisins. Cela nécessite donc une extension du stationnement résidentiel payant. Selon cette logique, toute la ville peut être concernée à terme !

4) Pour le quartier de la rue Jules Barni, on va supprimer 125 places de stationnement. Ici, en réalité, on crée le problème. Les riverains ne pourront plus garer leur voiture dans la rue Jules Barni (1 H 30 maximum). Après avoir créé le problème, on donne comme solution le stationnement résidentiel payant ! C’est absurde !

5) Qu’envisage-ton pour les salariés des commerces de la rue J. Barni ? Vont-ils devoir payer pour venir travailler ? Vont-ils payer pour apporter leurs outils de travail jusqu’à la boutique où ils exercent leur profession ? D’autre part, plusieurs commerçants m’ont dit qu’ils perdraient des clients faute qu’ils ne puissant pas stationner. Quel est le but ? S’agit-il de faire en sorte que les Amiénois aillent dans les grandes surfaces là où il n’y a pas de problème de stationnement ? La réalité est bien plus complexe que ce que l’on veut bien nous dir dans le JDA. Revenons donc au but de la délibération. Normalement, il ne s’agit pas de remplir les caisses de la mairie mais bien de trouver des solutions pour que les Amiénois aient beaucoup moins de mal à se garer et qu’ils renoncent à utiliser de manière privilégiée leur voiture. Nous sommes d’accord avec cet objectif mais il ne faut pas l’aborder de façon moraliste ! On dirait que du jour au lendemain, les Amiénois devraient abandonner leur voiture. Et ce, dans une société où l’on ne peut pas se passer d’au moins une voiture pour aller faire ses courses ou pour aller au travail ! Dans une société où la publicité nous enjoint d’acheter une voiture pour être libre. Amiens n’est pas une île isolée du reste de la France !

Nous avons d’autres propositions :

1) Déjà il faut respecter l’avis des Amiénois. Il y a ici notre pétition mais il y a aussi vos réunions de concertation dont nous n’avons pas de compte-rendus officiels. Mais certains participants nous ont dit que tout était décidé d’avance et que l’on ne tenait pas compte de leurs objections. Respectons l’avis majoritaire au lieu de passer en force !

2) Nous pouvons trouver une solution sur le stationnement en mettant en place une zone bleue avec un macaron gratuit pour les résidents.

3) Les impôts locaux doivent servir à la régulation du stationnement. Un problème qui concerne un quartier relève de la ville entière et non l’inverse. Ici on veut que tout service soit en autofinancement : si cela coûte 50 000 € de surveiller et de réguler le stationnement du quartier, il faut que les habitants paient ces 50 000 €. C’est une logique marchande qui nie celle des services publics.

4) On doit redynamiser les transports en commun. La gestion du réseau par la CFT est catastrophique. Il faut que notre collectivité gère directement les transports en commun pour les rendre attractifs. Aujourd’hui, Amiens propose une offre en transports en commun bien trop faible pour que l’on puisse se passer d’au moins 1 voiture. On nous parle de Paris, Lyon, Lille. Ce sont de grandes villes qui proposent métro, tramway, bus... Il faut comparer ce qui est comparable.

5) Nous ne nions pas qu’il y ait des problèmes de stationnement : il y a la proximité de la gare et la présence d’entreprises avec beaucoup de salariés (ex : Coriolis).  Nous avons déjà proposé en conseil municipal d’ouvrir des parkings relais à l’entrée de la ville. Nous demandons également à ce que l’on envisage de négocier avec les entreprises afin qu’elles trouvent des endroits où leurs salariés peuvent se garer (utilisation du parking souterrain de gare-la-vallée sous-utilisé aujourd’hui)

Tout cela est contraire à l’esprit du programme de la gauche pour lequel elle a été élue. C’est pourquoi nous votons contre cette délibération.

CONTRE : 3 (les communistes F. Debeauvais, M.-H. Loew et C. Maisse)

ABSTENTIONS : 12 (la droite)

Adopté par les conseillers municipaux de "gauche" dont 6 "communistes"

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