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Merci à Serge Letchimy !

par CAPJPO

Publie le jeudi 9 février 2012 par CAPJPO - Open-Publishing
3 commentaires

Les déclarations de ce député martiniquais à l’assemblée nationale mardi sont une bouffée d’oxygène dans ce marigot de parlementaires qui ne cessent surenchérir en matière de lois xénophobes et soi-disant "sécuritaires".

Serge Letchimy : "Vous, monsieur Guéant, vous privilégiez l’ombre."

Serge Letchimi a déclaré : « Nous savions que pour M. Guéant la distance entre immigration et invasion est totalement inexistante et qu’il peut savamment entretenir la confusion entre civilisation et régime politique. Ça n’est pas un dérapage, c’est une constante parfaitement volontaire. En clair, c’est un état d’esprit et c’est presque une croisade. M. Guéant vous déclarez du fond de votre abîme, sans remord ni regret, que toutes les civilisations ne se valent pas. Que certaines seraient plus avancées voire supérieures. »

« Non M. Guéant, ce n’est pas “du bon sens”, c’est simplement une injure qui est faite à l’Homme. C’est une négation de la richesse des aventures humaines. C’est un attentat contre le concert des peuples, des cultures et des civilisations. Aucune civilisation ne détient l’apanage des ténèbres ou de l’auguste éclat. Aucun peuple n’a le monopole de la beauté, de la science du progrès ou de l’intelligence. Montaigne disait “chaque homme porte la forme entière d’une humaine condition”. J’y souscris. Mais vous, monsieur Guéant, vous privilégiez l’ombre. »

« Vous nous ramenez, jour après jour, à des idéologies européennes qui ont donné naissance aux camps de concentration au bout du long chapelet esclavagiste et colonial. Le régime nazi, si soucieux de purification, était-ce une civilisation ? La barbarie de l’esclavage et de la colonisation, était-ce une mission civilisatrice ? »

« Il existe, M. le premier ministre, une France obscure qui cultive la nostalgie de cette époque, que vous tentez de récupérer sur les terres du FN [À ce moment-là, François Fillon se lève et part, suivi du gouvernement]. C’est un jeu dangereux et démagogique qui est inacceptable. Il existe une autre [France], celle de Montaigne, de Condorcet, de Voltaire, de Césaire ou d’autres encore. Une France qui nous invite à la reconnaissance, que chaque homme... »

M. Letchimy a été coupé à ce moment là par le président de l’Assemblée, Bernard Accoyer et toute la droite, Premier ministre en tête a quitté l’hémicycle.

M. Letchimy a refusé de faire les excuses qu’on lui demandait.

http://www.europalestine.com/spip.php?article6884

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Messages

  • Léger désaccord avec certains camarades sur ce coup mais c’est sans gravité ;-)

    Ce sont des choses qui arrivent...

    Je re-poste ici le comm que j’ai posté sous un autre article.

    J’espère que je vais me faire comprendre sans trop d’ambiguïté.

    Je ne pense pas que certains camarades disent ici que les boules puantes de Guéant et consorts (oui, qu’on les sorte , tiens !) soient du "détail".

    Je ne pense pas qu’ils considèrent non plus que tel combat doive passer devant tel autre.

    Je n’imagine pas bien que ces camarades se foutent de la montée de l’idéologie xénophobe et raciste.

    Ce que j’ai compris, mais peut être me planté-je, c’est que les socialos, se joignant ainsi à l’UMP , Lectchimy compris, font, hélas, "du cirque".

    Ce que j’ai compris de mes camarades, c’est qu’ils déplorent la polémique.

    Oh non pas au sens bourgeois. Non. Parce qu’ils la prennent (avec raison, je pense) exactement pour ce pour quoi elle doit être prise : du théâtre, de piètre qualité, du vent, du blabla.

    La polémique, c’est "parler de la guerre", étymologiquement.

    Or, comme moi, peut être qu’ils en ont tout simplement ras le cul, nos camarades, que "le fond" ne corresponde jamais plus à "la forme". Mais aussi que "la forme" (Letchimy, Mélenchon etc) masque "le fond".

    Peut être qu’ils disent juste qu’il y en ras le cul du théâtre d’ombres qu’est ce Parlement bourgeois ?

    Peut être qu’ils pensent "Létchimy / Obama = même combat" ?

    Si je me trompe sur leurs intentions qu’ils me pardonnent. En tout cas, moi c’est ce que je pense.

    Assez de faire crédit à des représentants du PS de pauvres scènes mimées de passes d’armes en mousse, assez de porter au pinacle ce genre de parlementaire qui s’époumone contre le vomi vert de gris d’un Guéant MAIS qui reste coi sur TOUT CE QUI PERMET A CE VOMI de prospérer avec un minimum d’efforts au sein même du prolétariat !

    On ne dira jamais suffisamment qu’un des ingrédients du terreau du fascisme (pas le seul j’en conviens mais quand même), c’est la lutte de chacun contre tous que permet d’instaurer, chez les prolétaires, la crise systémique du Capital, crise qui ne va aller qu’en s’aiguisant !

    PS= Post Scriptum sur la facture que le Capital nous présente partout dans le monde "on vous a encore bien niqués" !

    Penser que ce genre de discours dans ce genre d’endroits par ce genre de personnes (on peut être noir , monter sur ses ergots et se revendiquer de Césaire MAIS rester pour autant strictement ce que l’on est c’est à dire un député de Péhèsse), discours repris à l’envi par tel et tel suppôt du capitalisme dans tel ou tel média du même capitalisme, puisse servir à quoi que ce soit de positif dans la lutte de classe, c’est de la bêtise.

    Et le faire croire, comme s’y emploie tragiquement "la goooche" (toutes bordures confondues) depuis plusieurs décennies maintenant, ce n’est plus de la bêtise c’est de la saloperie.

    Si les mots ont un sens, ce qu’ils trouvent déplorable, c’est que les socialos PARLENT de la guerre (polémique, dans son sens le plus strict) MAIS ne la préparent pas, ou plutôt même, préparent le désarmement des prolétaires dans la guerre de classe qui fait de plus en plus rage.

    Bien-sûr que Letchimy a raison sur le fond à certains égards. Il est cependant extrêmement dommage (et toujours aussi troublant) que le parti auquel il appartient (le Péhèsse) ne se donne comme champ d’action que le Parlement, ne se donne comme moyen d’agir que de pauvres paroles qui, finalement, ne sont dans un tel contexte que des "pets de bouche", et qu’en outre, au sein même de ce Parlement, le Péhèsse oublie à peu près 90 % des autres sujets de classe. Comme la TVA sociale. Par exemple.

    Bref, Letchimy a usé 10 minutes de salive pour que dalle à part offrir à l’UMP un délicieux second rôle que peut être elle n’osait pas epsérer.

    Parce que ce genre de discours, pour que ça ait, pour NOUS, une quelconque valeur, il faut que cela ait un quelconque effet dans la lutte de classe. Et pour que cela ait l’ombre d’un espoir d’un effet, ce genre de harangue, cela ne se prononce pas d’une tribune "PS" dans une assemblée bourgeoise bien chauffée.

    Par chez moi on dit : "Grands diseux, petits faiseux".

    De ce mal aux relents de 1848-1851, je dirais : "Tous ne mourraient pas mais tous étaient frappés."

    Le PS comme le Front de Gauche.

    Car c’est bien cette fable que tous me rappellent aujourd’hui :

    La Louve

    "Les Animaux malades de la peste", Jean de La fontaine

    Un mal qui répand la terreur,

    Mal que le Ciel en sa fureur

    Inventa pour punir les crimes de la terre,

    La Peste (puisqu’il faut l’appeler par son nom)

    Capable d’enrichir en un jour l’Achéron,

    Faisait aux animaux la guerre.

    Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés

    On n’en voyait point d’occupés

    A chercher le soutien d’une mourante vie ;

    Nul mets n’excitait leur envie ;

    Ni Loups ni Renards n’épiaient

    La douce et l’innocente proie.

    Les Tourterelles se fuyaient :

    Plus d’amour, partant plus de joie.

    Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis,

    Je crois que le Ciel a permis

    Pour nos péchés cette infortune ;

    Que le plus coupable de nous

    Se sacrifie aux traits du céleste courroux,

    Peut-être il obtiendra la guérison commune.

    L’histoire nous apprend qu’en de tels accidents

    On fait de pareils dévouements :

    Ne nous flattons donc point ; voyons sans indulgence

    L’état de notre conscience.

    Pour moi, satisfaisant mes appétits gloutons

    J’ai dévoré force moutons.

    Que m’avaient-ils fait ? Nulle offense :

    Même il m’est arrivé quelquefois de manger

    Le Berger.

    Je me dévouerai donc, s’il le faut ; mais je pense

    Qu’il est bon que chacun s’accuse ainsi que moi :

    Car on doit souhaiter selon toute justice

    Que le plus coupable périsse.

    Sire, dit le Renard, vous êtes trop bon Roi ;

    Vos scrupules font voir trop de délicatesse ;

    Et bien, manger moutons, canaille, sotte espèce,

    Est-ce un péché ? Non, non. Vous leur fîtes Seigneur

    En les croquant beaucoup d’honneur.

    Et quant au Berger l’on peut dire

    Qu’il était digne de tous maux,

    Etant de ces gens-là qui sur les animaux

    Se font un chimérique empire.

    Ainsi dit le Renard, et flatteurs d’applaudir.

    On n’osa trop approfondir

    Du Tigre, ni de l’Ours, ni des autres puissances,

    Les moins pardonnables offenses.

    Tous les gens querelleurs, jusqu’aux simples mâtins,

    Au dire de chacun, étaient de petits saints.

    L’Ane vint à son tour et dit : J’ai souvenance

    Qu’en un pré de Moines passant,

    La faim, l’occasion, l’herbe tendre, et je pense

    Quelque diable aussi me poussant,

    Je tondis de ce pré la largeur de ma langue.

    Je n’en avais nul droit, puisqu’il faut parler net.

    A ces mots on cria haro sur le baudet.

    Un Loup quelque peu clerc prouva par sa harangue

    Qu’il fallait dévouer ce maudit animal,

    Ce pelé, ce galeux, d’où venait tout leur mal.

    Sa peccadille fut jugée un cas pendable.

    Manger l’herbe d’autrui ! quel crime abominable !

    Rien que la mort n’était capable

    D’expier son forfait : on le lui fit bien voir.

    Selon que vous serez puissant ou misérable,

    Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir

    .

  • « Et je dis que de la colonisation à la civilisation, la distance est infinie ; que, de toutes les expéditions coloniales accumulées, de tous les statuts coloniaux élaborés, de toutes les circulaires ministérielles expédiées, on ne saurait réussir à extirper une seule valeur humaine. » (Aimé Césaire – Discours sur le colonialisme – 1950)

    « La vérité c’est qu’il n’y a pas eu beaucoup de puissances coloniales dans le monde qui aient tant œuvré pour la civilisation et le développement et si peu pour l’exploitation. » (Nicolas Sarkozy – Discours de Caen – 2007)

    « Il faudrait d’abord étudier comment la colonisation travaille à déciviliser le colonisateur, à l’abrutir au sens propre du mot, à le dégrader, à le réveiller aux instincts enfouis, à la convoitise, à la violence, à la haine raciale, au relativisme moral… » (Aimé Césaire – Discours sur le colonialisme – 1950)

    « La mode de la repentance est une mode exécrable… Je n’accepte pas que l’on juge toujours le passé avec les préjugés du présent. » (Nicolas Sarkozy – Discours de Caen – 2007)

    « Je veux dire aux Français qu’ils auront à choisir entre ceux qui aiment la France et ceux qui affichent leur détestation de la France (…) les adeptes de la repentance qui veulent ressusciter les haines du passé ».
 (Nicolas Sarkozy – Discours de Nice – 2007)

    Les positions d’Aimé Césaire et de Nicolas Sarkozy sur le colonialisme sont inconciliables ; mais lequel des deux défend le relativisme ? Ce n’est pas Césaire, qui le condamne expressément, mais Sarkozy qui nie l’universalité des valeurs morales en faisant dépendre celles-ci de ce qu’on aimerait ou non la France.

    Pour aimer la France, faudrait-il donc considérer que les tortures infligées aux Algériens par les Le Pen, Bigeard et Massu étaient plus acceptables que celles pratiquées sur les Bosniaques par les sbires de Milosevic ? Et pour aimer l’Amérique, trouver que la prison d’Abou Ghraib valait mieux que les geôles de Kadhafi ?

    Le relativisme moral de Nicolas Sarkozy est absolument détestable.