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Le nucléaire en questions…

par SOUTEIRAT Guy

Publie le jeudi 24 novembre 2011 par SOUTEIRAT Guy - Open-Publishing
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Publié dans : Hebdo Tout est à nous ! 125 (24/11/11)

La question du nucléaire est aujourd’hui en première ligne. Les concessions du PS sur la question ont provoqué de multiples réactions le jugeant irresponsable. Le NPA est aujourd’hui le seul parti revendiquant un arrêt du nucléaire.

La sortie du nucléaire est au cœur des débats actuels  : quelle est la position du NPA sur ce sujet  ?

Pour nous, cette question est trop grave pour faire l’objet de quelconques négociations  : plus nos centrales vieillissent, plus le risque d’accident est grand et plus la quantité de déchets aujourd’hui ingérables augmente. Le risque que nous font courir nos dirigeants est sans commune mesure avec les autres menaces industrielles  : c’est la vie même qui est menacée dans des régions, voire des pays entiers.

Nous sommes donc sans ambiguïté pour la sortie la plus rapide possible de cette énergie meurtrière et nous proposons un plan pour y parvenir en moins de dix ans.
C’est possible en mêlant les économies d’énergie et le recours massif à toute la gamme des énergies renouvelables, on peut faire beaucoup mieux qu’avec le nucléaire et dans des délais rapides. Tout cela est détaillé dans le scénario que nous proposons. Si obstacle il y a, il n’est pas technologique.

Il est économique alors  : dans un communiqué, la fédération énergie CGT explique que sortir du nucléaire, même un tout petit peu comme le prévoit l’accord EÉLV/PS, nuira à notre industrie, à notre indépendance énergétique et fera doubler le prix de l’électricité  : que répondez-vous  ?

Nous ne partageons pas l’analyse de nos camarades. Il n’est plus question d’autonomie énergétique avec le nucléaire aujourd’hui car tout l’uranium est importé des pays comme le Niger ou le Gabon, au prix d’une exploitation honteuse des populations autochtones. Au contraire, cette indépendance serait bien plus grande avec les énergies renouvelables, disponibles partout, inépuisables et susceptibles de créer un véritable maillage territorial au niveau de l’emploi. Quant au coût de l’électricité, c’est une véritable supercherie : le prix du kW/h sur notre facture ne tient pas compte des centaines de milliards qui seront nécessaires pour le démantèlement des vieilles centrales et la gestion des déchets. Les investissements passés et actuels dans le nucléaire se font par le biais de la feuille d’impôts et de la TVA et pas uniquement par le coût payé par les usagers. Au final, il est certain que l’électricité nucléaire s’avère la plus chère de toute l’histoire de l’humanité. Et d’ailleurs, d’ores et déjà, malgré le tout-nucléaire, on nous annonce un quasi-doublement du coût si on investit dans l’EPR. Nous nous situons dans la moyenne basse des pays européens en ce qui concerne le prix de l’électricité mais dans douze pays de l’Union européenne l’électricité est moins chère que chez nous  ! Enfin, est-il vraiment raisonnable d’évoquer ce genre d’arguments quand on connaît la probabilité élevée de devoir faire face à un accident nucléaire majeur, dont les coûts financiers mais surtout humains sont inchiffrables  ?

Dernièrement, le gouvernement a expliqué que sortir du nucléaire supprimerait 1 million d’emplois  ; n’est-il pas incompatible d’être pour la sortie du nucléaire tout en défendant les intérêts des travailleurs  ?

Le gouvernement ment  : c’est tout le contraire. Si on ferme les réacteurs, il faudra les démanteler et aussi gérer les déchets  : c’est du travail pour plusieurs décennies. Aucun emploi ne sera perdu. Cela permettra aux travailleurs qui le souhaiteront de demeurer sur leur lieu de vie. Quant aux autres, ils pourront être reconvertis dans le secteur des énergies renouvelables dont le développement, lui, pourrait être créateur de plus de 800 000 emplois si on suivait les préconisations de notre schéma. Nous articulons systématiquement nos revendications sociales pour l’interdiction des licenciements, la réduction massive du temps de travail et l’amélioration des conditions de travail, avec nos revendications écologiques et antinucléaires. C’est sous le contrôle des travailleurs et de la population, dans un cadre réellement démocratique, radicalement modifié, que nous envisageons leur mise en œuvre.

Et l’effet de serre  ?

Là encore, il ne faut pas se leurrer  : ce n’est sûrement pas le nucléaire (moins de 2 % de la consommation énergétique mondiale) qui pourra contrecarrer le réchauffement climatique  : non seulement il faudrait implanter des réacteurs partout au prix d’une multiplication irresponsable des risques mais c’est oublier les conditions coloniales et polluantes de l’extraction de l’uranium, ressource épuisable par ailleurs. Seul le recours massif aux renouvelables permettra une lutte efficace contre l’effet de serre.

Comment expliquez-vous qu’aucune autre force politique ne vous suive sur ce terrain  ?

Nous sommes effectivement le seul parti qui développe une position claire à ce niveau. Les autres forces qui pourraient partager notre point de vue ne remettent en cause ni le système ni ses institutions. Elles sont donc empêtrées dans leur stratégies d’alliance avec des partis pronucléaires, et édulcorent leurs positions, voire y renoncent purement et simplement  : un coup de fil d’EDF suffit à dicter leur conduite. Après Fukushima et l’évidence avérée de la menace qui pèse sur l’humanité, toutes leurs manœuvres politicardes sont d’autant plus révoltantes. Seuls de petits mouvements, tels que celui de la décroissance, ainsi que les associations, nous suivent sur la sortie rapide du nucléaire.

Comment parvenir socialement à mettre en œuvre le plan que vous préconisez  ?

En multipliant les mobilisations d’envergure. Notre ennemi, c’est le lobby industriel nucléaire français et c’est pourquoi nous proposons son expropriation sans indemnité ni rachat, la création d’un grand service public de l’énergie géré directement par les travailleurs. Si les élections de 2012 ne changeront pas la donne en soi, voter et faire voter pour le seul candidat porteur d’un programme clairement anticapitaliste, écologiste et pour la sortie du nucléaire, donnera une visibilité à cette cause.

Commission nationale écologie

http://www.npa2009.org/content/le-nucl%C3%A9aire-en-questions%E2%80%A6

Messages

  • Bonsoir,

    Je suis heureux qu’au moins un parti qui espère présenter un candidat à la présidentielle prône des positions résolument antinucléaires.
    Je déplore d’autant plus que le très sympathique et attachant Philippe Poutou se soit montré plutôt à côté de la plaque lors de sa première apparition publique d’importance, le samedi 29 octobre, sur le plateau "d’On n’est pas couché" (France 2). Très franc du collier, interrogé par Audrey Pulvar, il a confessé ne pas "être un spécialiste" de cette thématique. Lui et ses camarades auraient pu se douter que celle-ci serait évoquée. Lorsque la compagne d’Arnaud Montebourg lui a lancé "il n’y en a pas beaucoup qui pensent qu’on peut sortir du nucléaire en dix ans", l’on eût attendu que l’ouvrier de chez Ford évoque le réseau éponyme, qui venait de publier un opuscule très didactique chez Nova Editions. J’en causerai prochainement sur ce portail.
    Tchao,

    René HAMM