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Le loup dans la bergerie

par dlr

Publie le jeudi 23 février 2012 par dlr - Open-Publishing

Edito - El Watan du 22/ 02/ 2012
Le loup dans la bergerie
Tayeb Belghiche

Les islamistes arabes deviennent de plus en plus agressifs et arrogants. Portés au pouvoir dans certains pays dans le sillage du Printemps arabe auquel ils n’ont pas participé, ils croient avoir le vent en poupe et tentent de ce fait d’étendre leur influence dans les pays qui ont échappé à leurs griffes. C’est ce que fait, entre autres, Rached Ghannouchi, le chef du parti Ennahda de Tunisie. Reçu en Algérie avec les honneurs dus à un chef d’Etat, il s’est mis dans la peau d’un leader et s’est mis ainsi à faire de l’ingérence. Parlant des prochaines élections législatives du 10 mai en Algérie au quotidien de langue arabe El Khabar, il a émis l’espoir « que les résultats (des islamistes) seront bons, si Dieu le veut, malgré la division ».

C’est là une prise de position claire et nette pour le MSP, Ennahda et tous ceux qui se réclament de la mouvance intégriste. Son parti est déjà en train de faire, sournoisement, le lit du wahhabisme en Tunisie en manipulant, par exemple, des organisations estudiantines qui cherchent à imposer le nikab à l’université et qui pensent créer une police « du vice et de la vertu » à l’image de ce qui se fait en Arabie Saoudite. Pour ce projet obscurantiste, l’argent ne manque pas. Le Qatar est là pour financer l’ascension du salafisme. Il semblerait d’ailleurs que les pays du Golfe aient décidé de faire jouer à Ghannouchi un rôle prépondérant au Maghreb, une sorte de cheval de Troie pour leur idéologie antidémocratique et anti-libertés. Il se trouve en effet que les islamistes algériens sont les plus médiocres de la mouvance internationale. Ils n’ont ni intellectuels ni théoriciens pour faire valoir leurs idées. Et pour combler leurs carences, ils font appel à des théoriciens et à des prêcheurs d’Egypte et d’autres pays du Proche-Orient. Chez Ghanouchi, un intellectuel de talent, ils ont trouvé le parrain qui leur manquait.

C’est lui désormais qui va guider à distance la barque islamiste algérienne. Ces élections législatives seront pour lui l’occasion de jouer le rôle discret de conseiller de Bouguerra Soltani et ses confrères. Surtout que la disparition et l’émiettement du courant démocratique algérien vont incontestablement favoriser la consolidation de l’islamisme en Algérie. Le pouvoir en place a travaillé dans cette perspective et il est en voie de réussir. Abdelaziz Bouteflika n’a-t-il pas dit qu’il se sent plus proche des islamistes que des démocrates ? Ce qui laisse présager un avenir incertain pour l’Algérie, minée dans ses fondements depuis une dizaine d’années.

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