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Condamnée pour avoir organisé la destruction professionnelle d’une enseignante

par La Voix du Nord

Publie le jeudi 5 avril 2012 par La Voix du Nord - Open-Publishing
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TRIBUNAL DE LENS
Enseignante dans un collège réputé difficile, Laura (1) découvre un jour de 2010 sur Facebook qu’un élève a lancé un appel à « bordeler » sa classe. Plus que la démarche du garçon, ce sont les encouragements de sa mère sur ce même réseau social qui poussent l’enseignante du bassin minier à lancer une procédure en justice. Le 13 mars, le tribunal de Lens lui a donné raison et a condamné la mère à 2 000 euros de dommages et intérêts.

« S’il devait y avoir un message, ça serait que nous avons besoin des parents pour enseigner. »
Laura n’est pas une représentante de l’ancienne école prompte à dégainer la règle pour taper sur les doigts de ses élèves. Celle qui préférerait « instruire » mais se trouve contrainte à « éduquer » a moins de dix ans d’exercice, et a déjà connu nombre de mésaventures avec ses élèves. Et avec leurs parents.
Juin 2010. Par hasard, elle découvre sur Facebook qu’un élève lance un appel pour son prochain cours : « Vendredi à 8 heures débutera la plus grosse partie de bordel jamais entamée. » Au programme, jet des craies, de gommes et « fausses bastons ». La mère de l’élève, son « amie » sur Facebook, « aime » la publication, avant de la commenter : « Fais-la souffrir, cette follasse ! »
Le profil du jeune homme est semi-public : ses amis sur le réseau social et les amis de ses amis peuvent le lire. « Autant dire que tout le collège était au courant. » L’enseignante prévient sa hiérarchie qui dit ne rien pouvoir faire sans flagrant délit. Après « la pire heure de cours de (sa) vie », Laura produit un récit des faits et obtient, non sans mal, que quatre élèves passent en conseil de discipline.
« Là, je me suis sentie lâchée. »
Des exclusions temporaires sont prononcées, mais elle a tout de même l’impression d’être « sur le banc des accusés ». L’enseignante, pour les besoins de son rapport, a enregistré le cours. « Le principal a dit que c’était illégal devant toutes les personnes présentes. Ce n’est pas vrai ! » « Salie », la professeure décide d’assigner la mère du jeune garçon au tribunal.
Au collège, on se refuse à tout commentaire, estimant qu’il s’agit là d’une « histoire personnelle ». Laura, elle, pense tout le contraire : « J’ai été visée en tant qu’enseignante. » D’où la volonté de préserver son anonymat et celui de la partie adverse.
Pour elle, ces faits sont symptomatiques d’une dérive : « J’ai compris que si l’enfant ne me respectait pas, c’est que sa mère ne me respectait pas non plus. » « À ma connaissance, ici, c’est la première demande en ce sens », rapporte pour le tribunal de Lens qui a jugé l’affaire, le greffier, Frédérique Cica. En revanche, au SNALC ni cette violence envers les enseignants ni leurs plaintes n’étonnent. « On a bien d’autres remontées. Ces derniers jours, trois personnes m’ont contacté pour des faits similaires. Et c’était le week-end. L’une va déposer plainte », explique Benoît Theunis, président académique du Syndicat national des lycées et collèges. Finalement, la mère devra verser à Laura 2 000 euros de dommages et intérêts. « L’élève a été puni, la mère a été condamnée... »
Reste encore un problème de fond pour Laura : « Si certains parents agissent ainsi, c’est peut-être qu’ils sentent qu’ils peuvent le faire. »

http://www.lavoixdunord.fr/Region/actualite/Secteur_Region/2012/04/03/article_insultee-sur-facebook-une-enseignante-fa.shtml

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