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"une priorité de l’Etat" qu’ils disaient !!!

par Syola

Publie le lundi 26 mars 2012 par Syola - Open-Publishing


Dire que les préfectures avaient été chargées de mettre en place les actions de lutte contre les discriminations ! Vous les avez vues, vous ?

un exemple de la déliquescence de cette soit-disant "priorité de l’Etat" pris dans le 06 :


1° La lutte contre la discrimination et pour l’égalité des chances (les COPEC)

En début 1990 était lancée officiellement une Commission Préfectorale dans toute la France ayant pour objet l’optimisation de l’accession à la citoyenneté (= égalité des chances) et contre la discrimination. Ces objets nous étaient présentés comme "priorités de l’Etat". Ces Commissions devaient faire travailler de concert les responsables, les Grands Services de l’Etats, les travailleurs sociaux et les associatifs. Sous 3 appellations successives (Cellule - CODAC - COPEC), cette structure a théoriquement 23 années d’existence.

Le MRAP-Nice y a siégé et y siège tout ce temps régulièrement et activement ; structure théorique parce que, pendant toutes ces années, elle aura à peu près travaillé 50% du temps et aura eu 50% de sommeil. Le MRAP, qui siège dans 2 sous-commissions (Education et Discrimination à l’Emploi), a fait un nombre important de démarches de relance auprès de la Préfecture, de l’Inspection Académique et de la DDTEFP. On sait d’expérience que, lorsque cette structure est en état de fonctionnement, elle peut faire un excellent travail et nous en avons fait. Et voilà que depuis le 4 mai 2010 c’est à nouveau la panne, soit bientôt 2 ans ! Le MRAP a :

- envoyé une lettre d’alerte au Préfet, le 21 novembre 2011 (sans réponse) ;

- envoyé un rappel le 26 janvier 2012 sans plus de succès.

- a alors saisi directement le Ministère de l’Intérieur ce 20 fév. 2012 (nous sommes toujours en attente de réponse plus d’un mois après !)

2° Deux systèmes d’alerte arrêtés dans le même temps :

Dans le même temps, deux systèmes d’alerte qui avaient fait les preuves de quelque efficacité furent carrément arrêtés :

- D’abord le n°114 d’appel d’urgence en cas de discrimination (appel gratuit), lancé le 17 mai 2000, fut remplacé, à compter du 15 février 2004, par un n° plus compliqué et payant. Le 114 comptabilisant plus d’une centaine d’appels par jour, ce numéro de substitution eut évidemment beaucoup moins de succès. Il finit naturellement par s’éteindre.

- Enfin la HALDE même, l’une des deux seules préconisations de la Commission STASI (décembre 2003) à avoir été mise en place sur un total de 22 propositions faites au Gouvernement par la Commission, a vu le jour ! Elle nous avait été présentée à Nice, en grande pompe, le 30 novembre 2005. Cette instance fonctionna à peu près correctement et avec un minimum de proximité du terrain sous la présidence de Monsieur Louis Schweitzer.

Le changement de présidence le 16 avril 2010 la positionnait de façon beaucoup moins efficace par rapport à son objet. De toute façon, son enfouissement dans la Constitution lors de la 23° réforme du 21 juillet 2008 faisait de cette instance indépendante un service d’état tout à la main du Président de la République !

Quand les lumières s’éteignent on y voit moins clair : et nous voici sur ce chantier lourd des discriminations carrément dans le brouillard.

3° pour faire patienter, le ministre de l’Intérieur lance un leurre :

Sans doute conscient de l’accumulation des dérives que nous dénonçons, le gouvernement lance un leurre : e« la création auprès du ministre de l’Intérieur, d’un délégué interministériel pour lutter contre le racisme et l’antisémitisme » (cf. AFP 15/02/12). L’initiative paraît énorme après le constat effectué, après le fait que le Contrat d’insertion précédent n’ait jamais été évalué, après l’élaboration d’un programme de lutte contre les discriminations (auquel nous avions longuement travaillé !) mis en place en juillet 2004 et annulé sans explications en mai 2006.

Mais que pourra faire ce respectable personnage lié au ministre de l’Intérieur, à côté du Défenseur des Droits lié au Président de la République (art.71-1 de la Constitution) ?

Feuilletons cependant quelques « bonnes » pages de ce document. On nous rappelle, en exergue, car il en était besoin, que « la lutte pour l’égalité des êtres humains et contre les discriminations est, depuis deux siècles, au fondement de notre pacte républicain ». C’est beau comme de l’antique ! Il est précisé que « son rôle (à ce délégué) sera d’impulsion, de proposition et d’évaluation et qu’il sera l’interlocuteur privilégié des administrations, des consultations, du Défenseur des Droits, des associations… ». Enorme, vous dis-je, énorme !

Ce document étant mis en ligne, nous l’avons étudié, notamment sur les sujets que nous maîtrisons le mieux : l’Education, la Justice, les associations, les acteurs économiques, l’instruction civique, l’histoire et l’esclavage, les gens du Voyage… Nous attendant à un cahier des charges en projet, nous trouvons, sur toutes ces questions, de merveilleuses évaluations du travail…non fait. Nous sommes bien placés pour le savoir, représentant le MRAP dans les COPEC et sur le terrain à travers tout le territoire national. Heureusement qu’ils n’ont pas osé titrer leur texte « I have a dream » !


Mais qui peut prendre au sérieux un tel document quand, dans le même temps, on constate les actes contraires posés, qu’on entend les dérapages de petites phrases inquiétantes de personnages politiques en responsabilité.
Va-t-on encore longtemps prendre les citoyens pour des imbéciles ?

4° Cascade de propos inquiétants :

Faut-il voir se dessiner une nouvelle orientation politique dans la cascade de propos quelque peu inquiétants qui nous parviennent presque quotidiennement ? Nous n’osons pas le croire. Nous aimerions pouvoir leur garder le bénéfice du doute en les resituant dans leurs contextes ; c’est du moins ce à quoi on nous invite à chaque saillie émanant de bouches politiques supposées autorisées et responsables. Mais ça en fait vraiment beaucoup, à bonne cadence et toujours dans le sens de la même pente.

Quand on les regarde en enfilade et perspective ça semblerait tout de même faire système, et un système qui inquiète. C’est successivement la critique de l’Homme Africain qui est en retard sur l’Histoire ; c’est la hiérarchie de valeurs des civilisations ; c’est la suspicion de tout ce qui est musulman comme plus ou moins potentiellement intégriste, voire terroriste ; c’est la critique des prières de rues alors que les musulmans eux-mêmes y sont contraints à leurs corps défendant parce qu’ils n’arrivent pas à avoir les permissions de construire des mosquées ; c’est, dernièrement, la peur créée artificiellement de voir la viande hallal imposée dans les cantines scolaires s’il y a des élus musulmans ; c’est..., c’est... etc. Et on prend peur.

Mais où sont nos rêves de respect et d’égalité des personnes, que l’on croit bon de nous rappeler être un fondement constitutif de pacte républicain ? Mais où sont les belles paroles présentées en priorité de l’état ? Mais où sont les structures sensées les mettre en oeuvre et ayant fait leurs preuves d’un peu d’efficacité ?

Oh ! le discours officiel reste toujours gonflé de cette expression apparemment belle mais impossible : "L’EGALITE DES CHANCES !" Mais oui, on constate tous les jours sur le terrain que cette égalité-là est impossible. Parlez-nous plutôt de "L’EGALITE DES DROITS" qui reste à faire. Elle est faisable quand on veut ; mais, le veut-on ?

MRAP - Nice