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Prix Nobel de la paix : ne plus couper en quatre les cheveux des femmes...

par Antoine (Montpellier)

Publie le samedi 8 octobre 2011 par Antoine (Montpellier) - Open-Publishing
12 commentaires

Lu dans Libération aujourd’hui :

La présidente libérienne Ellen Johnson Sirleaf et la militante Leymah Gbowee, ainsi que la Yéménite Tawakkol Karman, ont été récompensées pour leur lutte non violente en faveur de la sécurité des femmes.

Le titre du quotidien met en exergue le sens de la nobélisation des trois femmes : « Un Nobel pour les femmes en général »

Et pourtant, pourtant... ces trois femmes défendant les femmes "en général" cachent, si l’on en croit les photos illustrant l’article (voir ci-dessous), leurs cheveux ! Au regard (!) des stigmatisations développées en France, y compris dans certains rangs de la gauche, du voile comme un signe absolu d’asservissement, d’avilissement, de soumission des femmes au patriarcat, éclaboussant toutes les femmes, comment devons-nous interpréter la façon d’être, d’apparaître, de ces femmes reconnues si solennellement luttant pour les femmes "en général" ? Promouvant même, pour l’une d’elle, une "grève du sexe" ! Quel sens donnent ces femmes à l’occultation de leurs cheveux ? Cette question mérite-t-elle qu’on la pose, qu’on la leur pose ? Le fait qu’elles soient étrangères change-t-il quelque chose à l’affaire que l’on traite en termes d’universalité des droits des femmes dans l’instant même où parfois, souvent, on restreint les droits des femmes "voilées". N’est-ce pas Madame Badinter (1) ?

Ne serait-ce pas que les choses en la matière ne sont ni univoques ni essentialisables ou qu’elles le deviennent par une instrumentalisation politicienne des femmes semant les divisions et les haines qui pérennisent un système d’oppression et d’exploitation des femmes, des hommes. En général...Le mieux (terme volontairement faible et vague) ne serait-il pas que l’on cesse de procéder par injonctions faites aux femmes à s’expliquer, à se ... libérer, pour que déjà tout simplement (terme également de basse intensité) elles cessent d’être dites par d’autres qu’elles ? Pour qu’elles puissent être ce qu’elles disent être et ce qu’elles veulent être ! Pour qu’à partir de là, sans plus aucun voile idéologique et dans l’égalité enfin reconnue entre interlocuteurs, le débat politique puisse enfin (bis) se mettre en place...

(1) E Badinter, J Baubérot et le retour de la question laïque par temps de forcing islamophobe et "féministe" du lepénisme

Messages

    • parmi les femmes militantes impliquées dans les révoltes arabes invitées à lyon la semaine dernière ’sur les 40 une seule portant foulard et une pensée donc presque unanyme de celles qui sont en luttes contre les tyrannies politiques et les tyrannies faites à leur genre : comment peut on appartenir à un groupe(politico/syndicalo) religieux qui nie la femme et qui ne l’ inscrit sur des listes électorales que dans un but populiste... ce n’est pas parce qu’elle sont femmes , ce n’est pas parce qu’elles sont prix nobel...les femmes le disaient "dans les luttes, les hommes nous acceptent en égales c’est quand il faut partager les acquis qu’ils nous ignorent ou se méfient"...alors porter un voile dans des pays ou des femmes meurent pour n’en pas porter c’est faire un choix de symbole politique, c’est aussi choisir le parti des hommes qui ne s’imposent aucun masque et disposent eux de leur totale liberté physique...à quoi bon lutter contre ce qui t’opprime à l’extérieur si tu ne luttes pas contre ceux/ce qui t’opprime à l’intérieur au sens le plus intérieur possible....Moâ

    • pensée donc presque unanime de celles qui sont en luttes contre les tyrannies politiques

      Votre unanimité se résume en fait à 39 femmes invitées à Lyon on ne sait par qui !!!

      Ne pensez vous pas qu’avant de tirer des conclusions péremptoires il faudrait d’abord envisager la réalité, même si elle ne vous plaît pas, d’une manière un peu moins sommaire ?

    • Juger par un point d"arrivée est puéril.

      Comme si on disait que Simone de Beauvoir était une réac parce qu’elle portait une "coiffure"...

      Vous êtes vraiment délirants.

      Des femmes dans deux régions du monde, la péninsule arabique et l’Afrique noire sont "récompensées" par un nobel.

      On peut discuter des tas de choses mais de leurs vêtements il faut quand même être vraiment suffisant dans l’histoire. Cette paranoïa portant sur les vêtements au point de faire disparaitre les personnes qui sont derrière est assez facho.

      Comme si on n’avait pas cessé d’attaquer les personnes au cours du temps par la façon dont ils étaient vêtus et non par leurs actes.

      Cette vision épurée de la politique et des processus d’émancipation en partant par leur fin rejoint le discours facho du moment qui lui repousse l’exogène.

      Prenons le cas complexe de la Yémenite Tawakkol Karman, elle est une des principales dirigeantes du principal parti islamiste (oui islamiste) yéménite.

      Son animation de la bataille pour les libertés au Yemen, notamment par l’association de Femmes journalistes sans chaînes (dont le titre fleure bien le souffle libérateur qui l’inspire lui a valu d’être arrêtée plusieurs fois dans le regime oppresseur yéménite.

      Ses deux arrestations de l’année ont été pour beaucoup dans les soulèvements à répétition du peuple yéménite.

      Dirigeante d’un parti islamiste dans une société profondément marquée par l’oppression et l’exploitation de la femme, amenant des dizaines de milliers d’hommes et de femmes à manifester derrière des portraits géants de cette femme, il y a là ce qui est un paradoxe pour les ethnocentristes, et ce qui ressort de poussées et tentatives de libérations de peuples par eux mêmes , de ce qui ressort du constat de puissantes évolutions dans le monde dit "arabo-musulman" .

      Je conçois tout à fait que cela affole les boussoles de ceux qui ont oublié les chemins qui les ont amené où ils sont et qu’ils imaginent être instruments de mesure terminaux de toutes fins au point de juger des femmes opprimées, en combat pour leur libération parce qu’elles portent des fichus sur leurs têtes comme les femmes françaises des années 50 et 60, comme Simone de Beauvoir, etc.

      Ce que nous appelions en Janvier, "Sanaa, Yemen, l’affolement des boussoles".

      Personne ne connait les trajectoires de ces mouvements en cours, ce qu’au final ils deviendront, mais ils font partie du souffle profond des peuples en recherche de leurs libertés, et quand ceux-ci défilent derrière des femmes, que celles-ci se retrouvent à la tête des processus, il y a là comme une avancée certaine à la libération vis à vis du Shah d’Iran qui se fit au final derrière la sainte barbe de Khomeiny.

      L’époque a changé, et ce n’est pas d’être pour ou contre un fichu, tout autant que d’être pour ou contre le string, la jupe, le pantalon, le marcel, au nom de ce que l’on souhaite imposer aux autres.

      Là ce sont des militantes qui essayent d’écarter les mâchoires d’acier de dictatures machistes, corrompues, elles le font en partant de ce qu’elles sont, pas d’un point de vue théorique partant d’un moment des processus de libération de la femme en France (qui d’ailleurs n’ont jamais été fait contre le port du fichu ou d’une coiffure, même si ce sont des questions à traiter mais qui ne ressortent pas d’une haine obsessionnelle comme on le voit dans une partie de la gauche et la totalité de la droite et l’extrème droite).

      Il y a quelques dizaines d’années jamais on n’aurait attaqué les vêtements de Gandhi, ni les fichus d’Indira Gandhi , mais leurs actes et leurs politiques.

      la question des emprisonnements des corps sont des questions utiles mais jamais ces questions n’ont été conçues pour s’attaquer aux personnes qui portent des vêtements en relation avec ces emprisonnements (c’est à dire tout le monde plus ou moins).

      Les combats pour les libérations des corps qui ne s’enferment pas seulement par rapport à des questions cultuelles, sont importants mais là où les racistes et les xénophobes s’attaquent aux personnes , les "progressistes" défendent ceux qui se battent pour se libérer des oppressions et des exploitations, tels qu’ils sont et non tels qu’on estime être l’ordre juste des choses de l’instant présent.

      En Iran, des femmes se battent pour se libérer de la contrainte et de vêtements imposés, cette bataille sourde et de plus en plus permanente doit être soutenue, mais elle n’est pas conçue pour attaquer des femmes qui mènent des combats libérateurs, y compris pour les femmes, en portant ces vêtements culturels, que ce soit en Iran ou au Yemen.

      "Notre" société européenne dans ses processus de libération est très très loin arrivée au bout de ses combats sur la question de la relation au corps, les oppressions tournant autour du corps et il parait abusif de prendre un moment T pour juger le reste du monde, surtout quand ce reste du monde se bouge le cul pour se libérer d’oppressions dans des combats terribles.

      Soutenir ces combats tels qu’ils sont et les courageuses combattantes de la libération n’est pas faire propagande pour s’habiller pareil, ni réclamer que les hommes surveillent et enferment les femmes .

      Ces mouvements par leurs dynamiques sont libérateurs.

      En Afrique "noire" de nombreux combats sont menés par les femmes contre le viol, avec de puissantes manifestations comme en RDC à Bukavu, et il n’y aura pas lieu là d’avoir l’outrecuidance de grossir l’image pour s’accrocher obsessionnellement à celles qui portent là des voiles.

      Comme quoi, en fichu ou en tenues "sexy" ou autres la bataille contre les oppressions anti-femmesn’a pas pour objet de s’attaquer aux femmes en lutte.

      Et personne ne résume ces combats au port du fichu.

      Dans le texte proposé là il s’agit justement de montrer que cet instrument de mesure est délirant et en apprend bien plus sur ceux qui portent une attention obsessionnelle sur le sujet que sur les combats de celles-ci.

      Les combats pour la libération des corps sont très importants mais ils ne se résument par à une position centrale sur le fichu (ou le string).

      Il y a de cela 20 ans, jamais l’attention n’aurait été obsessionnellement dirigée vers un aspect mineur des vêtements des personnes luttant pour leurs libérations .

    • Ces femmes nobélisées - quoi que l’on pense par ailleurs et de leur orientation politique (je ne me reconnais pas dans les choix économiques de la présidente libérienne) et du prix Nobel - montrent seulement qu’on peut voiler ses cheveux et mener un combat politique d’émancipation des femmes qui va, par ailleurs, bien au-delà (mettre fin à la guerre civile au Libéria).

      Ces femmes contredisent les simplismes très en vogue en France, voire en Europe, sur le voile comme signe "total-totalitaire", par essence, d’infériorisation des femmes. Elles déconstruisent en acte en particulier l’argument spécieux qui voudrait que le port du voile soit une trahison des femmes par d’autres femmes : au coeur même des régions où se produit en effet souvent l’imposition de ce signe vestimentaire, on remarque que des femmes assument celui-ci tout en menant un combat pour le droit des femmes. A moins que l’on retienne que ce combat s’en trouve invalidé !

      Il ne s’agit pas bien sûr de tomber dans le simplisme inverse qui ferait du voile LA preuve qu’il émancipe (!) : constatons seulement qu’une femme voilée est une femme comme les autres et qu’elle est apte à trouver sa place dans les luttes, y compris de libération des femmes. Jusqu’à se distinguer dans ce combat et mériter de recevoir le prix Nobel de la paix. On devrait rougir de honte d’avoir à énoncer de telles évidences...

      L’évènement du prix Nobel de la paix cette année devrait aider à mettre en crise les raisonnements manichéens et réducteurs qui tournent pernicieusement en boucle le refrain de la libération des femmes contre des femmes ; refrain où ce sont la liberté et les droits des femmes qui passent à la trappe favorisant ainsi le développement d’une islamophobie hypnotique...tirée par les cheveux...des femmes !

    • Précision :

      Je n’ignore pas que la présidente libérienne, comme Leymah Roberta Gbowee, sont chrétiennes, l’une méthodiste et l’autre luthérienne. Il n’empêche qu’elles se "voilent" et reproduiraient par là, sur le mode chrétien, ce que l’on reproche aux voilées musulmanes : la honte de leur corps et la soumission au diktat patriarcal. Mais on peut recourir à l’idée qu’elles ne font que suivre LA mode ! Laquelle mode est bien évidemment vierge de toute aliénation à l’homme...

      On remarquera à ce propos que les chrétiennes qui se voilent bénéficient beaucoup de la compréhension que l’on dénie quasiment par réflexe aux musulmanes voilées ou simplement "enfoulardées".

      Ce que l’octroi du prix Nobel à ces femmes met en évidence c’est que ce qui fait problème, pour certains laïques, c’est bien la musulmane voilée dont, on l’a déjà dit, la musulmanité est pourtant multiforme et à degré divers. Ce rapport biaisé a évidemment trait à l’islamophobie, que certains nient, c’est-à-dire une exacerbation de la peur du musulman comme un être à part, anormal, menaçant...

    • Parce que Antoine avec sa rhétorique du curé désincarné et mielleux, multipliant les sophismes douteux et les mensonges pas omissions , usant de concepts fumeux et dangereux, commence à me saouler un peu, je m"autorise encore une fois un lien pertinent :

      http://www.lutte-ouvriere.org/documents/archives/la-revue-lutte-de-classe/serie-actuelle-1993/article/communisme-religions-et

      Je ne suis même pas trotskiste,fondamentalement, mais sur cette question leur travail est excellent. rigoureux,clair ce qui ne le prive pas d’être justement nuancé mais nuancé du point de vue du prolétariat, toujours.

    • "sophismes douteux et mensonges par omission", "concepts fumeux et dangereux", diable, diable, laïquement parlant...cela ressemble à une exécution en règle "du curé désincarné et mielleux". Et si tu te donnais la peine de poser ton flingue et d’user de ton intelligence sans te réfugier derrière LO ? Je sais, ce n’est pas évident quand on s’est habitué à fonctionner à...l’excommunication. Ciel... la laïcité fout le camp !

      La position de LO dans l’affaire est une des plus éclatantes démonstrations de ce que le gauchisme le plus exalté ouvre comme portes et fenêtres à l’oppression qu’il prétend combattre. C’est peut-être (surtout quand on n’est pas soi-même ciblé-agressé) rassurant, comme toute orthodoxie autoproclamée, mais c’est un superbe passage à côté de la plaque politique. Qui ne contribue nullement, c’est le moins qu’on puisse dire, à peser sur la défense des femmes voilées qui se voient stigmatisées au quotidien. Drôle d’insertion dans la lutte des exploité-é-s.

    • Parce que Antoine avec sa rhétorique du curé désincarné et mielleux, multipliant les sophismes douteux et les mensonges pas omissions , usant de concepts fumeux et dangereux, commence à me saouler un peu, je m"autorise encore une fois un lien pertinent : http://www.lutte-ouvriere.org/docum... Je ne suis même pas trotskiste,fondamentalement, mais sur cette question leur travail est excellent. rigoureux,clair ce qui ne le prive pas d’être justement nuancé mais nuancé du point de vue du prolétariat, (...)

      Rien à carrer des haines, on ne juge pas quelqu’un sur son physique ni au chapeau qu’il met sur la tête.

      Mais sur ses actes.

      La question du trotskysme n’a rien à voir là dedans.

      Tu vois que je n’étais pas malhonnête.

      C’est que dés qu’on gratte un peu, le bon xénophobe ressort de sa trappe en niant les personnes parce qu’il n’en voit qu’un fichu et sas fantasmes dessus.

      L’habit ne fait pas le moine.
      La casaque ne fait pas le cosaque
      et le fichu ne fait pas l’intégriste musulmane qui vient hanter les xénophobes la nuit.

      Le fait que notre ami cite un article de LO qui parle d’un côté de la politique du régime qui cherche à susciter le racisme, la xénophobie contre une partie du prolétariat et de l’autre faut un discours sur l’intégrisme, un article douteux mettant sur le même plan une bataille stratégique de la bourgeoisie et de l’autre 3 islamistes intégristes date d’une époque où LO a dérivé sur ces questions.

      Citer cet article où LO était border line (il y a eu bien pire dans d’autres partis) n’est pas fameux et parler de trotskysme là dessus on s’en fout.

      Il est finalement très utile qu’Antoine est mis ce texte car on s’aperçoit que la bête n’est pas morte dans la gauche elle-même.

      Antoine a parfaitement eu raison de souligner que ces 3 femmes ont un fichu et que ce n’est pas ça qui est important mais leurs actes et leurs politiques, et là il y a à discuter.

      On pouvait s’attendre à une critique de la Libérienne, pour ses positions et actes politiques. De la Yéménite..

      On pouvait discuter du caractère douteux du système des prix Nobel

      Non, c’est toujours bien le chapeau qui gratte.

      Cette question tombe à point nommé car c’est un des thèmes qui seront au centre des offensives de ces prochains mois par les diviseurs, les fachos et la droite : la xenophobie, l’islamophobie, les fantasmes sécuritaires, etc

  • Chauve qui peut !

    Quand est e que les faux derches islamophobes qui se cabrent quand on les dénoncent..se décideront ils à mettre les..voiles ?

    A.C

  • Avec ou sans la présidente du Libéria est une grosse réac néo-libérale, le reste on s’en bat les cheveux ," remember" Carlos Sankara dont le discours était autrement libérateur pour l’Afrique en général, autrement je me permet de le rappeler Notre Corps est à NOUS marie.lina