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Chute du Kommado Rhino et terreur répressive sur les espaces autogérés

Publie le vendredi 5 août 2011 par Open-Publishing
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Alors que les drapeaux rouge et noir claquent mollement sous le soleil
d’été au-dessus de la citadelle fortifiée du Kommando, nom en fait d’un
WagenBurg pirate sur un terrain vague où vivent en collectivité
autogérée environ 35 personnes, la "Zone Rhino" concerne en réalité
tout une partie du quartier Vauban dont un paté de maison de 4 grands
bátiments au départ squattés puis rachetés collectivement où vivent
plus de 200 personnes en famille. Une telle implantation anarchiste
dans un quartier semi-populaire développe et consolide la culture
populaire et ce qui est une véritable culture de combat qui témoigne
d’une certaine pratique collective et d’une histoire de lutte locale
très ancrée.
Sans compter dans le quartier Vauban une forte solidarité populaire de
lutte, d’où de nombreux drapeaux et banderoles pirates ou
antinucléaires aux fenétres et balcons, ainsi, vu la situation, que de
nombreuses banderoles de soutien au Kommando.

Sur le large páté des 4 grands bátiments, quartier communiste
libertaire, autonome, qui vit par l’autogestion et la collectivité, la
lutte et la solidarité, bulle d’air pur et d’humanité enfin retrouvée
d’une vie à laquelle on aspire et qui crève l’homogénéité sans relief
du non-monde mortifère capitaliste. Mini Exarchia athénien, dans chacune
des superbes bátisses aménagés et pleines de verdures, de
terrasses-toits, mais aussi et surtout entre les bátiments où sont
frabriquées de nombreuses et infinies structures collectives, une vie
autogestionnaire et autonome voit des enfants grandir librement et sans
le poids de l’isolement de la machine capitaliste et de la société
totalitaire-marchande. C’est en ce sens davantage qu’un quartier rouge
à l’italienne, mais bien au sens d’un quartier de vie autonome
libertaire "à la grecque", enclave de liberté où toutes les séparations
totalitaires-marchandes ont été dissoutes. De la vie, de l’amour, de la
solidarité, de la détermination où naissent et grandissent nos enfants,
qui développent créativité et autonomie solidaire. C’est autour de tout
cela
que s’organise la défense du Kommado Rhino.

Dès le 30 juillet, le Kommando Rhino s’est retranché derrière ses
barricades et palissades de défense, devenu véritable citadelle
fortifiée devant l’imminence de l’assaut policier à compter du 1er aout
à l’aube.

Les préparations d’autodéfense sont conséquentes au vu de la menace :
une chaîne d’alerte sms non nominative a été créée où sont affiliés 300
personnes, un action camp pour les différents points de blocage du
quartier, des Bike Radio Team pour veiller sur les mouvements de
troupes policières, Batucada, Medical Team, Legal Team, Info Point,
plusieurs RDV au KTS et GartenStraBe.19 suite à l’expulsion pour manifs
et actions en ville, etc.

A la fin de la nuit du 1er aout, des groupes autonomes érigent deux
petites barricades, à la fois pour prévenir l’arrivée des flics, et
pour un Reclaim The Street permanent avec cuisine
populaire, InfoPoint, Medical et Legal Team, projections cinéma dans la
rue, musique, etc.

Le lundi 1er aout à 11h, les flics menacent d’intervenir à 13h si les
barricades ne sont pas dégagées.

12h45 : une douzaine de cars de CRS arrivent, avec des camions de
chantier et de propreté de la ville. Ils s’en prennent aux barricades,
font le tour et nous prennent à revers dans la rue. On laisse faire :
"prenez les barricades on reste ici" est scandé. Nous remarquons
cependant que ce ne sont que des flics de ville à qui on a mis des
tenues anti-émeute, et n’ont pas l’air rassuré, âgés, bedonnants, on
pourrait très bien les repousser avec le nombre qu’on est. Mais il n’en
sera rien. Quand à une centaine ils se déploient sur plusieurs lignes
avec boucliers, on leur met Mozart et des camarades dansent autour
d’eux et les narguent. Face à face pendant 1h30, ils nous testent, on
se teste, sur nos propres forces. L’alarme n’a pas été déclenchée. Et
les flics ont pu constater l’absence de résistance directe.

Après 2h pour détruire les barricades et emporter les éléments qui ont
permis à les constituer, les flics quittent le secteur. 1/2h après à
peine, trois néo-nazis sont repérés à prendre des photos du Rhino. Ils
seront rapidement pris à partie par les nôtres et après qques coups,
ils sont coursés. Leurs visages seront publiés, imprimés et distribués.

photos des barricades du 1er aout et de l’intervention policière :
http://www.flickr.com/photos/agfreiburg/sets/72157627332831530/
et http://linksunten.indymedia.org/de/node/44406

Et c’est l’attente, la veille, vigilante et joyeuse, imprégnée dans la
vie collective.

2 aout, 12h : on sait que des mouvements massifs de troupe anti-émeutes
sont signalées arrivant de Lahr. Tout semble indiquer la grande attaque
pour cette nuit. Trois zones d’action préparées dont le "Riot Point" et
les points de blocage. Les banderoles de solidarité aux fenêtres et
balcons dans le quartier se multiplient.

Nuit du 2 au 3 aout : 1h15 du matin- les "petites" barricades autour du
Rhino, plus conséquentes cette fois-ci, sont de nouveau érigées. 1h34-
les flics bloquent une avenue au nord de la ville. Ni attaque ni alarme
encore. 2h15- grosses barricades enflammées, deux sur la grande avenue
et trois autres autour du quartier. Les groupes d’autodéfense et
d’action se mettent en branle, tous les points de blocage sont investis
 : crèves-pneus, barricades enflammées, câbles et poteaux. Tactique de
la terre brûlée : ça flambe un peu partout dans le quartier, plusieurs
grues Caterpillar brûlent sur deux chantiers. 3h- les chaînes de la TV
nationale arrivent. Plusieurs dizaines de gens du quartier viennent et
descendent de chez eux, viennent nous parler, nous soutenir, ou par
curiosité badaude, une vingtaine de jeunes du quartier sont
enthousiasmés. Les flics du comico central plus loin sont assez tendus,
appellent des renforts. Des patrouilles de camarades autonomes,
cagoulés, préviennent des mouvements de flics. 4h45- AG d’action sur
la grosse avenue : ceux qui veulent résister physiquement et
frontalement se retrouvent sur les premières grosses barricades
enflammées, les "pacifistes" restent autour du Rhino. Des pétards et
feux d’artifice sont claqués devant les barricades. 5h-on sait que les
flics attaquent en force dans le quart d’heure. Alarme déclenchée,
attente des renforts. Sommes environ 200 alors.

5h15 du matin : l’assaut. Plusieurs centaines de flics, jusqu’à 600
surgissent du bout de l’avenue, chars anti-barricades et bulldozer à
l’avant, appuyés par les troupes noires et cagoulées des forces
spéciales BFE. Ledit "Riot Point" et les premières barricades
enflammées tombent sans résistance, faute d’effectifs. D’autres flics
arrivent pour quadriller et sécuriser le quartier, ils sont plus de
1200 en tout. Ce qui représente la plus grosse opération policière sur
Freiburg par rapport aux espaces autogérés. Les barricades sont
détruites et enfoncées par les chars et bulldozers en moins de dix
minutes. En 1/2h ils contrôlent la situation, encerclent le Rhino, se
positionnent de façon à nous cerner et empêcher tout mouvement. Mais
les camarades sont arrivés en renforts, sommes environ 400, mais
n’avons toujours pas le rapport de force pour résister physiquement.
7h- les BFE et CRS défoncent les petites barricades autour du Rhino,
chargent à trois reprises sur la masse pacifiste. Plusieurs
arrestations musclées (5 au total). 7h30- ils installent des grilles
anti-émeutes tout autour du Rhino, bloquent et filtrent l’avenue par
des check-point. Grues et camions de chantier arrivent.

8h : destruction de la dernière barricade et attaque sur le Kommando
Rhino dont la palissade est enfoncée par les bulldozers de la police.
Impuissance. Ils continuent de se déployer et quadriller la zone.
Tensions. C’est dur à voir. 8h15- d’autres renforts de CRS arrivent en
force. Tout le quartier est occupé militairement par les flics.
Beaucoup de gens solidaires du quartier sont présents. 8h30- des
actions ont déjà lieu en ville, avec qques feux, pétards et vitrines
brisées. Au Rhino, c’est la détresse et l’impuissance face à la
destruction d’un lieu de vie. Les caravanes sont détruites et emportées
sur des camions, les ouvriers collabos sont protégés par les flics.
Beaucoup ont les larmes aux yeux.

Toute la journée s’opère la destruction systématique et brutale du lieu
de vie autonome Kommando Rhino.
Il n’en restera qu’un odieux terrain vague grillagé gardé par une
centaine de CRS en faction. Il ne reste plus rien. Beaucoup de
camarades en larmes.

photos de la destruction du Kommando Rhino :
http://www.badische-zeitung.de/fotos-rhino-kommando-ist-nicht-mehr

vidéo des barricades enflammées et de l’assaut policier, puis de la
destruction du Rhino :
http://www.cinerebelde.org/kommando-rhino-bleibt-p-115.html?language=de

sur cette page, on voit une vidéo en accéléré de la destruction
physique et matérielle du Kommando Rhino. A présent, le néant. :
http://www.badische-zeitung.de/freiburg/diskussionen-um-die-rhino-raeumung-dauern-an

Une manif x+2 était prévue, confirmée à l’AG Rhino à 18h dans la zone
autogérée et libertaire du quartier Vauban. Beaucoup d’actions avortées
étant donné le nombre de flics en ville. Une véritable ambiance
sécuritaire de sommet s’implante : dans toute la ville, check-point de
la police, fouilles et contrôles au look, arrestations préventives.
C’est le début de la Terreur d’Etat et de la chasse aux anars.

3 aout, 22h : annonce que le quartier Vauban est entièrement encerclé
et occupé par des centaines de flics. Barrages et contrôles au centre
avec nombreux barrages policiers. Ils anticipent préventivement une
manif nocturne et des actions. Minuit, alerte au KTS qui subit un
violent raid d’une centaine de forces spéciales BFE. Toute la nuit,
veille sur deux barricades érigées directement autour du KTS.

4 aout : grande tension dûe à la terreur sécuritaire et policière. Le
collectif Rhino, qui engage une perspective politique d’apaisement,
annule la manifestation x+2 à 18h, par crainte de blessés graves et
d’une répression dure. Les radicaux considèrent cela, à raison, comme
une erreur stratégique et politique : c’est là donner raison à la
répression qui intensifie sa dynamique de terreur. Le GartenStraBe.19
est officiellement menacé d’expulsion, juste le lendemain de la Razzia
nocturne au KTS.

5 aout, milieu de la nuit : une centaine de flics BFE et CRS font un
raid au GartenStraBe.19 et arrêtent plusieurs camarades. La terreur
d’Etat s’accentue.

Le Kommando Rhino était une extension du SchattenParker (WagenPlatz
autonome libertaire) et le GartenStraBe.19 est une extension du KTS,
d’où un contexte de répression politique globale et ciblée sur les
espaces autonomes et les anarchistes pour briser la dynamique de lutte
locale, qui s’inscrit dans la répression globale anti-squat dans toute
l’Europe.

Des grues et engins de chantier ont brûlé. Des barricades ont été
érigées, certaines enflammées. Nous n’avions pas le rapport de force
pour résister directement à la police, mais si nous l’avions il est
clair que cela aurait été le cas et nous le revendiquons. La presse
bourgeoise locale nous calomnie de mensonges, de pseudos attaques au
Molotov sur les pompiers et la police : nous n’avons pas eu cette
initiative là, mais cela aurait pu l’être.

De quelle violence parle-t-on ? L’Etat est violent, la police est
violente, et ont opté par choix politique de la destruction planifiée
du Kommando Rhino pour construire à la place à un hôtel haut de gamme
et un centre commercial. Ils détruisent nos lieux de vie, nous
détruiront les rouages de leur monde odieux. Ils détruisent nos maisons
et nos familles, nous arrêtent, nous matraquent, au nom de la logique
prédatrice capitaliste. Face à cela, nous avons érigé et nous érigerons
encore des barricades, que nous défendrons, et desquelles nous
reprendrons l’offensive.

Partout, de Notre-Dame-Des-Landes et des Tanneries en France à Val di
Susa en Italie, des squats d’Amsterdam à ceux de Bienne et Berne en
Suisse, du Rhino à Freiburg au L.14 de Berlin, partout ils appliquent
une répression politique et policière impitoyable face à tous les lieux
de lutte et de résistance. A cela, nous répondrons par une riposte
radicale et solidaire, coordonnée et offensive. Ils brisent nos vies,
détruisons ce qui nous détruit.

Au nom du capital et du pouvoir, ils détruisent nos lieux de vie et ce
qui nous fait vivre, nous imposent leur loi qui domine et détruit la
planète, face à cela et au nom du vivant résistance directe et
solidaire. Pour chaque lieu de vie autonome et autogéré détruit, nous
en construirons dix autres sur les ruines de leurs banques !

Pour une vie et un monde sans chef ni frontière, où chacun est son
propre maitre en harmonie collective des désirs individuels et avec
l’environnement immédiat.

La guerre sociale continue-

liens :

http://www.badische-zeitung.de/freiburg/rhino-raeumung-nach-naechtlicher-eskalation--48161349.html?tsUser=Ts

http://www.tv-suedbaden.de/default.aspx?ID=2107&showNews=1002833

http://www.badische-zeitung.de/freiburg/vermummte-errichten-brennende-barrikaden--48160146.html

http://www.badische-zeitung.de/videos/p1873859606/l1704094706/t1091933926001/Lokales/Kommando_Rhino_Die_Raeumung_im_Zeitraffer

(vidéo)

http://www.cinerebelde.org/kommando-rhino-bleibt-p-115.html?language=de
(vidéo)


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