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Julian Assange est réfugié à l’ambassade d’Equateur à Londres

par ANNE-FRANÇOISE HIVERT

Publie le mercredi 20 juin 2012 par ANNE-FRANÇOISE HIVERT - Open-Publishing

Le fondateur du site WikiLeaks demande l’asile politique à ce pays latino-américain, a annoncé mardi le chef de la diplomatie équatorienne, Ricardo Patiño.

Le fondateur de Wikileaks devait être extradé en Suède dans les prochains jours. Eyant épuisé tous les recours auprès de la Justice britannique, il lui restait encore la possibilité de se tourner vers la Cour européenne de Justice. Il a choisi une autre option : mardi, le ministre équatorien des Affaires étrangères, Ricardo Patiño, a confirmé que Julian Assange avait trouvé refuge dans l’ambassade du pays à Londres, où il a déposé une demande d’asile politique. Une requête en cours d’examen à Quito.

Accusé de viol et d’agressions sexuelles par deux Suédoises depuis août 2010, Assange a été arrêté à Londres quatre mois plus tard, en décembre, en vertu d’un mandat d’arrêt émis par la Suède. Depuis, il a tout fait pour s’opposer à son extradition vers Stockholm, saisissant tous les recours possibles et n’hésitant pas au passage à dresser un triste tableau du système judiciaire suédois, digne d’une « république bannière » selon ses avocats.

Le fondateur de Wikileaks est convaincu que les autorités suédoises n’hésiteront pas à l’extrader aux États-Unis, une fois qu’il aura été entendu par la procureur en Suède. Les experts suédois démentent : en vertu des accords internationaux, la Suède ne peut accepter une demande de Washington qu’avec l’accord de la Grande-Bretagne, ce qui risque de compliquer les choses pour les Etats-Unis, qui n’ont d’ailleurs toujours pas fait connaître de demande en ce sens.

Le 14 juin, la Cour suprême britannique a rejeté l’ultime recours de ses avocats, spécifiant que l’extradition devait avoir lieu dans les jours suivant le 28 juin. Une tentative de la dernière chance ? Le 30 novembre 2010, alors qu’Interpol venait d’émettre une « notice rouge » pour l’arrestation d’Assange, le vice-ministre équatorien des Affaires étrangères, Kintto Luca, a annoncé qu’il était prêt à offrir l’asile à l’Australien « sans contrepartie ».

L’information a été démentie dés le lendemain par le président du pays, Rafael Correa, qui a assuré qu’« aucune invitation formelle n’avait été émise », accusant au passage Julian d’Assange d’avoir violé la loi, en publiant quelques jours plutôt les câbles diplomatiques américains.

En Suède, les réactions ne se sont pas fait attendre. L’avocat, Claes Borgström, avocat des deux plaignantes, interrogé par le quotidien Svenska Dagbladet, reconnaît avoir du mal à comprendre sa stratégie : « Il peut chercher l’asile où il veut en ce qui me concerne. Mais la cour suprême suédoise a ordonné son interpellation et une extradition est en cours à laquelle il ne peut échapper. Il peut utiliser les moyens juridiques qui existent (…). Mais l’objectif est difficile à comprendre. A part la possibilité qu’il ait peur d’être condamnée pour viol en Suède »

Les Suédois jugent l’attitude d’Assange d’autant plus difficile à comprendre que celui-ci n’a toujours pas été inculpé et qu’il ne le sera peut être d’ailleurs jamais. Selon Christian Diesen, professeur de droit à l’Université de Stockholm, « seulement 10% des plaintes pour viol débouchent sur une inculpation et dans près du quart des cas qui arrivent devant les tribunaux, l’accusé est blanchi, faute de preuves suffisamment fortes. »

D’ailleurs, observe le juge Nils Petter Ekdahl, si l’Australien était condamné, « ce serait étonnant qu’il écope de plus de deux ans de prison ». Soit seize mois derrière les barreaux, en tenant compte
de la remise en liberté qui intervient en général aux deux tiers de la peine. Or cela fait déjà plus de dix huit mois qu’Assange a été placé en liberté surveillée à Londres.

http://www.liberation.fr/monde/2012/06/19/julian-assange-demande-l-asile-politique-a-l-equateur_827696