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DOSSIER ALTERCROISSANCE / PRÉAMBULE

Publie le lundi 31 janvier 2005 par Open-Publishing
13 commentaires

de Matt Lechien

 Préambule
 Introduction
 Chapitre 1
 Chapitre 2
 Chapitre 3
 Chapitre 4
 Chapitre 5
 Version finale 1.2

Avant d’aller plus loin dans mon travail de révolution pratique et de lâcher quelques dossiers explosifs, un travail de fond s’impose. A mon sens, livrer des techniques pour sortir sereinement du système marchand sans réflexion préalable peut s’avérer contreproductif. C’est pourquoi, j’ai décidé de m’atteler à ce dossier qui avancera chapitre par chapitre sur le site Bellaciao avant d’être diffusé plus largement. Cette fois-ci le thème abordé ne sera rien de moins qu’un des piliers de la gauche [la vraie], à savoir : la décroissance.

Ça commence à faire un bon moment que je réfléchis là-dessus, que je teste, que je me documente, que je consulte et que j’observe. Maintenant que tout cela a bien mûri, il est grand temps que je mette tout ça en forme, d’autant plus que le capitalisme devient de plus en plus agressif. Il est donc plus qu’urgent de l’envoyer à la niche avec des d’alternatives solides comme le roc. Sans idéologie digne de ce nom, l’autre monde possible réclamé à cor et à cri par l’hétéroclite mouvance altermondialiste restera à l’état de chimère. Durant toute l’élaboration de ce dossier votre participation sera la bienvenue, vous êtes toutes et tous cordialement invités à venir débattre en bonne intelligence, partager vos expériences, exposer vos interrogations...

Ce travail doit jusqu’au bout être le fruit d’une réflexion commune, je n’en suis que le modeste compilateur. Chaque intervention dans un but constructif compte, il n’est pas question d’asséner des dogmes, ni de réinventer l’eau tiède, mais de construire une œuvre collective dans laquelle chacune et chacun puisse se reconnaître. Le but d’un travail sous copyleft n’est pas d’en retirer des avantages personnels, mais bien au contraire de s’effacer le plus rapidement possible afin qu’il soit récupéré au maximum.

Surréaliste éditions vous souhaite une bonne lecture.


 Mise en bouche

A en croire les théoriciens de la gauche contemporaine, la décroissance serait la panacée universelle pour contrer le monde marchand. C’est en partie vrai, mais c’est surtout un discours dangereux pour qui n’a pas compris le concept. Et ils sont nombreux à brailler des inepties du genre « décroissance totale et immédiate ! », ou encore à croire que c’est une fin en soi. Mais quelle erreur ! Comment voulez obtenir une quelconque crédibilité avec un discours aussi radical ? On atteint ici les limites du ridicule. Personne disposant d’une once de bon sens n’a envie d’aller dans cette direction.

 Explications :

S’il est vrai qu’il peut paraître tendance de prôner la décroissance dans les milieux aisés, ça l’est beaucoup moins dans les milieux modestes. Allez donc expliquer à un érémiste qu’il faut qu’il décroisse. Allez donc expliquer à un africain dont le ventre crie continuellement famine qu’il faut qu’il consomme moins. C’est sûr et certain, non seulement votre discours ne trouvera aucun écho, mais en plus vous risquez d’essuyer le courroux de votre interlocuteur du moment. C’est toujours facile de dire qu’il faut consommer moins quand on consomme trop et beaucoup moins quand on manque de tout. Quand on sait que l’on doit évoluer par la base et non par la pseudo élite de parvenus dont il n’y a rien à attendre, ce point est extrêmement important pour qui veut trouver un écho chez les 60% de désabusés du système qui ne demandent pas mieux que de changer les règles du jeu pour peu qu’on leur présente un réel projet d’avenir qui leur donne envie de se bouger. Autrement dit, un projet qui leur parle.

Le mot « décroissance » souffre du même problème que le terme « antimondialisme » en son temps. Il est tout simplement inapproprié. Les alters qui étaient qualifiés ainsi avaient du mal à se reconnaître dans cette appellation car la majorité d’entre eux sont en grande partie des anationalistes qui aspirent à vivre dans un monde complètement ouvert et toujours plus solidaire. On est donc loin de l’antimondialisme qui laissait à penser qu’il s’agissait d’un mouvement réactionnaire visant à geler le rapprochement et la coopération entre les peuples. Pour la décroissance, il en va de même. Il ne s’agit pas de décroître, mais de progresser différemment. Toute la nuance est là. C’est pourquoi nous allons parler d’altercroissance et non de décroissance qui véhicule un message rétrograde qui n’a rien à voir avec les valeurs humanistes qui vont de pair avec le progrès.

A coté de ça, je ne suis pas sans ignorer la signification de ce concept sur le plan économique. La doctrine de décroissance a été développée pour contrer celle de la sacro-sainte croissance. Pour pouvoir continuer à vivre, le monstre capitaliste exige sans cesse plus de ressources, c’est pour cela que l’on a cru bon de le combattre en employant une technique toute aussi radicale à l’inverse de la sienne. Pour ma part, je suis loin d’être convaincu qu’il faille toujours éteindre un incendie avec de l’eau. Entendez par là, combattre une radicalité par une autre. Il faut toujours bien faire attention à ce que le remède ne soit pas pire que le mal et que les dommages collatéraux éventuels ne se transforment pas en catastrophe à retardement. Une des idées qui sera développée dans ce dossier c’est que la décroissance n’est qu’un levier de l’altercroissance parmi d’autres. Une fois les choses rentrées dans la logique, croissance et décroissance ne seraient utilisées qu’à des doses infinitésimales pour ajuster au plus prêt une gestion à la fois respectueuse de l’écosystème et du bien être de la seule communauté qui tienne : celle des êtres vivants. A partir de là, on devrait tenir le bon bout.

 Un peu de philo :

Personne n’a envie de retourner à l’âge des cavernes. La nature intrinsèque de l’homme c’est d’aller vers le progrès. Alors oui, c’est vrai, bien souvent les découvertes scientifiques ont des effets néfastes. Mais est-ce de la faute des inventeurs ou de ceux qui utilisent leurs travaux à mauvais escient ? Ce n’est pas parce que l’on fait une mauvaise utilisation du progrès qu’il faut le rejeter en bloc. C’est en faisant avancer la science que l’on pourra gérer mieux notre environnement et nos ressources, et certainement pas en avançant à reculons. C’est un point important qu’il faut prendre en considération sous peine de passer pour des obscurantistes.

 Regarder vers le haut :

La gauche a parfois un point commun avec les religions, c’est qu’elle prêche l’austérité. L’éloge du dénuement est un exercice qui lui plaît mieux que de prôner l’élévation de la qualité de vie. En définitive, peut-on dire d’un occidental moyen qu’il consomme trop ? Personnellement, je ne le pense pas. Je suis plutôt persuadé qu’il consomme mal. Dans l’absolu, quoi que l’on en dise, il faut bien au minimum pouvoir boire, manger, se vêtir et se loger. Quel théoricien pourrait-il y changer quelque chose ? Aucun ! Après il y a ce que le progrès nous apporte. Des machines qui nous aident dans notre travail ou qui le font à notre place. Des moyens de transport qui nous permettent de découvrir le monde et d’aller où l’on a envie, il faut bien l’avouer, c’est dur de s’en passer. Quant aux moyens de communication, tels le téléphone ou internet, qui a réellement envie de faire totalement une croix dessus ? Je ne parlerai même pas des progrès médicaux, si quelqu’un veut aller se faire arracher une dent sans anesthésie, c’est son droit, mais ce n’est même pas la peine d’essayer de me faire retourner « aux bonnes vieilles méthodes ». Si je schématise à l’extrême, c’est parce que l’esprit de nombreux militants en fait de même. Faute de regarder en haut, par dépit, on tombe dans des clichés qui ne séduisent que les aigris de la vie. L’altercroissance ça commence par le nivellement vers le haut. Certes, je sais bien qu’il est plus facile de faire retomber le niveau de vie des citoyens du monde à celui des habitants de l’Éthiopie que de le faire progresser à celui des européens, mais à coeur vaillant, rien d’impossible. C’est pourquoi, avant toute chose, il faut commencer par arrêter de regarder le monde par le petit bout de son nombril et faire abstraction de son égoïsme. Si on consomme mal, c’est aussi parce que le monde consomme sans aucune cohésion. En observant la situation dans son ensemble, nous verrons dans les prochains chapitres qu’il est possible d’augmenter encore notre qualité de vie tout en respectant notre environnement et en tenant compte des ressources qu’offre notre planète.

 Conclusion

C’est pour toutes ces raisons que nous allons employer le néologisme altercroissance et non le terme décroissance pour qualifier une alternative viable au capitalisme. Rien ni personne ne peut arrêter le progrès, il s’agit juste de le canaliser pour qu’il soit positif et non destructeur. De nombreuses expériences le prouvent, on vit beaucoup mieux quand on le fait dans le cadre de l’ordre naturel des choses. L’écosystème de notre planète repose sur des cycles dont la mécanique est facile à comprendre. Plus explicitement, à partir du moment où l’on est dans le renouvelable et l’exploitation des ressources maîtrisée, il n’y a plus lieu de se priver de quoi que ce soit.

Mise en ligne du premier chapitre : mercredi prochain


PS : Pour ceux qui ont suivi le précédent dossier consacré au biodiesel [HVB], sachez qu’il est en cours de traduction en plusieurs langues et qu’il sera très prochainement disponible intégralement dans la langue de Shakespeare.

Vous pouvez trouver le dossier biodiesel au format PDF ci-dessous :

Version en ligne (PDF) : http://www.surrealiste.org/modules....

Version à télécharger (PDF + zip) : http://www.surrealiste.org/modules....

Ainsi que toutes nos éditions à prix libre en cliquant le lien que voici :

http://www.surrealiste.org/modules....

Messages

  • "L’altercroissance ça commence par le nivellement vers le haut. Certes, je sais bien qu’il est plus facile de faire retomber le niveau de vie des citoyens du monde à celui des habitants de l’Éthiopie que de le faire progresser à celui des européens, mais à coeur vaillant, rien d’impossible."

    20% des humains consomment 80% des ressources. Si l’on souhaite que les 80% d’humains consomment autant que les 20% plus "riches", il faudrait multiplier par 4 le rythme d’extraction des ressources de la Terre.

  • "A en croire les théoriciens de la gauche contemporaine, la décroissance serait la panacée universelle pour contrer le monde marchand."

    "...prôner la décroissance..."

    Dit comme ça, la décroissance peut être comprise comme étant un projet de société.

    Or ce qu’il faut bien comprendre c’est que la décroisance n’est pas un projet parmi d’autres au choix, mais une inéluctabilité. La décroissance aura lieu, qu’on le souhaite ou pas. Ce que souhaitent ceux qu’on nomme les "décroissants", c’est que cette décroissance soit préparée, et non pas subie, ce qu’ils souhaitent c’est aussi une décroissance du PIB et non pas des échanges humains.

    "Certes, je sais bien qu’il est plus facile de faire retomber le niveau de vie des citoyens du monde à celui des habitants de l’Éthiopie que de le faire progresser à celui des européens, mais à coeur vaillant, rien d’impossible."

    Coeur vaillant ou pas, faire progresser le niveau de vie de tous les citoyens du monde vers celui des européens est physiquement impossible : au rhythme d’utilisation des ressources naturelles actuelles, il nous faudrait 2 planètes pour que cela perdure, il en faudrait 8 si tous le monde avait le niveau de vie des européens, et encore bien plus si la population augmente ou si la croissance continue (car la croissance suppose une utilisation accrue des ressources naturelles). Or bien entendu nous ne vivons que sur une seuls planète. Voir sur ce thème les travaux de Goergescu-Roegen :

    http://www.uqac.uquebec.ca/zone30/C...
    Mais peut-être ce que tu entends par "niveau de vie" n’est pas le niveau de consommation mais plutôt la qualité de vie ? Dans ce cas attention aux mots employés, car au sens où on l’emploie en général "niveau de vie" est plus ou moins synonyme de "PIB par habitant".

    "Allez donc expliquer à un érémiste qu’il faut qu’il décroisse. Allez donc expliquer à un africain dont le ventre crie continuellement famine qu’il faut qu’il consomme moins."

    Il est évidemment absurde de dire que tout le monde doit consommer moins, y compris Africains et RMIstes. Ce qu’il faut c’est que chacun ait une empreinte écologique compatible avec le maintien durable de la vie humaine, ce qui n’est pas le cas actuellement, et les efforts les plus importants en ce domaine devraient bien entendu être réalisés dans les pays occidentaux. Deux voitures par foyer n’est ni souhaitable pour l’atmosphère, ni viable compte tenu des ressources de la planète.

    "Dans l’absolu, quoi que l’on en dise, il faut bien au minimum pouvoir boire, manger, se vêtir et se loger."

    Totalement d’accord. Là où ça pose problème c’est quand ce qu’on consomme, bien loin de ce minimum (qui n’est pas un but en soi, entendons nous bien), vient au contraire dépasser le niveau de consommation viable compte tenu des ressources de la planète, là où ça pose problème c’est quand notre empreinte écologique dépasse l’empreinte écologique maximale viable.

    Pour terminer, je trouve que le terme "altercroissance" n’est pas le mieux choisi car il sous entend qu’une autre croissance (au sens général qu’on donne à croissance, c’est à dire croissance du PIB) est possible. Or cette croissance finira par prendre fin et nous passerons par la décroissance, qu’il s’agit de préparer plutôt que de la subir.

    Attention aux mots et à l’interprétation que d’autres peuvent en donner.

    Un autre lien intéressant :

    http://zecc.free.fr/phpbb2/viewtopi...

  • C’est marant, ainsi le terme Anti deviendrait-il péjoratif : Pour Qui ?
    Pour moi, le terme le plus péjoratif est : "Décideur" ; ce qui apparement ne gène personne.
    Alors nous allons nous mettre à parler de Alter-Fascisme, Alter-Nazi, Alter-Colonialisme, Alter-Libéralisme, Alter-Capitalisme, Alter-réformisme (à non çà c’est un pléonasme).
    Rendre péjoratif la radicalité voilà une grande victoire de l’idéologie dominante.
    Donc pour être "crédible". Je pose toujour la question vis-à-vis de QUI ?
    Il faut proposer des solutions acceptables au systéme qui gère l’insupportable.
    Ainsi, l’on existerait que si le systéme prête une écoute "attentive".
    Car si le systéme prête une écoute, il va s’ouvrir un petit crénau qui va permettre de subsister en métant en pratique des propositions "alternatives" raisonnables.
    Mais toujours raisonnable aux yeux de Qui ?
    Bref, faut pas dire à quelqu’un qui va mourir d’un cancer généralisé qui ne lui reste que peut de temps à vivre et chercher les causes réelle de sa maladie ; mais lui annoncer que tel labo est peut-être entrain de trouver un nouveau traitement.
    Aller, zou, lo terme Alter ne fa che m’embila

    PS : l’Alter-Exclavagisme, on connait celà s’appelle le Salariat.

    Johan de Dina

  • Il y a un certain nombre de chose que je ne comprends pas dans cette époque, c’est l’idéologie de l’accommodement.
    Molière fait dire à un de ces personnages :" Les événements nous dépassent feignons de les maîtriser"
    Aujourd’hui la mouvance alternative suggère : " Il n’y a plus de possibilité d’influer sur la course des évènements tendons à nous en accommoder"
    L’idéologie de l’accommodement est certainement pire que l’idéologie réformiste qui a dévoyé les mouvements de révolte paysanne et ouvrière du dix-neuvième siècle.
    Certains Anticléricaux attardés n’hésitent pas à monter encore au créneau pour dénoncer cette pratique honteuse de l’église qui consistait à monnayer la paix des consciences en rachetant ses fautes et ses pêchers.
    Les mêmes se taisent aujourd’hui lorsque les ONGs ou diverses associations laïques proposent les mêmes services. Quelques oboles données, un peu de pratique d’aide sociale, quelques achats estampillés éthiques ou recyclables remplacent avantageusement en moins ringard, le denier du culte ou le don à la quête et les quelques "Paters" si humiliants.
    Je m’abstiendrais de prendre parti sur le nouveau créneau des Jobs éthiques et du carriérisme militant associatif. Mais tout cela est comparable parfois au parcours du séminaire et de la mission.
    Si la religion a été l’opium du peuple ; l’idéologie du réformisme progressiste en est son alcool.
    Aujourd’hui toute idée ou proposition allant à l’encontre du sens du système se doit d’être affublé d’une terminologie positiviste et respirant l’aspiration au bonheur individuel.
    On ne dit plus Anti, mais Alter.
    Tout idée ou slogan qui dénonce où réfute le système doit être accompagné des adjectifs conviviale, heureuse, raisonnable, durable, solidaire, humaine, chaleureuse etc….
    On est même parvenu à dire, même si en dehors de circonstance dont nous serions les acteurs
    ce système honnit d’exploitation de l’homme et des ressources de la planète devait s’effondrer
    nous le retiendrons afin que tout ceci se passe en douceur, dans l’amour et la convivialité.
    Qu’il y ait un retour au Peace&Love et au Babacoolisme (Brandebias.OC), ma fois…

    Mais autre chose me gêne ; aujourd’hui le moindre groupuscule dit alternatif, sort une plate-forme de proposition dite "raisonnable" qui préfigure un programme de gouvernement.
    À croire que l’idéologie dominante a réussi un tour de force extraordinaire : pour être reconnu crédible par les masses (ou le quota d’individu nécessaire à une prise en compte d’intérêt électoral par le personnel politique) ; il faut être reconnu comme interlocuteur
    raisonnable et possible par ledit dit système (ses instances représentatives, ses administrations, ses médias).
    Ainsi en lisant certaines "alterpropositions pour un monde ou une société meilleure" ; on a l’impression de lire entre les lignes "si ceux qui on le pouvoir où aspirent au pouvoir veillaient à faire appel à nos conseils ; ils seraient heureux en rendant les autres heureux aussi".
    Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil.
    On ose même plus une critique de l’Etat ; même en prétextant abandonner ces vieillottes et sectaires théories marxistes, on ne récuse plus le rôle de l’Etat. On peut s’essayer à encore critiquer le rôle de l’Etat Pére Fouettard (CRS) ; de la à critiquer l’Etat Pére Noël.
    Certain vont même jusqu’à professer que l’Etat est le dernier rempart face au libéralisme.
    François Partant affirme que l’état n’est ni l’état arbitre de la conception " bourgeoise ", ni l’état " de classe" des marxistes, il est l’état de l’accumulation du capital. Selon François Partant, l’état moderne est né lorsque le pouvoir politique et le pouvoir économique se sont trouvés en pratique confondus, ce qui a permis au mode d’enrichissement capitaliste de se transformer en véritable système et de tout subordonner " le politique, le social, le culturel, à la formation de la richesse et à la constante progression des moyens nécessaire pour n former " "(Que la crise s’aggrave p.10). À partir de cette étape …" Les pouvoirs d’Etat attribueront toujours pour finalité aux sociétés ce qui n’était à l’origine que le but que la bourgeoisie poursuivait elle-même en tant que classe : l’enrichissement et pour une excellente raison : si ce système a assuré une formidable progression du capital de production…Il a aussi permis un formidable renforcement des pouvoirs étatiques " "(Que la crise s’aggrave p.12) car " l’état est lui aussi bénéficiaire de l’exploitation et de l’accumulation. L’Etat effectue des prélèvements sur toutes les activités productives, tous les producteurs, toutes les transactions mêmes improductives, toutes les formes de consommation…considérable par son ampleur, cette exploitation n’est jamais dénoncée par les syndicats… l’Etat organise la société en fonction des besoins du capital…car la croissance qui reflète l’enrichissement est pour l’état lui-même une priorité absolue. "

    Pour ceux qui pensent un jour influer sur les "Décideurs Politiques"
    Vous avez déjà vu quelqu’un dans nos systèmes dit démocratique être élu en promettant moins ?
    "Une obole ou un strapontin dans un gouvernement d’alternance permettrait de faire avancer nos idées….."
    En attendant certain pensent déjà :" Si ça marche, pour mes honoraires, vous verrez avec ma secrétaire".
    Comme quoi, ce système est le seul capable de transformer une idée généreuse au départ en centre de profit.

    Mais alors, s’il n’y a plus d’espace de mouvement entre l’affrontement direct au système et son aménagement par des solutions réformistes " supportables" (au système, bien entendu) ; si la générosité se transforme en Charity Business et si les propositions pour "sortir" du système se transforment en Alternativebusinness :
    Que faire.

    S’en désintéresser et ne plus l’alimenter.

    Mais cela demande de rompre avec le système, et surtout avec les points forts de son idéologie qui prétends nous assurer :
    La sécurité : Sauf face aux dérèglements climatiques et aux épidémies
    Le confort et le moindre effort : Grâces aux progrès de la croissance ou aux technologies alternatives. Mais le système n’est même plus capable de garantir un revenu issu du travail.
    Cela bien sûr forcément au détriment d’une grande partie de l’autre humanité.
    Mais rompre avec le système, ne nous dégage pas complètement des désavantages qu’ils continuera à nous faire subir, tout en nous supprimant un certain nombre d’avantages et de privilèges.
    En attendant, on dissimule et l’on camoufle pour rester un interlocuteur responsable et représentatif pour certain et l’on s’en tient à ne pas désespérer le plus large audimat pour les autres.
    La décroissance volontaire (autopaupérisation) où involontaire (Fin du pétrole pas cher, accident industriel majeur, accident climatique dû au réchauffement de la planète, disparition de la bio diversité, diminution des capacités humaines pour cause de pollution ou d’épidémie, séries de crises économiques majeures -cf. François PARTANT- etc.). ne sera pas un dîner de galla. Inutile de l’affubler d’un smoking et d’un nœud papillons.
    A force de vouloir l’embellir la décroissance pour essayer de la rendre supportables à nous, les nantis de l’occident ; j’ai l’impression de faire preuve de commisération vis-à-vis de ceux qui sont à des années lumières de notre mode de vie. (voir rapport Colloque Unesco : L’après développement).

    L’IMPOSSIBLE REFORMISME - L’IMPOSSIBLE REVOLUTION

    Il m’a été très difficile d’isoler une citation tant elles sont nombreuses sur ce thème dans l’œuvre de Partant, il a -par exemple - à plusieurs reprises analysé avec lucidité les conséquences négatives de l’application d’un grand mythe réformiste : la réduction du temps de travail pour réduire le chômage. La réalité lui a donné raison ( comme d’habitude ) : à part pour les rares entreprises -très concurrentielles- qui, grâce à une productivité élevée, ont pu absorber les 35 h en créant des emplois (en échange d’avantages fiscaux et de flexibilité accrue), la réduction du temps de travail a poussé les autres soit à délocaliser soit à robotiser leur production. Comme l’a toujours proclamé la droite, au lieu de réduire le chômage, les 35 h l’ont augmenté,
    Et Martine Aubry aurait eu avantage à méditer ces quelques lignes qui synthétisent bien le dilemme réformiste :
    " Dans le contexte créé par le capital depuis 40 ans, l’Etat n’a plus qu’un pouvoir de pure gestion. Mauvais gestionnaire, il peut réduire les possibilités pour la France de développer des activités productives …Malheureusement bon gestionnaire, l’Etat ne peut que faciliter les entreprises du capital ou agir comme lui, c’est -à - dire accentuer l’internationalisation de l’économie française. Ainsi, paradoxalement, sa bonne gestion réduit - elle toujours davantage sa propre marge de manœuvre politique…L’Etat n’est qu’un rouage de ce système international dont le capital est le moteur, mais un moteur entraîné par la dynamique concurrentielle qu’aucun pouvoir n’oriente et ne contrôle …Le rouage d’une mécanique qui devra sous un gouvernement de gauche remplir sa fonction limitée …Le discours politique de la gauche ne correspond plus du tout à la réalité. Ce ne serait qu’un moindre s’il ne s’accompagnait d’un programme de gouvernement… L’ennui est que si la gauche arrive au pouvoir, elle va se croire obligée de le mettre en œuvre. Elle risque alors de s’apercevoir que la redistribution des richesses n’est pas indépendante de la manière dont elle se forme." (P.S. 9)
    Ainsi le réformisme est - il une impasse. Mais la révolution aussi. On peut toujours prendre le pouvoir d’Etat, et après ?… Pour reprendre le contrôle de l’économie il faudrait casser la dynamique capitaliste. Or, comme il a été démontré plus haut, le pouvoir d’Etat n’est plus LE pouvoir, il n’a pas la possibilité de s’opposer à la dynamique du capital, il peut à la rigueur la nationaliser et réaliser l’accumulation du capital à son profit, mais pas s’y opposer.
    De plus un grand changement s’est produit depuis le XIX° siècle, il n’y a plus de classe révolutionnaire. "La force du capitalisme tient à ce qu’il ne transcende plus la société comme au XIX° siècle. En intégrant celle-ci à son mode de production, en développant en tous domaines les rapports marchands qui recouvrent désormais largement tous les rapports sociaux, le Capital est devenu un pouvoir immanent que chacun exerce et subit mais auquel pratiquement personne n’échappe".(QLCA p. 63)
    En effet, en tant qu’agent économique chacun de nous est soumis à la logique du capital et en tant que consommateur chacun de nous - jusqu’aux exclus - est complice et solidaire de la logique du capital. Le Capital n’est donc pas un gros monsieur qui trône derrière un bureau, c’est le corps social tout entier, c’est nous.

    À L’HORIZON, L’ALTERNATIVE ?

    François Partant n’est pas un imprécateur, toute sa vie et jusqu’au bout il a essayé de proposer des solutions aux problèmes qu’il posait… Il n’y a pas de solution réformiste, il n’y a pas de solution révolutionnaire… alors quoi ?
    Dés " la fin du développement" François Partant indiquait que la seule solution possible était l’auto institution de sociétés autonomes (pour les raisons déjà développées, il excluait que leur base sociale puisse être celle de l’état nation)." L’Alternative n’a aucune chance d’apparaître en un point quelconque du globe, pour ensuite se propager comme devait le faire la révolution. Elle ne peut pas davantage s’inscrire dans l’évolution du système. Si elle voit le jour, elle apparaîtra à la faveur de la décomposition sociale que provoque l’évolution techno-économique, et comme le résultat possible, mais nullement certain, de l’effondrement du système. Tout reconstruire de bas en haut, tandis que tout se désorganisera sous la pression d’évènements transnationaux incontrôlables, ce n’est évidemment qu’une éventualité. Il en existe beaucoup d’autres : guerre nucléaire, désastres écologiques…,chaos généralisé et émergence de dictatures…Tout est possible. Une seule chose à coup sûr ne l’est pas : cet "avenir de progrès" qu’on persiste à nous promettre. C’est pourquoi l’éventualité la plus optimiste devrait pouvoir servir d’hypothèse de travail à ceux qui contestent le système …L’alternative n’est pas à imaginer pour demain, mais à mettre en forme aujourd’hui…Il faut que les alternatifs sachent quel avenir ils entendent préparer par leurs initiatives actuelles, et comment cet avenir, qu’ils forgent pour eux - mêmes, s’articule avec celui des majorités.

    Il faut qu’ils se dotent d’un projet politique…Ce projet ne sera à mettre en œuvre que par ceux qui s’excluent du système, et éventuellement, par ceux qui en sont exclus et qui acceptent de l’être.

    Il ne concerne les autres que dans la mesure où ils seront, eux aussi placés devant des choix qu’ils ne peuvent faire à l’heure actuelle…L’engagement politique change donc à la fois de terrain et d’objet pour prendre une ampleur toute nouvelle. Son but est de rendre une finalité politique à l’évolution humaine.

    Car le progrès véritable n’est pas dans la connaissance et la maîtrise des techniques. Il est politique. Il est dans l’aptitude des hommes à se gouverner, individuellement et collectivement, en mettant leurs connaissances et techniques au service de cet art de vivre ensemble".(La F.D.D. p145 - 155)

    Il poursuivit cette réflexion dans "la Ligne d’horizon" ou il proposait la création d’une Association pour une Alternative Socio - Economique Mondiale ou ASEM.
    Voilà ce qu’il écrivait dans l’introduction à ce chapitre : "L’avenir dira s’il était ridicule qu’une dizaine de personnes créent cette association pour une alternative socio -économique mondiale (ASEM)*…" L’avenir est resté muet puisque cette association n’a jamais vu le jour, faute de réalisations concrètes sur lesquelles s’appuyer.

    Viva e gardarem lo moral.
    Ché si sian pas de maih,ché le sian pas de men. A besonha !
    Se encontrera un jorn d’o costa de Jansiac.

    Johan de Dina Comta de Nissa.

    • Je n’ai certes pas lu les bouquins de F. Partant (ce que je vais m’empresser de faire, car, voyez-vous, je m’interroge), mais si j’ai bien compris de toutes façons c’est inéluctable ça va péter, et donc une fois que ça aura pété on va pouvoir reconstruire, enfin. Alors comme je suis pressée que ça change passke là c’est insupportable cette bouillie techniko-economiko-scientifik, j’ai qu’à consommer à fond, on n’a tous qu’à consommer à fond comme ça ça pètera plus vite... On n’a qu’à aussi appuyer sur la bouton rouge, on éradique tout sauf les scorpions, et comme ça on recommence un cycle évolutif... pourquoi pas après tout...J’avoue n’avoir pas bien saisi la finalité d’un aussi long monologue... mais je dois être handicapée du ciboulot, probablement. Pourriez pas aller à l’essentiel ?

    • "on n’a tous qu’à consommer à fond comme ça ça pètera plus vite.."
      ha non, ha non...parce qu’on risque de pas s’en relever. Il faut commencer à construire autre chose dès maintenant (maisons solaires, vélos, etc) pour la pédagogie de l’exemple.

    • pas QUE pour la pédagogie de l’exemple... mais surtout parceque actuellement il reste encore l’énergie qui pourra nous permettre de mettre en place des réseaux de petites éolienne et des panneaux solaire... Le problème ce serait justement qu’on ne s’y prenne pas assez tôt et qu’il n’y ai plus d’énergie pour fabriquer ses système la (qui sont eux même très couteux en énergie pour les produires). C’est le problème de l’entropie, toute l’énergie actuellement utilisé a faire autre chose et une énergie en moins utilisé pour faire ce qu’il faudrait...

    • Pour venir en débattre, voir http://zecc.free.fr/phpbb2/ . Nous les décroissants, aimons bien débattre. Certains de nos amis ont soutenu une longue controverse avec des marxistes dernièrement : http://zecc.free.fr/phpbb2/viewtopic.php?t=464

    • Réponse à Dina Comta de Nissa sur un passage particulièrement insupportable :
      " ...chacun de nous jusqu’aux exclus est complice et solidaire de la logique du capital "
      Je n’ai aucune argumentation tirée d’ouvrages politiques, mais dire que les exclus sont complices et solidaires c’est à mon être déshumanisé. Attention, le projet et la nourriture politique c’est certainement effectivement essentiel pour toujours construire la société, mais l’idéologie va parfois à l’encontre de l’intelligence.

      Un lecteur de passage

    • Réponse bis à Johan Dina Comta de Nissa

      Aterré par vos propos, j’en ai oublié de taper un mot qui change le sens de ma phrase :
      "c’est à mon sens être déshumanisé. "
      De plus j’en profite pour ajouter que je ne vois pas en quoi les "non-exclus" les "nous" , sont complices et solidaires du capital. Ce "nous" qui est-il ? Quel dogme vous permet-il de mettre des individus différents, avec des pensées différentes, des libertés différentes, des actes différents, dans un même panier de crabes. Culpabiliser la terre entière d’actes ultra-libéraux-pilleurs qui n’appartiennent qu’à une minorité, cela ne fera jamais avancer vers moins de cruauté socialo-économique.
      Parfois, des idées sont aussi terrifiantes que les conséquences du tout capital.
      D’autre part, je ne crois pas que tous les visiteurs de ce site comprennent votre conclusion.
      Ca ressemble à du catalan, mais je l’ignore. (et j’ai le droit de l’ignorer)

      Quant à l’alter- croissance, la décroissance, encore peut-être faut- il savoir ce que signifie la croissance pour pouvoir y réfléchir. C’est un mot très médiatique actuellement, on en a jamais autant entendu parler, c’est pratique, c’est positif, quand la croissance va tout va. Mais n’est-ce pas vide ? Pour un économiste certainement pas : pour lui, à priori c’est rempli d’agents économiques.
      Doit-on en conclure que l’alter-croissance créérait des alter-agents éco et la décroissance la disparition des agents économiques ?
      Et si l’agent n’était qu’une vue de la lorgnette économique ? Et si en fait, l’agent présupposé était en fait un acteur, ni complice, ni solidaire de toutes formes d’extrêmisme idéologique, économique ? Et si l’acteur en avait marre d’ être pensé par les idéologies ennemies ?

      A quoi bon réutiliser des mots "communiquants" comme " croissance", " alternative" qui remplissent les médias pour faire croire que tout est train de subitement changer, de bouger, alors que c’est comme toujours...
      Mais maintenant il y a internet , la construction européenne qui englobe l’Est , et une grosse crise du militantisme, de la révolte, et pour cause.

  • "A coté de ça, je ne suis pas sans ignorer la signification de ce concept sur le plan économique..."
    Si vous n’êtes pas sans ignorer, vous êtes donc sans savoir...

    "...peut-on dire d’un occidental moyen qu’il consomme trop ? Personnellement, je ne le pense pas. Je suis plutôt persuadé qu’il consomme mal."
    J’ai l’impression d’avoir déjà entendu ça ailleurs (ici par exemple...).

    Bon, allez j’arrète sinon je vais encore consommer de la bande passante pour rien...

  • Euh... les liens de téléchargement ne marchent pas... c’est balot !!!