Accueil > lettre d’avril à Obama

lettre d’avril à Obama

par kakine

Publie le dimanche 1er avril 2012 par kakine - Open-Publishing

Monsieur le Président Obama

The White House

1600 Pennsylvania Avenue N.W.

Washington DC 20500

Monsieur le Président,

Gerardo Hernández, un des Cinq, purge depuis plus de treize ans une peine de prison à vie. Il est accusé de « conspiration en vue d’assassinat » pour la mort, le 24 février 1996, de quatre pilotes de l’organisation Hermanos al Rescate (HAR).

Cette accusation est ridicule, ce Cubain, comme ses quatre compatriotes Fernando González, Ramón Labañino, Antonio Guerrero et René González a consacré sa jeunesse à lutter contre le terrorisme.

La mort de ces jeunes pilotes est un drame auquel Gerardo Hernández est étranger. Cela est si vrai, que le Ministère Public avait demandé que soit enlevé de son dossier cette accusation, reconnaissant qu’elle était impossible à prouver. Pourtant, en un temps record le jury a déclaré Gerardo Hernández coupable. Le contraire eût été étonnant dans le climat délétère qui était entretenu à Miami au moment du procès, en soudoyant au besoin quelques journalistes.

Le responsable de l’organisation HAR, Jose Basulto, a été interviewé par le journaliste Calvo Ospina à Miami, en 1997. A la question :

« D’autres sources disent également que les avions de HAR ont violé au moins vingt fois l’espace aérien cubain, et qu’à chaque occasion, ils lançaient de la propagande antigouvernementale. Est-ce vrai  ? », Basulto a répondu ceci :

« Affirmatif. Le 13 août 1995, par exemple, nous avons survolé La Havane. Mais c’était pour perturber l’intervention militaire cubaine sur plusieurs embarcations de l’exil. Les 9 et 13 janvier 1996 aussi, profitant des conditions météorologiques et d’une altitude adéquate, nous avons lancé 500.000 tracts qui donnaient un message simple... »

Comment aurait réagi votre administration, Monsieur le président, si à plusieurs reprises l’aviation cubaine avait violé le territoire aérien des Etats-Unis, allant même jusqu’à survoler la capitale de votre pays ? Je suppose que la riposte aurait été immédiate et fulgurante !

Quand Calvo Ospina s’étonne auprès de Basulto :

« Pourquoi n’ont-ils pas abattu ou fait atterrir vos avions plus tôt ? N’importe quel autre pays l’aurait fait
. », la réponse de ce dernier est sans ambiguité :

« Je ne sais pas ! Je ne sais pas pourquoi ils ne nous ont pas abattus. Et presque à chaque fois, nous avons lancé des tracts sur La Havane, les mêmes que nous jetions sur les bateaux de guerre cubains Le message était simple, inoffensif, par exemple : " compañeros no, hermanos", pour dire que nous ne sommes pas des camarades. D’autres appelaient à la désobéissance civile... Par la suite, des opposants, des dissidents de Concilio Cubano et des journalistes indépendants, que nous soutenions, ont téléphoné aux radios de Miami, pour dire qu’ils avaient ramassé plusieurs tracts et les avaient distribués autour d’eux.
 »

La congressiste de Floride Ileana Ros-Lehtinen a fait appel le 24 février dernier à la police internationale (Interpol) pour demander l’arrestation des trois pilotes cubains qui ont abattu ces deux avionnettes de HAR.

Cette congressiste ne manque pas d’aplomb, alors que les mises en garde ont été nombreuses émanant de Cuba, du FBI, et de la FAA (fédéral Aviation Administration), sur les risques que prenait l’organisation HAR en violant l’espace aérien cubain.

Cette demande frise en outre l’indécence quand on connaît le rôle joué par Ros-Lehtinen dans la grâce accordée par le Président Georges Bush « père » à Orlando Bosch, un des cerveaux de l’attentat contre un avion de « la Cubana » qui avait causé la mort de 73 personnes, le 6 octobre 1976. Cette femme, lors du procès de Luis Posada Carriles, l’autre cerveau de cet attentat, récoltait des fonds pour le paiement des avocats de ce criminel.

L’inhumanité, Monsieur le Président, n’est pas dans le camp des Cinq, mais bien dans celui des Basulto, Ros-lehtinen et ceux qui les soutiennent.

Les cinq patriotes Cubains souffrent chaque jour depuis plus de treize ans une injustice monstrueuse. Cette injustice délibérée de votre part, est d’autant plus révoltante, que ni Gerardo Hernandez, ni René Gonzalez ne peuvent recevoir les visites de leurs épouses à qui votre administration refuse systématiquement le visa d’entrée aux Etats-Unis.

René González a purgé sa peine, mais doit rester trois ans aux Etats-Unis. Son avocat avait demandé fin février une permission spéciale de quinze jours pour que René puisse se rendre à la Havane au chevet de son frère Roberto hospitalisé pour une tumeur cancéreuse au cerveau. Bien que votre gouvernement ait rejeté, le 12 mars, cette demande, la juge Joan Lenard du tribunal de Miami la lui a octroyée le 19 mars. Nous la remercions sincèrement pour ce geste.

Monsieur le Président, combien de temps encore allez-vous faire durer le calvaire des cinq Cubains ? Le jour viendra où les Etats-Unis devront répondre de leur acharnement contre Cuba.

Espérant malgré tout de votre part, un geste pour amorcer de nouvelles relations entre vos deux pays, ne serait-ce que pour honorer votre prix Nobel de la Paix, recevez, Monsieur le Président, l’expression de mes sentiments humanistes les plus sincères.

Jacqueline Roussie

Copies envoyées à : Mesdames Michelle Obama, Nancy Pelosi, Hillary Clinton, Kathryn Ruemmler, Janet Napolitano, à Messieurs. Harry Reid, Eric Holder, John F. Kerry, Pete Rouse, Donald, Rick.