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Arnaud Klarsfeld n’en finit plus de toucher le fond

Publie le dimanche 27 novembre 2011 par Open-Publishing
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« - Eh Robert t’as vu, à c’qui paraît ils veulent donner le droit de vote aux musulmans !
- Non, t’es sérieux ? Il manquerait plus que ça. Déjà qu’on est envahis par les minarets et les boucheries hallal... On est plus chez nous ; j’te l’dis ! »
Ce pourrait être une vulgaire brève de comptoir. Hélas non. C’est la substance du contenu d’une « tribune » d’Arno Klarsfeld publiée par Le Monde du 23 novembre.

Que l’on puisse partager ou pas l’idée d’un droit de vote des étrangers est une chose. Que le débat soit ouvert et que les partisans du statu quo avance des arguments tirés de l’histoire, la réciprocité… fort bien. Mais les propos de l’intéressé tirent bien bas et même interdisent un réel débat. Du reste, l’hommage que lui rendent des sites d’extrême droite en dit long sur le contenu de ce qu’il faut bien appeler un discours de caniveau.

Verbatim : « Une vague fondamentaliste traverse le monde musulman comme les violences ont pu traverser la France après la chute de la monarchie. Cette vague touche aussi par endroits le territoire français. Voulons-nous des listes fondamentalistes aux élections dans certaines municipalités ? ». Ainsi donc les étrangers seraient par définition musulmans qui seraient par nature fondamentalistes. Et donc parce que tous les étrangers sont musulmans et donc fondamentalistes il ne faut pas leur donner de droit de vote. On doit pourtant à des Klarsfeld – il est vrai d’un tout autre niveau que Arno - d’avoir passé leur vie à démontrer ce que les raccourcis essentialistes peuvent produire de haine. On sait ce que la rhétorique Juif = étranger a produit hier. Tout aussi détestable et dangereux est le musulman= étranger.

Si tant est d’ailleurs que le péril fondamentaliste pèse sur la France ! Il y a évidemment plus à craindre de celui caché qui nie la démocratie que de celui qui s’inscrirait dans le jeu démocratique. Du reste, aux dernières élections municipales, les listes communautaristes du Parti des musulmans de France ont obtenu des résultats extrêmement faibles y compris sur des villes Strasbourg et Argenteuil, dans des quartiers où les maghrébins sont pourtant nombreux.

Un spécialiste du dérapage xénophobe, niveau café du commerce

Ce n’est malheureusement pas le premier dérapage de l’intéressé. Pour mémoire : « S’il n’y a pas de politique du chiffre, c’est-à-dire s’il n’y a pas d’aiguillon sur les préfets, alors les préfets ne font pas ce travail de renvoyer, non pas vers la mort, non pas vers Auschwitz ou vers une situation »... (voir ici) ou encore « immigration pauvre et délinquance ont toujours eu un lien » (voir ici) et même « la France a plusieurs visages : les noirs, les blancs, les bridés » (voir ici), même si on peut lui préférer l’inégalable « les Roms devraient s’abstenir d’avoir huit enfants » (voir ici). Rappelons encore une fois que ces brèves de comptoir émanent de celui qui est à la tête de l’Office Français de l’Immigration et de l’Intégration (OFII), l’institution chargée de coordonner la politique migratoire française. Cela en dit beaucoup sur l’équilibre de ladite politique et sur l’opinion générale (une sorte de xénophobie banalisée) de ceux qui l’ont nommé à ce poste.

Ce n’est pas non plus la première fois que Arno Klarsfeld étale son incompétence. A propos de son rapport sur les mineurs délinquants, dans Libération, Dominique Simonnot avait très bien dit : « Le problème, c’est que n’est pas spécialiste de la délinquance des mineurs qui veut. La chose est délicate, les rapports, études, chiffres, livres sont légion pour en traiter avec sérieux. Sans cette pénible impression d’assister à une visite de Marie-Chantal découvrant La Courneuve et rédigeant ensuite son devoir en regardant Navarro à la télé ».

Ce fut suivi de sa calamiteuse mission de médiation dans le cadre de la régularisation des familles étrangères dont les enfants sont scolarisés. Qu’a-t-on retenu par la suite de sa mission sur Les enfants de Don Quichotte ? Ou encore de sa mission Écologie et transport ? Après avoir épuisé toutes les missions possibles (la plupart confiées par Nicolas Sarkozy), après avoir échoué aux élections législatives candidat UMP à Paris en 2007), il fut donc nommé au tour extérieur au Conseil d’État. Là où rigueur et compétence sont de mise, quelques dents grincèrent face au fait du prince en œuvre dans sa nomination. C’est donc maintenant à l’OFII où il fut là aussi parachuté brutalement (voir ici) de subir ses saillies verbales. Jusqu’à quand ? Et jusqu’à quand le crédit que seul son nom de famille lui donne va-t-il durer ?

Christophe DAADOUCH & Laurent MUCCHIELLI

http://www.laurent-mucchielli.org/i...

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