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Cinq leviers à actionner pour stopper le racket sur l’essence

par agitprop

Publie le mardi 28 août 2012 par agitprop - Open-Publishing
7 commentaires

Un rapport de l’inspection des finances sur le prix du carburant a été remis ce mois ci au ministre de l’Économie. L’Humanité a décrypté la composition du prix. Conclusion : le pétrole cher n’est pas une fatalité. De l’extraction à la fabrication et jusqu’à la pompe, tout au long du processus de production, les compagnies pétrolières organisent la spoliation.

"Les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent"
Les 6 centimes de baisse annoncés aujourd’hui par le gouvernement sont bien dérisoires au regard du blocage promis, ou des possibilités réelles, voir d’une nationalisation du secteur. (souligné par moi)

1. Coût d’extraction : l’opacité

Première explication avancée par les majors pour justifier les prix  : il faut creuser de plus en plus profond et aller dans les zones de plus en plus difficiles d’accès pour pouvoir exploiter l’or noir. Du coup, les coûts d’extraction seraient de plus en plus élevés. En vérité, le coût d’extraction des gisements varie en fonction de l’endroit où ils sont forés. Pour un baril, le coût de production peut aller de 20 à 80 dollars. Pourtant, sur le marché du Brent (forage en mer du Nord), les compagnies pétrolières établissent un prix unique du baril au niveau du gisement dont le coût est le plus élevé, soit 80 dollars. Elles s’assurent ainsi une marge confortable, dans la mesure où une grande partie de leur production leur revient moins cher. Problème  : à ce niveau de l’élaboration des prix, l’opacité règne. «  Il faudrait fouiller dans les comptes des compagnies pétrolières pour connaître le coût d’extraction de chacun des puits mais également ce qui est mis véritablement sur le marché. Or, c’est une véritable boîte noire  », explique Céline Antonin, économiste à l’OFCE.

2. Prix du baril : la spéculation permanente

Second argument  : tension géopolitique et forte demande asiatique provoquent de graves déséquilibres entre l’offre et la demande et une explosion du prix du baril. Le 21 juin, le baril était coté à 89 dollars mais, depuis, il a progressé de plus de 30 %, alors que 
la conjoncture économique 
est mauvaise et que la demande en pétrole des marchés émergents tend à diminuer. Dans ce marché en tension, la spéculation «  est permanente, même s’il est difficile d’en évaluer le montant  », note l’économiste de l’OFCE. Avec l’amas de liquidités émises par les banques centrales et la crise de la zone euro, les boursicoteurs sont tentés de se tourner vers cet actif. Résultat, le prix de la matière première atteint des records.

3. Raffinage : le coût de la dépendance

En trente ans, le marché du carburant a totalement évolué et la dépendance s’est accrue. La France importe un quart des produits raffinés et 40 % de sa consommation en gazole, qui a explosé avec l’accroissement des ventes de véhicules diesel. Plutôt que d’investir dans l’adaptation de leurs raffineries, les compagnies pétrolières ont gelé les investissements, fermé progressivement les usines les moins rentables pour délocaliser la production. «  Il n’y a donc pas surcapacité de raffinage mais inadaptation de l’outil, dénonce Emmanuel Lépine, secrétaire à la fédération chimie de la CGT. Et le sabrage de notre industrie nous a rendus encore plus dépendants des marchés.  » En effet, pour se fournir, les distributeurs doivent acheter sur le marché de Rotterdam le produit transformé par les raffineries étrangères. Selon l’Institut français du pétrole, il suffirait d’investir 1,2 milliard d’euros dans nos raffineries pour les rénover.

4. Taxes  : 
le consommateur plombé

Les taxes représentent plus de 60 % du prix pour le SP-95 et plus de 50 % pour le gazole. Un pactole de plus de 30 milliards d’euros, soit près de 10 % des recettes fiscales. Une partie de la TICPE (voir infographie) est réservée aux régions (4 milliards d’euros en 2010) et aux départements (6 milliards d’euros). Baisser la TICPE reviendrait à amputer les collectivités de moyens. Avec la TVA, la marge de manœuvre est plus facile. Selon les traités européens, la France a le droit d’abaisser son taux à 15 %, mais elle devrait alors l’appliquer à l’ensemble des produits pétrole. «  Autre solution  : faire entrer les carburants dans la liste des produits taxés à taux réduits à 5,5 %  », explique Céline Antonin. À condition d’avoir le feu vert de Bruxelles. D’après les calculs de l’économiste, le manque à gagner pour l’État serait de 6 milliards d’euros. En compensation, le gouvernement pourrait se retourner vers les compagnies pétrolières, en ponctionnant sur leurs profits. Lors du rectificatif budgétaire, le gouvernement a choisi une voie différente en taxant les stocks de pétrole brut et de produits raffinés des raffineries et dépôts pétroliers. Une mesure qui «  revient, non seulement à frapper les consommateurs à la pompe, mais aussi directement les résultats économiques des raffineries, déjà gravement mises à mal par les manques d’investissement  », note la CGT. Avec 12,4 milliards d’euros de profits en 2011, Total pourrait être mis à contribution sur ses profits. Mais là encore la fiscalité et la comptabilité pour les multinationales permettent à une entreprise de n’être taxée que sur les bénéfices qu’elle réalise dans l’Hexagone. C’est ainsi qu’en 2009 le pétrolier s’est retrouvé à ne pas payer d’impôt, malgré les 32 milliards d’euros de chiffre d’affaires qu’il avait réalisé dans le monde.

5. L’effet 
taux de change

C’est un nouveau facteur à prendre en compte. Avec la dévaluation de l’euro par rapport au dollar, le prix a augmenté. Selon Céline Antonin, avec «  une dépréciation de 10 % de l’euro par rapport au dollar, le prix du litre de carburant est renchéri de 7 centimes  ».

REPÈRES

 La TVA sur le carburant est à 19,6 %.

 TICPE  : taxe intérieure 
de consommation 
sur les produits énergétiques (ex-Tipp).

 Brent  : c’est le nom d’un gisement pétrolier découvert en 1971 
en mer du Nord. 
Il sert de brut de référence au niveau mondial.

 Marge de raffinage  : c’est l’écart entre
 la valeur des produits pétroliers et le coût 
du brut à l’entrée 
de la raffinerie. 
Le raffinage correspond 
à la transformation 
du brut en de nombreux 
autres produits.

 Marge 
de distribution  : marge réalisée par les stations-service.

Sources L’Humanité
http://www.humanite.fr/social-eco/cinq-leviers-actionner-pour-stopper-le-racket-sur-l%E2%80%99essence-502731

Messages

  • Encore un article qui ignore la finitude des ressources. Le pic pétrolier est passé ou passera d’ici 10 - 15 ans.
    De tout façon il va falloir gérer la rareté, le coût du carburant en france nous a évité la catastrophe américaine (voiture à grosse consommation). Baisser le prix de l’essence est un non sens à long terme. Mais ce n’est pas grave, les lois de la physiques nous rappelleront rapidement que celles humaines sont fragiles.

    • Bien au contraire, je suis content que ce "prix à payer" pour une telle consumation du temps, de la santé physique, affective permette de moins en moins SON accès.

      Tu pars d’un objectif sensé (il faut diminuer la consommation d’essence), mais je crois que tu te plantes complètement et gravement sur les moyens (si toute fois tu es de gauche, si toute fois tu ne roules pas sur l’or) : tu ne vois que le renchérissement pour faire baisser la consommation.

      Tu es un peu comme ceux qui ne voient que la répression pour faire reculer la délinquance.

      Avec ta méthode, plus on est pauvre plus on va être contraint d’être sobre. Les riches eux pourront continuer à surconsommer.
      Heureux les pauvres, contraints d’être super-écolos, le royaume des cieux leur est acquis ?

      Moi je trouve ça dégueulasse.

      Et primaire, et manquant d’imagination.

      S’il faut faire reculer la consommation d’essence : développement de transports en commun adaptés et pratiques (exemple les dolmus en Turquie desservant le moindre hameau) et GRATUITS. Sans parler de campagnes d’informations, d’explications...

      Et si ça ne suffit pas, si la situation devient grave, pourquoi pas un rationnement, un quota par personne, et là au moins riches et pauvres seront à égalité face à la raréfaction.

      Mais compter sur un coût dissuasif pour le vulgus pecum est une voie très dangereuse qui va accentuer une société à deux vitesses : pénurie pour les pauvres (ça tombe bien ils sont les plus nombreux), gabegie pour les riches (sans dégâts écologiques vu qu’ils sont peu nombreux).

      Il y a bien deux voies pour répondre aux défis écologiques, l’une évoluera vers une forme de dictature (le litre d’essence à 20 euros en serait), l’autre vers une démocratie autogestionnaire. Il faut choisir clairement son camp.

      Chico

  • Stop au racket et au rançonnage des consommateurs les plus vulnérables à la crise capitaliste déclenchée par les véritables rançonneurs : les citadelles d’actionnaires richissimes passés dans l’anonymat qui les met à l’abri pour l’instant encore ! Celà ne se voit pas pensent-ils, du moins pas autant que feu, les châteaux féodaux d’autrefois ! ...Dont on sait ce qu’il en advint !!!

    • c’est quoi cette revendication du "pouvoir" d’achat, alors qu’on ne possède que ce qu’on vous accorde ? Il n’y aura jamais de "pouvoir" d’achat tel qu’il apporte le bonheur : ce n’est pas ceux qui sont sensés avoir CE "pouvoir" qui en sont les véritables possesseurs : le système est fait de sorte qu’ils "pensent" en avoir un sur leur vie, mais ce n’est qu’une belle image devant la misère de ce "pouvoir" ridicule, comme de voir une femme en déshabillée fait "penser" qu’on en obtiendra une satisfaction dont elle serait l’esclave consentante, participative et heureuse.

  • Je crains trop que l’expression "penser au pouvoir d’achat des gens" signifie seulement que "le pouvoir d’acheter des gens" ou plus prosaïquement : "que les gens ne pensent qu’à l’achat".

    Effectivement, ce monde est à l’envers : les gens vont au travail pour acheter : de l’essence, de la bouffe, un i-pod, un abonnement ou deux. Et ils râlent quand cela ne leur est pas accessible, car ils ont le "pouvoir d’achat" en berne. Mais cet ACHAT de n’importe quoi, est précisément ce qui les dégage de la responsabilité de TOUT CE QUI EST EN AMONT (et en aval aussi bien), soit de la chose achetée elle-même, soit de ce qu’ils doivent faire pour pouvoir procéder à cet achat,

    De l’essence, cela veut dire : extraction du pétrole, transport, raffinage, transport, distribution, consUmation. Et consumation de l’essence, cela signifie : pollution par les gaz, le BRUIT, la fabrication, la fin de vie, le goudron des routes, les pneus, les super-marchés, les parcages, la place occupée par ces bagnoles alors qu’elles ne servent pas, etc. Et tout cela pour aller au traavil et que le cycle se perpétue pour un piètre "pouvoir" d’achat qui se voudrait encore plus important.

    Bien au contraire, je suis content que ce "prix à payer" pour une telle consumation du temps, de la santé physique, affective permette de moins en moins SON accès. Et espère — mais, combien sur ce point je suis pessimiste ! — que les gens se mettent enfin à penser, non plus à l’achat, mais à ce qu’ils sont, aux autres, à l’argent et son système de thésaurisation sur lequel ils pleurent sans fin, l’exploitation des ressources qui répondent avec tant de similitude à la leur propre !

    Les gens ont une dynamique réelle, puissante et immédiate dans ce "racket" : il faut qu’ils le sachent.

  • J’ai 60 ans et le coup du pétrole rare, on nous le fait depuis 40 ans !!
    Les plus anciens se souviendrons de ce qu’on nous a fait avaler au non des "chocs pétroliers"
    Même si l’humanité y est pour quelque chose, la dernière péripétie dite du "réchauffement climatique", représente pour moi la nouvelle escroquerie intellectuelle et politique...destinée à nous mettre "la tringle" (invérifiable sauf à l’échelle géologique), très pratique, pour continuer a nous "baiser" de générations en générations !!

    Pollution et Pétrole rare à deux vitesse donc ??

    Que penser par exemple de ceci :

     Exonération de la taxe sur le kérosène pour l’aviation civile (3,5 milliards)

     Remboursement partiel du gasoil aux transporteurs et taxis et autres professionnels (300 millions)

     Subventions aux agriculteurs pour les agrocarburants (196 millions)

    "Les chiens de gardes" du pouvoir, se gardent bien d’évoquer ces chiffres
    et pendant ce temps le peuple éponge "la dette"

    • C’est l’histoire d’un mec qui passe de voiture en voiture à un péage d’autoroute :

      "Des terroristes ont enlevé le Président de Total et ils menacent de l’arroser d’essence et d’y mettre le feu si on ne paye pas la rançon avant deux jours. Alors on collecte..."

      Et un chauffeur demande :

      "Et combien ils donnent, chacun, à la collecte ?..."

      Et le "collecteur" :

      "Oh... Un litre ou deux."

      (((- :

      Tout ça pour dire que si y en a qui pensent que c’est en augmentant le prix des carburants qu’on diminuera la consommation ils se foutent le doigt dans l’oeuil.

      Comme c’est pas en taxant la drogue ou le tabac qu’on empêchera de fumer ou de se shooter ceux qui n’ont plus que ça comme perspective.

      On pénalisera un peu plus les pauvres et les riches continueront à faire tourner leurs Yachts ou leurs Jets privés à 500 ou 1000 litres à l’’heure".

      Et même si tu "rationnais" ils t’achèteraient tes quotas que tu vendrais sur ta misère pour pas mourir de suite. Comme ils achètent déja les organes des pauvres du tiers-monde ou les quotas de pollution à l’échelon international des pays dits "émergents" afin de les empêcher d’"emerger".

      Les trois quarts de la Planète crèvent de faim et se déplacent à pied dans le désert et y en a ici qui font les jolis avec de l’Ecologie de Bo-Bos à quat’sous.

      G.L.