Accueil > Bilan du fascisme en Turquie : plus de 240 arrestations en 48 heures

Bilan du fascisme en Turquie : plus de 240 arrestations en 48 heures

par Bilan du fascisme en Turquie : plus de 240 arrestations en 48 heures

Publie le mardi 14 février 2012 par Bilan du fascisme en Turquie : plus de 240 arrestations en 48 heures - Open-Publishing
1 commentaire

La police du régime Erdogan a arrêté lundi et mardi matin plus de 240 personnes dont au moins 15 femmes syndicalistes, un journaliste et une scénariste, au cours des opérations menées dans une trentaine de villes contre le principal parti kurde BDP et les syndicats opposants. Le syndicat français Solidaires condamne fermement les arrestations arbitraires des syndicalistes.

Le régime AKP, parti au pouvoir du premier ministre Recep Tayyip Erdogan, a procédé à des arrestations massives à travers le pays, notamment à Istanbul, Ankara, Adana, Diyarbakir et à Batman, sous prétexte de lutter contre le KCK, une affaire planifiée par le gouvernement pour intimider le mouvement légal kurde et tous ceux qui critiquent l’AKP et la confrérie de Fethullah Gulen, son allié fort.

Ces opérations simultanées interviennent au moment où le clan Erdogan et la confrérie Gulen se sont lancés dans une féroce guerre du pouvoir en Turquie.

Des fouilles ont été effectuées dans les locaux de la Confédération des syndicats des fonctionnaires publics (KESK), du syndicat des travailleurs du secteur de la santé et des services (SES) et du syndicat des travailleurs municipaux (Tüm Bel-Sen).

La plus vaste opération

149 personnes ont été arrêtées dans le cadre de l’affaire KCK au cours de ces opérations menées dans 28 villes, selon le chef de la police d’Istanbul, Huseyin Capkin, mais le nombre dépasse les 200, compte tenu des autres arrestations liées au problème kurde, d’après les chiffres obtenus à partir des articles de deux agences kurdes, Firat (ANF) et Dicle (DIHA).

42 personnes ont été arrêtées à Istanbul, 36 à Batman, 20 à Mardin, 15 à Ankara, 13 à Adana, 10 à Izmir, 10 à Diyarbakir, 10 à Antep, 8 à Van, 6 à Hakkari, 6 à Sirnak, 6 à Mersin, 3 à Erzurum, 3 à Urfa, 2 à Denizli, 1 à Adiyaman, 1 à Bitlis et 1 à Kocaeli, ce qui fait 193 arrestations, selon le décompte de l’ActuKurde.

Parmi ces personnes figurent au moins 15 femmes syndicalistes, toutes membres de la confédération KESK, alors qu’une quarantaine de membres de cette confédération sont déjà en prison, ainsi qu’un journaliste de DIHA et une scénariste.

243 arrestations en 48 heures

Par ailleurs, dix personnes ont été arrêtées le même jour à Halfeti, dans la province de Urfa, lors d’une manifestations en faveur du chef du PKK, Abdullah Ocalan, qui n’est pas autorisé à rencontrer ses avocats depuis le 27 juillet 2011 sur l’Ile d’Imrali où il est emprisonné sous totale isolation depuis 1999.

Le bilan des arrestations en un jour monte à 203, ce qui fait la plus vaste opération politique depuis le lancement de l’affaire KCK en 2009, après le succès historique du parti kurde lors des élections municipaux.

40 autres dont cinq enfants ont été arrêtés le 14 février à Urfa, Van, Nersin et à Diyarbakir, suite aux perquisitions effectués par la police à leurs domiciles, portant à 243 le nombre d’arrestations en 48 heures.

Le KCK, accusé par les autorités d’être la branche politique du PKK qui, selon le premier ministre turc Recep Tayyi Erdogan, œuvre pour un État « parallèle », mais il s’agit d’un « coup politique » pour réduire au silence tous ceux qui critiquent le gouvernement, selon le principal parti kurde BDP et les opposants.

BDP : Le fascisme ne connait aucune limite

« Le fascisme d’AKP ne connais aucune limite. L’AKP vise tous ceux qui ne se soumettent pas et refusent de s’agenouiller devant lui. Nous ne plierons jamais devant le fascisme. La résistance contre le terrorisme d’Etat est légitime » a déclaré Selahattin Demirtas, le co-président du parti kurde BDP, appelant à la résistance populaire.

Solidaires condamne fermement les arrestations

Dans un communiqué, le syndicat français, l’Union syndicale Solidaires condamne « fermement les arrestations arbitraires des syndicalistes, mais aussi les emprisonnements de masse opérés par le gouvernement AKP de Erdogan contre le mouvement syndical, associatif, et le mouvement kurde, et plus largement contre toute forme d’opposition ».

Le syndicat français exprime « son soutien aux syndicalistes emprisonnées et à tout-es celles et ceux, en prison et dehors, qui luttent pour la liberté du peuple kurde, la démocratisation de la Turquie, contre les politiques néolibérales, pour l’égalité, la justice. »

1335 personnes arrêtées en 45 jours

Au moins 1335 personnes ont été arrêtées entre le 1e janvier et 14 février, soit en moyenne 29 par jour, pour des motifs politiques, notamment dans le cadre de l’affaire KCK, selon un bilan de l’ActuKurde à partir des articles de deux agences de presse, Firat et Dicle.

La Turquie bat tous les records du monde

448 personnes dont une trentaine d’enfants ont été arrêtées au cours de 14 premiers jours du février contre 887 au cours du mois de janvier. Parmi elles figurent un enfant de 10 ans arrêté à Diyarbakir le 11 février, des élus, des journalistes, des femmes activistes et des étudiants. Dans aucun pays du monde, même les plus répressifs comme Syrie, on ne voit autant d’arrestations politiques.

Avec le soutien de l’Occident, notamment celui des États-Unis et de la France, la Turquie d’Erdogan est devenue la plus grande prison du monde pour les journalistes avec 106, pour les élus avec des centaines dont 16 maires du parti kurde et huit députées, pour les enfants avec plus de 2 300, pour les étudiants avec 500, pour les avocats avec environ 40 et pour les syndicalistes avec environ 40. (http://www.actukurde.fr/)

*** Apres la publication de cet article, la police turque est intervenue violement ce mardi contre lors des funérailles d’un militant kurde à Mersin, arrêtant 100 autres personnes dont un maire BDP, portant à 343 le nombre des arrestations en 48 heures.

Messages