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La porte s’entrouvre pour Iosu Uribetxebarria qui poursuit sa grève de la faim

par lo beret liure

Publie le samedi 18 août 2012 par lo beret liure - Open-Publishing

Euskal Herria/Pays Basque - La porte s’entrouvre pour Iosu Uribetxebarria qui poursuit sa grève de la faim

18/08/2012 - Carole SUHAS

Derrière un événement peut s’en cacher un autre. Entre interdiction de mobilisation, arrestation de manifestants (cf. encadré), convocation à de nouveaux rassemblements et la décision, tant attendue, des autorités pénitentiaires sur une possible libération conditionnelle du prisonnier hospitalisé, difficile, vendredi, de suivre la chronologie des événements.

Dans l’après-midi, en effet, alors que tous les regards étaient braqués vers le ministère de l’Intérieur espagnol qui devait statuer sur le “cas” Iosu Uribetxebarria, le juge Santiago Pedraz de l’Audience nationale (AN) faisait la déclaration choc de l’interdiction de la manifestation prévue ce samedi à Bilbo. Convoquée par Herrira pour réclamer la libération des prisonniers malades, cette manifestation était ensuite annulée par les organisateurs et, quelques minutes plus tard, le ministère de l’Intérieur concédait le troisième degré pénitentiaire à Iosu Uribetxebarria, en grève de la faim depuis onze jours. Une décision qui ouvre la porte à une libération conditionnelle du détenu.

Dans la cacophonie générale, la manifestation annulée d’un côté a été reprise de l’autre par les signataires de l’accord de Gernika qui appelaient vendredi à 18 heures, lors d’une conférence de presse devant l’hôpital de Donostia, à une mobilisation de dernière minute prévue, comme la première, à Bilbo, à midi sur la place Euskadi. Entre interdictions et annonces gouvernementales, Iosu Uribetxebarria informait de son côté qu’il avait pour intention de poursuivre sa grève de la faim jusqu’à sa mise en liberté effective.

En effet, l’accès au troisième degré pénitentiaire ne signifie pas la libération immédiate. Il est seulement une étape avant que ne soit accordée la liberté conditionnelle pour motif de maladie, comme l’indique l’article 104.4 du règlement pénitentiaire. L’AN doit maintenant valider cette liberté conditionnelle et a besoin pour cela du rapport des médecins de l’AN, celui du procureur et l’approbation du magistrat de surveillance pénitentiaire en fonction. Des éléments manquants qui devraient donc retarder de quelques jours encore la mise en liberté du prisonnier basque. Le rapport dont il est question, demandé par le juge Santiago Pedraz, doit déterminer si Iosu Uribetxebarria pourrait être correctement traité au sein des services pénitentiaires hospitaliers ou non. Pour le mouvement Herrira, “ce n’est pas assez”. “Il est en phase terminale et devrait être libéré totalement”, a réagi Emili Martin, porte-parole de Herrira.

Interventions de l’ertzaintza contre des manifestants

Depuis jeudi, ce sont au total huit personnes qui ont été arrêtées par l’ertzaintza pour “troubles à l’ordre public” après avoir manifesté leur soutien à Iosu Uribetxebarria en s’enchaînant aux grilles du siège du Parti populaire à Donostia. Par ailleurs, communautés chrétiennes (Comunidades Cristianas Populares, Herria 2000 Eliza) et prêtres ont organisé une veillée de soutien devant la cathédrale Buen Pastor ce même jeudi, après avoir rendu visite à l’hôpital Donostia aux grévistes de la faim.
Vives réactions après la décision de l’Audience Nationale d’interdire une manifestation

Vendredi après-midi, le juge de l’Audience nationale Santiago Pedraz faisait une annonce choc, celle de l’interdiction de la manifestation prévue ce samedi même à Bilbo. Une première depuis que l’organisation ETA annonçait en octobre 2011 qu’elle mettait un point d’arrêt définitif à ses actions armées.

En Pays Basque Nord, cette décision a fait réagir les parlementaires qui avaient déjà exprimé leur soutien au “cas” Iosu Uribetxebarria. “Ma position est toujours la même, c’est une position humanitaire et fondée sur le droit”, a répété la députée socialiste Colette Capdevielle. Réagissant à chaud à la nouvelle de l’interdiction de la manifestation, la députée de la 5e circonscription a manifesté ses “regrets”. “Je mets comme valeur importante la liberté de pouvoir exprimer des opinions, à condition de le faire pacifiquement. Interdire de manifester est une atteinte à la liberté d’expression. C’est regrettable car la période est propice à ce que les gens se parlent, de part et d’autre. L’interdiction cristallise forcément les positions.” Pour Frédérique Espagnac, sénatrice PS, les raisons de son soutien sont les mêmes que celles de Colette Capdevielle. Néanmoins, “ce n’est pas notre place d’aller manifester car nous sommes des parlementaires français”, a-t-elle ajouté. “Nous n’irons pas à Bilbao tout simplement pour ne faire d’ingérence.” C’est aussi ce que dit Sylviane Alaux, députée de la 6e circonscription. Cette dernière se dit en revanche “surprise d’une telle annonce, d’autant que la manifestation est là pour faire en sorte qu’un grand malade finisse ses jours parmi les siens”.

Pour finir, le député de la 4e circonscription, Jean Lassalle, a confirmé par téléphone à Herrira qu’il était “solidaire” de la mobilisation autour de Iosu Uribetxebarria. Il a par ailleurs annoncé qu’il allait envoyer un courrier aux ministères des Affaires étrangères et de l’Intérieur. “Ça fait des années que l’on n’a pas vu un consensus politique comme celui-ci entre partis français en Iparralde”, concluait hier Gabi Mouesca au nom de Herrira.

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