Accueil > PEER TO PEER : DE MOINS EN MOINS DRÔLE

PEER TO PEER : DE MOINS EN MOINS DRÔLE

Publie le jeudi 3 février 2005 par Open-Publishing

de Serge Rivron

Mes petits articles, et quelques autres du même type pour la liberté d’échange sur le Net, ont beau "cartonner" sur plusieurs sites web de résistance, les témoignages de sympathie pour ce combat être de plus en plus nombreux et les forums de plus en plus fournis, les lois liberticides que le lobby international et milliardaire du disque et de la distribution audiovisuelle a arrachées au vote des députés assoupis (ou imbéciles ou achetés, barrez les mentions inutiles) des nations du monde entier sont loin d’être empêchées.

La preuve, ce tout récent jugement d’un tribunal français à l’encontre d’un enseignant, condamné à 17000 Euros d’amendes et frais divers pour avoir copié de la musique sur le Net (voir les détails dans l’extrait du communiqué de l’ADA ci-dessous).

Quitte à continuer d’amuser ceux qui me traitent de Don Quichotte, et à agacer ceux qui, prétextant de leur goût pour tel ou tel des "artistes" prêts à discréditer leurs oeuvrettes pour proclamer leur soutien aux majors, laissent l’argent écraser les misérables "coupables" de téléchargement, je veux espérer qu’il est encore possible de faire reculer ce que je persiste à appeler un attentat à la liberté et à la générosité individuelle.

Mais face à la guerre totale qui est faite au P2P, les mots qu’on peut jeter ici ou là sur le Net ou dans quelque média qui les acceptent, aussi virulents soient-ils, les mots n’ont que très peu de poids. Je le répète :

ceux qui ont réussi à imposer aux nations de la terre un régime légal sanctifiant cette hideuse vision d’un monde où toute création artistique, passée, présente ou future, ne tire plus sa capacité à rencontrer les hommes que de rapporter de l’argent à des revendeurs - son transport fut-il immatériel et sa production mille fois amortie ;

ceux qui ont ainsi réussi ce tour de force de convaincre ou d’obliger des centaines de gouvernants et de législateurs à tirer un trait définitif sur 3000 ans de combats et d’espoirs humanistes ;

ceux qui arrivent encore à faire croire à quelques bons ou mauvais apôtres que c’est pour leur bien qu’on en agit ainsi, ceux-là ont usurpé leur incroyable pouvoir des sommes colossales qu’ils brassent et qu’ils sont capables de mobiliser pour continuer à les brasser.

Pour tenter de les contrer, j’invite donc, une nouvelle fois, tous ceux qui pensent que les moulins à vent n’auraient jamais renversé Don Quichotte s’il n’y avait pas eu de vent à unir leurs faibles forces pour arrêter la tempête excitée par les majors et leurs épigones :

 Vrais artistes, compositeurs, auteurs, exigez de vos sociétés, SACEM en tête, qu’elles se désolidarisent totalement des poursuites aux utilisateurs de P2P ; refusez de payer vos cotisations annuelles en attendant que cela soit fait ;

 Elus qui par hasard tomberiez sur ces lignes et en partageriez le point de vue, de quelque bord que vous soyez et quelque soit votre mandat, saisissez le Parlement d’une demande en annulation des lois sur la limitation des échanges sur le Net.

 Et nous tous, parce qu’il faut bien tout notre nombre contre les milliards des majors, envoyons régulièrement quelques Euros (ou plus) à l’ADA (voir ci-dessous - je précise qu’à part y verser mon obole depuis octobre dernier, je n’ai aucun intérêt dans ce qui d’ailleurs n’a rien d’une "affaire").
Serge Rivron, 2 février 2005

Voici l’extrait du communiqué de l’ADA :

PARIS - Mercredi 2 février 2005

17 000 euros pour un lampiste, 5 millions de criminels courent toujours

l’Association des Audionautes (ADA) regrette la première décision judiciaire qui condamne un jeune professeur de 28 ans à environ 15 400 euros :

 3 000 d’amende avec sursis,
 3 400 euros de dommages-intérêts pour la SACEM,
 3 400 euros pour la SDRM,
 3 700 euros pour les majors et
 1 900 euros aux labels indépendants.

A quoi s’ajoute 1500 euros de frais de publication judiciaire et de 400 à 700 euros des frais d’avocats de la partie adverse.

Le Tribunal de Grande Instance de Pontoise a jugé Alexis coupable d’avoir partagé de la musique sur Internet, une pratique déjà adoptée par 5 millions de français. L’ADA rappelle que l’industrie du disque française a enregistré en fin d’année une hausse successive de +6% et +9% par rapport à l’année 2003, alors même qu’un rapport de l’OCDE confirme que les pratiques de partage de musique ne cessent de croître sur le territoire national.

"La décision du juge de Pontoise est regrettable sur le fond et contestable dans ses fondements juridiques", a commenté Aziz Ridouan, le président de l’Association des Audionautes. En effet, le juge ignore totalement le droit à la copie privée reconnu depuis 1985 et va même jusqu’à affirmer que tout téléchargement est assimilable à de la contrefaçon. Le tribunal a de plus motivé sa position en prétendant que "nombre d’internautes ont considéré ou cru qu’il s’agissait d’un univers lieu de liberté où les règles juridiques élémentaires ne s’appliquaient pas".

L’ADA rappelle que la copie privée est un droit et non une liberté, et qu’il s’agit d’une règle juridique élémentaire qui s’applique aussi bien aux cassettes audio échangées dans les écoles qu’avec les fichiers MP3 partagés sur Internet.

Il faut aussi rappeler que les 180 CD gravés par Alexis constituent autant de copies privées pour lesquelles Alexis a payé la rémunération prévue par la loi. Dans un jugement rendu à Châteauroux en décembre 2004 sur une affaire proche, un internaute accusé de partager de la musique et de vendre des CD a été condamné, parce que ces actes avaient outrepassé le droit de copie privée, à 500 euros avec sursis.

A propos de l’ADA :

L’ADA est une association de loi 1901 créée début octobre par des lycéens qui ont souhaité réagir face à la répression et aux procès de l’industrie de la musique et du cinéma. Elle comporte aujourd’hui plus de 2000 membres : étudiants, chercheurs, juristes, économistes, artistes...

Comme elle l’était auprès de l’internaute de Châteauroux, l’ADA sera présente aux côtés de tous ceux qui sont poursuivis par l’industrie phonographique française.

Aziz Ridouan, Président de l’ADA : aziz@audionautes.net

Quentin Renaudo, Vice-président de l’ADA : quentin@audionautes.net