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Géorgie : le “Rêve géorgien” inquiète les ONG

par Ranv’

Publie le lundi 23 juillet 2012 par Ranv’ - Open-Publishing

Nouveau venu sur la scène politique géorgienne, le “Rêve géorgien” vise à promouvoir la candidature prochaine de Bidzina Ivanishvili aux élections présidentielles de 2013. Si la coalition utilise pleinement les moyens financiers illimités de l’oligarque franco-géorgien, ses méthodes commencent à inquiéter les ONG.

Pour conquérir le pouvoir, Bidzina Ivanishvili n’hésite pas à puiser dans son immense fortune personnelle. Outre une armée de lobbyistes à Washington chargés de promouvoir et crédibiliser sa candidature, l’oligarque franco-géorgien inonde de ses dollars le théâtre politique géorgien. Problème, le sulfureux homme d’affaires semble s’être affranchi de toutes les règles anti-corruption.

Le 5 Juin, plusieurs chaînes de télévision ont révélé que des militants du parti de Bidzina Ivanishvili« le rêve géorgien », ont distribué des flyers dans la ville de Koutaïssi permettant aux volontaires prêts à les arborer de recevoir des cadeaux d’une valeur allant jusqu’à 1 000 Lari. Une façon à peine déguisée d’acheter des votes en faveur du principal rival de Mikhail Saakachvili.

Quelques semaines plus tard, c’est la création d’un organisme de charité qui a attiré l’attention. La fondation Komagi propose de défendre “les victimes de répression politique » et offre des avocats mais également un soutien financier pouvant aller jusqu’à 5000 Lari par cas et par mois. Or, cette association est en grande partie financée par de riches géorgiens expatriés soutenant Bidzina Ivanishvili comme, par exemple, Vano Chkhartishvili qui aurait effectué, depuis ses comptes offshores, plusieurs versements à destination de ces fameuses “victimes de répression politique”. D’après de nombreux observateurs, la fondation ne serait que destinée à acheter des voix en faveur de Bidzina Ivanishvili.

Ces deux cas sont suffisamment alarmants pour provoquer l’inquiétude de nombreuses ONG. Ainsi, dans un communiqué, Transparency International, l’Association des Jeunes Avocats Géorgiens et la coalition Libre Choix ont dénoncé le fait que la fondation Komagi influence les électeurs en faveur de Bidzina Ivanishvili.

La communauté internationale n’est pas en reste puisqu’au début du mois, c’est l’ancien premier ministre belge qui dénonçait dans une tribune publiée dans le Monde les agissements du “rêve géorgien”. « Achat de votes, des fonctionnaires se voyant proposer un salaire cent fois supérieur pour quitter l’administration gouvernementale, des dizaines de milliers d’antennes satellites, de frigidaires et autres téléviseurs distribués par un parti politique, des structures parallèles d’observation électorale mises en place et financées par cette même structure partisane. Voilà la réalité qui caractérise le »Rêve géorgien », le parti de Bidzina Ivanishvili, parti politique dont une analyse plus approfondie des déclarations de certains de ses leaders stupéfierait bien des membres du PArlement Européen » expliquait le président du PPE, faisant notamment référence aux prises de positions xénophobes et ultra-conservatrices de plusieurs proches d’Ivanishvili.

Personnalités politiques européennes, ONG, associations, nombreux sont ceux qui s’inquiétent du virage autoritaire et mafieux que pourrait prendre la Géorgie en cas d’élection de Bidzina Ivanishvili. Les géorgiens prendront-ils le risque d’un tel retour en arrière alors que le pays est salué par la Banque Mondiale pour son action anti-corruption ?