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Anecdote ordinaire dans un collège ordinaire, ou...

Publie le samedi 11 février 2012 par Open-Publishing
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Anecdote ordinaire dans un collège ordinaire, ou... ce qu’ils ont fait de l’éducation nationale.

Contexte de l’anecdote :

1) On sacrifie les cours.
A une époque, ce qui était important et central dans un collège, c’était les cours. C’est de moins en moins le cas. Sous l’influence libérale, les cours sont devenus secondaires :

 on les rend invivables pour tous, élèves et enseignants, en gonflant les effectifs des classes,
 ils figurent désormais en partie en heures supplémentaires dans les services des enseignants alors que les dispositifs bidons de « remédiation » à la mode, les gadgets, sont eux de plus en plus inclus dans le service « normal »,
 on les fait sauter pour un oui ou pour un non (une information « petit déjeuner et diététique », une intervention « drogue » des pandores…).

On aggrave les difficultés scolaires de beaucoup d’élèves en sacrifiant les conditions d’enseignement (les effectifs par classe), en diminuant les heures d’enseignement, et en parallèle on met sur pied des usines à gaz pour essayer de rattraper une partie des dégâts provoqués. Cherchez l’erreur…

2) On développe l’autonomie des établissements. Le chef d’établissement devient un chef d’entreprise. Il touche désormais des primes au mérite. Il doit « vendre » l’image de son établissement à ceux qui deviennent des « clients ». La tentation est donc grande de fermer les yeux sur certains principes pour contourner l’austérité et le manque de moyens et chercher des « partenariats » avec le monde de l’entreprise. Pour organiser des "sorties", des "évènements", qui sont souvent stériles mais "font bien" dans le journal local et donnent l’impression que "ça bouge"...

L’anecdote :

Dans ce collège ardéchois ordinaire, les profs sont informés par la direction qu’une sortie « information sur les téléphones mobiles » est organisée pour les élèves de 4ème. Sur les heures de cours, bien sûr…

 L’intervenant ? Une association, assure le chef d’établissement.
 Le transport ? Gratuit. Que demande le peuple !

Les profs ne sont pas très curieux. Ils en ont tellement ras la casquette (c’est rien de le dire, le malaise est vraiment profond) qu’ils voient ce genre de sortie comme une bouffée d’oxygène, une ou deux heures de cours qui sautent, une respiration, donc on ne se pose pas de question.

Et puis voilà, on finit par apprendre que la sortie est en fait organisée par… Orange ! Et qu’on s’est fait rouler dans la farine.

Les représentants des parents d’élèves, informés en catastrophe, expriment leur colère au Conseil d’administration. Mais pour des prunes, car personne n’a les moyens légaux de s’opposer à cette décision du chef d’établissement…

Anecdotique, mais caractéristique de ce qu’ils ont fait de l’éducation nationale et de ses objectifs. On ne cherche plus à éduquer de futurs citoyens mais à préparer des clients. Que s’est-il passé, comment avons-nous pu laisser faire ça ? L’abattement et la stupeur frappe toute une génération d’enseignants qui s’asphyxie chaque année un peu plus… Le bateau coule…

Chico

Messages

  • Et dans les années 80,lorsqu’EDF organisait pour les profs volontaires des visites le mercredi(avec transport et repas gratuits)dans une centrale nucléaire des bords de Loire ?C’était les profs les plus syndicalistes(SNES,SNI surtout)qui le lendemain nous vantaient,à la cantine, la sécurité de ces centrales.Je n’ai jamais été vraiment antinucléaire mais cette propagande au près du corps professoral m’a toujours écoeuré.C’est vrai que je ne suis jamais passé pour un modèle très coopératif par mes hiérarchies respectives...