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Les Roms privés du droit de survivre

par Quentin

Publie le samedi 8 octobre 2011 par Quentin - Open-Publishing
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Le ministre Claude Guéant vient de s’illustrer une fois de plus en braquant les projecteurs médiatiques sur la « délinquance roumaine ». Il ne spécifie pas « délinquance rom » car le propos serait discriminatoire. Mais la population aura rectifié d’elle-même. Cette campagne de dénonciation va à coup sûr encore enfler avec l’entrée des candidats UMP et FN dans le vif de la présidentielle.

Cette stigmatisation est d’autant plus insupportable que diverses dispositions législatives et réglementaires récentes organisent délibérément l’asphyxie économique des Roms.

Rappelons que les immigrés roumains et bulgares, bien que membres de pays appartenant à l’Union européenne, doivent posséder un titre de séjour s’il souhaite exercer une activité professionnelle, salariée ou non salariée, en France. Le travailleur salarié doit en plus obtenir l’autorisation de travailler.
Ces barrières conduisent les Roms à exercer des activités périphériques pour assurer leur survie quotidienne.

Ce sont ces activités – mendicité, biffe, récupération de métaux… – que le gouvernement a décidé de limiter sévèrement, voire d’interdire.
Avant la loi Loppsi 2, élaborée par Alliot-Marie et Hortefeux, « la vente à la sauvette » ne relevait que d’une contravention de 4e catégorie. Grâce à nos deux grands humanistes, cette activité est désormais un délit avec à la clef une peine de prison de six mois et de 3750 €. Les forces de l’ordre sont ainsi stimulées et dispersent avec zèle les étals de fortune où Roms (et autres) proposent guenilles et objets de récupération en échange de quelques euros. Un harcèlement qui rend quasi impossible ce commerce informel.

Pour en finir avec cette économie de la misère que l’UMP et le FN ne sauraient supporter, la police recourt également à une disposition particulièrement vicieuse. Depuis la « loi pour la sécurité intérieure », œuvre du Nicolas Sarkozy ministre de l’Intérieur, le Code pénal considère comme un délit de privation de soins « le fait de maintenir un enfant de moins de six ans sur la voie publique ou dans un espace affecté au transport collectif de voyageurs, dans le but de solliciter la générosité des passants ». C’est à ce titre que des mamans roms ont été interpellées en flagrant délit de mendicité et que leurs enfants leur ont été retirés pendant plusieurs jours. Sans qu’elles aient été informées du lieu où ces enfants avaient été conduits ! Pourtant, la jurisprudence a refusé d’établir un lien automatique entre mendicité et maltraitance. La vérité, c’est que les mamans gitanes éprouvent les plus grandes difficultés à faire garder leurs nourrissons et que l’allaitement est la façon la plus économique de les nourrir. En tout cas, voilà qui devrait dissuader ces pauvresses de récidiver. Cette stupéfiante affaire a bien sûr fait le tour des campements avec le résultat recherché par les autorités : l’effroi…

Enfin, la loi n° 2011-900 du 29 juillet 2011 – art 51, stipule que « toute transaction relative à l’achat au détail de métaux ferreux et non ferreux est effectuée par chèque barré, virement bancaire ou postal ou par carte de paiement ». Bien sûr, très peu de gens de la communauté rom disposent de ces moyens de paiement…

Tout est donc mis en œuvre pour priver les Roms de leurs maigres ressources et pour les inciter à rentrer dans leur pays. Pays où, la crise capitaliste aidant, le racisme dont ils sont l’objet franchit des sommets inimaginables, à l’égal de leur paupérisation.

La solidarité des anticapitalistes doit trouver à s’exprimer sur ce terrain aussi. Certes, cette démarche n’est peut-être pas profitable électoralement. C’est sans doute la raison qui conduit bien des élus PS et certains élus Front de Gauche (Tremblay, Montreuil…) à adopter des comportements antiroms inadmissibles.

Mais le combat antiraciste est indivisible. Céder à la campagne anti-rom, c’est laisser s’installer la gangrène raciste qui divise et exonère les possédants de leurs responsabilités dans la misère grandissante.

Quentin NPA Montreuil

Article paru dans l’hebdo du NPA

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