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Le chef militaire des insurgés libyens tué par des rebelles (video)

par Rania El Gamal

Publie le samedi 30 juillet 2011 par Rania El Gamal - Open-Publishing

Les rebelles libyens ont annoncé vendredi soir que le général Abdel Fattah Younès, commandant militaire des forces insurgées, avait été assassiné par des rebelles l’escortant vers Benghazi, où il devait être interrogé.

Ces explications, qui font suite à vingt-quatre heures de confusion sur les circonstances de sa mort, sonnent comme une confirmation des tensions internes au sein de la rébellion en lutte depuis la mi-février contre le régime de Mouammar Kadhafi.

Abdel Fattah Younès, ancien compagnon d’armes du dirigeant libyen, avait fait défection et rejoint l’insurrection. Il avait été rappelé de la ligne de front de Brega, à l’ouest de Benghazi, pour comparaître devant une commission judiciaire chargée d’enquêter sur des questions militaires.

D’après Ali Tarhouni, membre du Conseil national de transition (CNT) installé par les rebelles, un chef de milice avait reçu l’ordre d’aller le chercher. Ce sont les hommes de l’escorte qui auraient abattu le chef militaire. Ils sont en fuite.

L’assassinat d’Abdel Fattah Younès, annoncé jeudi soir par le président du Conseil national de transition, Moustafa Abdeldjeïl, porte un coup sévère à la rébellion au moment où celle-ci lance une nouvelle offensive dans l’ouest du pays.

Sa mort pourrait aussi révéler de profondes divisions au sein de la rébellion alors qu’elle continue d’engranger des soutiens sur le plan diplomatique - la Grande-Bretagne a à son tour reconnu cette semaine le CNT comme le représentant légitime du peuple libyen, s’ajoutant à la trentaine de pays qui avaient déjà franchi le pas.

A Washington, le département d’Etat a estimé que son décès portait un coup à la rébellion mais en a appelé à la solidarité parmi les insurgés. "Ce qui importe, c’est qu’ils travaillent avec diligence et transparence pour assurer l’unité de l’opposition libyenne", a dit le porte-parole du département d’Etat, Mark Toner.

COMBATS DANS L’OUEST

Le corps criblé de balles d’Abdel Fattah Younès est arrivé vendredi dans Benghazi, où son cercueil a été exposé sur la place centrale de la ville, fief de l’insurrection, entouré de proches et de partisans en pleurs.

Un de ses neveux, Abdoul Hakim, a réitéré l’allégeance des siens au mouvement rebelle. "Nous resterons à vos côté jusqu’au bout", a-t-il déclaré en s’adressant au président du CNT, Moustafa Abdeldjeïl.

Le bruit a couru que le chef militaire des rebelles était soupçonné d’avoir mené des discussions secrètes avec le gouvernement de Kadhafi.

L’annonce de sa mort a provoqué des scènes de liesse chez les partisans de Kadhafi à Tripoli, selon des témoins. La capitale libyenne a été secouée par quatre explosions dans la nuit de jeudi à vendredi.

Abdel Younès faisait partie du groupe qui porta Mouammar Kadhafi au pouvoir par un coup de force en 1969. Il avait fait défection pour rejoindre la rébellion en février dernier, devenant le chef des opérations militaires du CNT.

"Beaucoup de membres du CNT ont été des fidèles de Kadhafi pendant très longtemps. Ils appartenaient au premier cercle et ont rejoint le CNT dans un deuxième temps", rappelle Geoff Porter, du cabinet de consultants North Africa Risk.

Sa mort, estime-t-il, "est révélatrice de schismes qui apparaissent ces derniers mois au sein du CNT (...) On pourrait assister aux exemples les plus extrêmes de ces divisions entre les anciens membres du régime et les pionniers de la rébellion".

Certains insurgés n’ont jamais accepté de voir leur armée dirigée par un ancien proche de Kadhafi.

Abdel Younès a été tué alors que les rebelles du djebel Nefoussa (ouest) ont lancé jeudi une nouvelle offensive contre les troupes loyales au colonel Kadhafi.

La guérilla dit s’être emparée de plusieurs villages, dont Ghezaïa, près de la frontière tunisienne, mais n’ont toujours pas réalisé de percée décisive et les deux camps semblent se préparer à voir perdurer la guerre civile pendant le ramadan, qui intervient cette année au mois d’août.

A Tripoli, le gouvernement libyen a affirmé que les forces fidèles au colonel Kadhafi avaient tué depuis mercredi au moins 190 insurgés dans ces combats dans l’Ouest.

Le porte-parole du gouvernement, Moussa Ibrahim, a également attribué à Al Qaïda l’assassinat de Younès.

Avec Missy Ryan à Tripoli ; Jean-Stéphane Brosse, Tangi Salaün, Jean-Loup Fiévet et Henri-Pierre André pour le service français

http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/monde/20110730.REU6759/le-chef-militaire-des-insurges-libyens-tue-par-des-rebelles.html