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La police tunisienne tire des balles en caoutchouc pour disperser des manifestants à Sidi Bouzid

Publie le jeudi 9 août 2012 par Open-Publishing

La police tunisienne a procédé jeudi 9 août à des tirs de balles en caoutchouc et de gaz lacrymogène à Sidi Bouzid, berceau de la révolution de 2011, pour disperser une manifestation d’opposants. Quatre personnes ont été hospitalisées, dont l’une blessée par une balle en caoutchouc. Selon le surveillant général de l’hôpital de Sidi Bouzid, Adel Dhaï, ces blessures ne sont pas graves.

Les forces de l’ordre ont commencé à tirer en l’air lorsque des manifestants, qui réclamaient la démission du gouvernement dirigé par les islamistes du parti Ennahda, ont cherché à pénétrer de force dans le siège du gouvernorat de Sidi Bouzid. Plusieurs formations politiques d’opposition participaient à cette manifestation, comme le Parti républicain, le Parti des travailleurs tunisiens, Al-Watan, mais aussi des indépendants. Après les tirs, un mouvement de panique a débuté et la foule de manifestants s’est dispersée pour échapper au gaz lacrymogène.

SIGNES DE TENSIONS

Les lenteurs de l’amélioration des conditions économiques et sociales ont entraîné des nouvelles tensions dans le pays. Régulièrement, des grèves et actions de protestation ont lieu et la police intervient pour contenir les démonstrations de force. A la fin de juillet, la police avait ainsi dispersé de la même manière des dizaines de manifestants qui avaient attaqué le siège du gouvernorat de Sidi Bouzid, y jetant des pneus enflammés, pour protester contre des retards de versement de salaires.

NOUVELLES RESTRICTIONS DES LIBERTÉS FONDAMENTALES

L’ONG de défense des droits de l’homme Amnesty International avait fait part de son inquiétude mercredi 8 août, concernant de nouvelles restrictions des libertés fondamentales orchestrées par le gouvernement tunisien dominé par les islamistes. "Il y a des preuves croissantes en Tunisie que le nouveau gouvernement renforce les restrictions sur les libertés fondamentales", a estimé l’organisation dans un communiqué.

Amnesty cite, à ce titre, les doutes pesant sur la légitimité de l’arrestation dimanche pour ivresse d’un blogueur et critique du gouvernement, Sofiane Chourabi, estimant "plus que probable" qu’elle soit liée à ses activités militantes. L’ONG estime aussi qu’un projet de loi devant introduire des peines de prison ferme pour les atteintes au sacré équivalait à l’introduction de "nouvelles restrictions de la liberté d’expression".

Le parti islamiste au pouvoir, Ennahda, a été accusé à plusieurs reprises par l’opposition et une partie de la société civile de s’en prendre à la liberté d’expression et de la presse. L’instance tunisienne chargée de réformer le secteur des médias pour garantir leur indépendance s’est sabordée au début de juillet.

http://www.lemonde.fr/tunisie/article/2012/08/09/la-police-tunisienne-tire-des-balles-en-caoutchouc-pour-disperser-des-manifestants-a-sidi-bouzid_1744161_1466522.html