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La Turquie et le Qatar ont chacun leur Al-Qaïda en Syrie

par Maxime Azadi

Publie le mardi 29 mai 2012 par Maxime Azadi - Open-Publishing

Les attentats meurtriers se multiplient en Syrie, après l’entrée en vigueur du plan Annan. Les doigts pointés vers Al-Qaïda. Selon le chef du principal parti kurde PYD, la Turquie, le Qatar et l’Arabie Saoudite ont chacun leur Al-Qaïda : « On ignore quel Al-Qaïda commet des attaques et quel est le véritable Al-Qaïda ».

Les kurdes sont les grands oubliés du conflit syrien. Pourtant l’avenir de la Syrie et du Moyen-Orient dépendent incontestablement des kurdes, un peuple qui est déterminé à ne pas rater cette opportunité historique afin de prendre leur véritable place au Moyen-Orient.

Les kurdes ont boycotté les élections

90 % des électeurs kurdes ont boycotté les élections législatives organisées le 7 mai, selon Saleh Mohammad Muslim, le chef du Parti de l’union démocratique (PYD) et vice-président du Comité de coordination pour le changement national et démocratique (CCCND), composé des partis arabes, kurdes, assyriens, socialistes et marxistes, ainsi que des personnalités indépendante. Pour lui, les élections n’étaient qu’un simulacre, n’apportant aucune nouveauté.

Sous la menace directe du régime syrien et la Turquie, et face au silence, la complicité et les manipulations de l’Occident, les kurdes poursuivent à construire leur autonomie démocratique, en ouvrant à l’initiative du principal parti kurde PYD des écoles de langue, interdits jusqu’à la révolte lancée en mars 2011, créant des communes, des conseils du peuple et des comités de légitime défense pour protéger la population kurde, estimée entre 2 et 3 millions, soit 15 % de la population du pays.

Pour des analystes kurdes, le Moyen-Orient est entré dans une guerre régionale, allant de Méditerranée jusqu’en Afghanistan, avec le conflit syrien. Suite au cessez-le-feu entré en vigueur officiellement le 12 avril dans le cadre du plan Annan, les attaques les plus meurtrières ont été perpétrées. Des massacres venants des deux cotés. Le 10 mai, au moins 55 personnes ont été tué dans un attentat suicide à Damas. Les autorités syriennes et le secrétaire général des Nations-Unis, Ban Ki-moon, ont pointé du doigt Al-Qaïda.

La Turquie organise des violences

Il pourrait y avoir plusieurs Al-Qaïda derrières les attaques perpétrées à Damas, à Alep et dans les autres régions du pays, selon le chef du PYD : « La Turquie, le Qatar et l’Arabie Saoudite ont chacun leur Al-Qaïda. On ignore quel Al-Qaïda commet des attaques et quel est le véritable Al-Qaïda ? Nous savons désormais que ces pays se sont impliqués sérieusement dans des violences en Syrie. Cependant, les groupes soutenus par la Turquie affaiblissent. La politique du gouvernement AKP du premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan sur la Syrie s’est effondrée de manière sérieuse après le plan Annan. C’est notamment pour cette raison que la Turquie organise des violences pour faire échouer le plan. »

Le CNS ne représente pas l’opposition interne

Le chef du PYD affirme que le plan Annan n’avance pas : « Car, les deux parties ne respectent pas le cessez-le-feu. Les détenus ne sont pas libérés. Les affrontements sont diminués dans les régions visitées par les observateurs et les aides humanitaires arrivent dans certaines régions mais, la situation reste confuse. »

Les rencontres à Washington

Selon Saleh Mohammad Muslim, le Conseil National Syrien (CNS), formé à Istanbul, est une extension de l’AKP. « Le CNS ne représente pas l’opposition interne. Il ne s’agit pas d’une structure organisée et agit comme une extension de l’AKP. »

Il a également parlé de rencontres effectuées le 8 mai à Washington entre Robert Ford, l’ancien ambassadeur américain à Damas qui a quitté le pays pour des raisons de sécurité, le coordinateur spécial pour la Syrie, Fred Hof, et des représentants du Conseil national kurde (KNC). Le PYD ne fait pas partie de cette organisation kurde.

Affirmant que le KNC ne se voit pas comme faisant partie du CNS, il a dit : « Même les américains n’auraient demandé à la délégation kurde de joindre au CNS. Au contraire, ils auraient souligné la nécessité d’une union entre les kurdes. Selon nos informations, le Ministère des Affaires étrangères américain a dit à la délégation d’une manière indirecte de s’accorder avec le PYD. »

Aucune solution en Syrie sans le PYD

Il ajoute : « Nous travaillons depuis un certain temps pour construire l’union des kurdes. Nous allons vers un Conseil National du Kurdistan. Désormais, tout le monde admet que le PYD est une force. Il n’y aura pas de solution en Syrie sans le PYD. Nous sommes maintenant en mesure de nous défendre. En bref, aucun plan n’a la chance de parvenir au succès sans le PYD. »

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