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"NON" à la constitution européenne : déclaration de Gérard Filoche

Publie le jeudi 3 février 2005 par Open-Publishing

de Gérard Filoche

“La gauche est partagée sur le referendum pour ou contre le projet de constitution. Les Verts hésitent, le Pcf est contre, la majorité du Ps est pour (60 000 voix pour, 40 000 voix contre), l’extrême gauche est contre. Au niveau syndical, FO, la Cftc, les syndicats Solidaires-Sud, la Fsu sont contre, la direction de la Cfdt est pour, l’Unsa en débat, la Cgt vient de se prononcer nettement contre (74 à 37)

Attac, rappelons-le s’est prononcé à 86 % pour et 14 % contre...

Probablement autour de 60 % de la gauche politique militante et 80 % des syndiqués sont en faveur du “non”...Très certainement la majorité de l’électorat populaire dira non à la question de Chirac...

Raison de plus pour être raisonnables, pas d’anathème, pas d’exclusive, ni dans les partis, ni entre les partis, car nous aurons tous besoin de nous retrouver demain... Il faut songer à l’unité de la gauche après le vote de juin...
D’autant que le débat ne reflète pas une réalité : l’immense majorité de ceux qui sont contre le projet de constitution ne sont pas contre l’Europe...
Si la question était “oui” ou “non” à l’Europe, ils voteraient “oui”, mais il s’agit de voter pour ou contre une constitution libérale, voilà pourquoi le “non” progresse...

Pour ma part, je le redis, je respecte profondément la démocratie dans le Parti socialiste, il y eu 58 000 militants pour le “oui”, et 42 000 pour le “non”, c’est clair. Je donne évidemment acte à François Hollande qu’il ne doit y avoir qu’une seule campagne socialiste, et qu’une seule orientation découlant de ce vote, jusqu’en juin.

Mais il faut laisser vivre et respirer normalement les 40 000 militants qui ont voté “non” : ils ne disposent ni des moyens, ni de l’autorité du parti qui a donc toute latitude pour influencer l’opinion. Pour autant les uns et les autres, s’exprimeront à leur façon, à leur niveau, sans provocation, ni ostentation superflue...On n’est plus au vieux temps du “centralisme démocratique”, et aucun parti ne marche plus à la baguette, il baigne dans la société réelle, ses syndicats, ses associations...

Cogner sur moi en disant que “qui fait un meeting avec la Lcr va à la Lcr” n’est pas élégant : je suis membre depuis plus de dix ans du Parti socialiste et depuis plus de cinq de son Bureau national, j’y suis bien.

La réunion du 7 février à Fontenay sous Bois, à laquelle il est fait allusion, prévue de longue date, n’est pas d’ailleurs pas marquée par la présence de la Lcr (mes désaccords avec Alain Krivine sont profonds, anciens et connus) mais par celle de mes amis Jacques Nikonoff et Yves Salesse, avec Francine Bavay des Verts et Francis Wurtz...

Je n’ai reçu, moi, aucun mandat du Parti socialiste. Et je le regrette. Mais je suis membre du CS d’Attac, je suis un des premiers signataires fondateur de Copernic, je suis membre de la Cgt depuis 1962 ! J’écris quelques livres et je suis amené à en parler dans des réunions publiques, je ne crois pas que ce soit inutile pour l’image du parti...

J’essaie seulement de faire entendre une voix pour défendre, sur un ton un peu plus acharné, les salariés et le droit du travail, c’est évidemment ce qui m’a amené à souhaiter l’échec de cette constitution libérale et de ce qui y est directement lié selon moi : la directive Bolkestein et celle sur la révision de la durée du travail (opt out) sur lesquelles j’alertais le Parti socialiste, avec mes amis de Nps, Nm, Fm même parfois seul, sans être entendu, depuis plus d’un an...(1)

Gérard Filoche, le 3 février 2005

(1) 1500 militants socialistes réunis le 10 avril 2004, à la Halle Carpentier, par Nps, Nm, Fm, en présence de toute la presse, peuvent en témoigner.