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Protocoles et pipettes au placard

Publie le mercredi 9 mars 2005 par Open-Publishing

Paris départ de la Sorbonne, ainsi qu’à Bordeaux, Lyon, Nancy , Lille ou Nantes

de Vincent Defait

Collectifs et syndicats de chercheurs appellent à manifester aujourd’hui, un an après le début de leur mouvement. Objet de protestation : le projet de loi du gouvernement.

« J’ai bon espoir que leur manifestation ponctuera la dernière phase de la négociation », déclarait dimanche Jean-Pierre Raffarin à propos des chercheurs qui descendent dans la rue aujourd’hui. Provocation ou inconscience ? Le premier ministre n’aurait pas mieux dit pour monter contre lui et son équipe gouvernementale le monde de la recherche.

Le collectif Sauvons la recherche (SLR), ainsi que l’ensemble des syndicats FSU, CGT, CFDT, UNSA, SUD et UNEF appellent à la mobilisation. Ce 9 mars doit être « le succès indispensable pour mettre réellement en échec le projet de François Fillon de loi d’orientation et de programmation pour la recherche et l’innovation (LOPRI) ». À Paris, Bordeaux, Lyon, Lille ou Nancy, mais aussi dans une trentaine de villes du monde où se trouvent de jeunes doctorants, les blouses blanches tenteront de faire entendre leurs revendications. À Nantes, l’université a choisi de « neutraliser les activités de recherche et d’enseignement » pendant quelques heures. Les expatriés, eux, organisent sur Internet (1), jusqu’à la fin du mois, une vente aux enchères symboliques de jeunes chercheurs.

Tous réclament que la future loi d’orientation et de programmation de la recherche et de l’enseignement - supérieur s’appuie sur les propositions formulées lors des états généraux, organisés l’an dernier. Sorti à la mi-janvier des murs du ministère, un brouillon du projet de loi avait remis le feu aux poudres. Le document prenait à rebours le rapport des états - généraux, octroyant la part belle à la recherche privée, au prix d’un sacrifice à moyen terme des organismes de recherche publics. Prise en sandwich entre la mobilisation des lycéens et celle des salariés, la journée d’action du monde de la recherche est symbolique. Le 9 mars 2004, plusieurs - centaines de directeurs d’unités, rassemblés à l’Hôtel de Ville de Paris, - démissionnaient de leurs fonctions - administratives. Les manifestations s’étaient suivies et avaient rassemblé. Dans le même temps, les états généraux se mettaient en place dans les laboratoires et les universités pour déboucher, fin octobre 2004, sur la tenue d’assises nationales à Grenoble. D’où émergeaient un certain nombre de propositions de réforme. Le document des chercheurs arrivait sur le bureau du ministre délégué à la Recherche, François d’Aubert, le 9 novembre 2004. Celui-ci promettait de livrer son projet de loi dans les deux mois suivants. Quatre mois plus tard, toujours rien. Si ce n’est un brouillon sorti des murs du ministère par une heureuse fuite.

À la lecture de ce préprojet, SLR et les syndicats voient rouge. Le - document prend en effet le contre-pied de leurs propositions et reste vague sur l’emploi et les moyens. Résultat, début février, rebelote, les chercheurs redescendent dans la rue. François d’Aubert accepte alors de reprendre les discussions. Côté chercheurs, le scepticisme s’affiche. « Suite au mouvement du 4 février, les ministres multiplient les déclarations qui se veulent apaisantes, ils font part de quelques concessions, mais de façon limitée et sans engagements précis, maintenant sur le fond les orientations de leur projet », analyse l’intersyndicale dans un communiqué.

Le 1er mars dernier, le premier ministre reçoit le porte-parole de SLR, Alain Trautmann, et le vice-président de l’Académie des sciences, Édouard Brézin. « Au vu des difficultés d’élaboration de la loi, et des exigences parfois contradictoires entre les différents ministères, le premier ministre a décidé de se saisir du dossier et de proposer un texte d’ici trois semaines », déclarent-ils dans un communiqué. Promesse ou pipeau ?

(1) http://collectif.des.expats.free.fr/FoireJC/

http://www.humanite.presse.fr/journ...