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Pour les Roms, rien de changé après l’intervention de François Hollande

par Le MRAP

Publie le mercredi 12 septembre 2012 par Le MRAP - Open-Publishing

Interrogé sur la question des Roms lors de son interview sur TF1
dimanche soir, le Président de la République qui avait pourtant affirmé
lorsqu’il était candidat qu’on ne peut pas continuer à accepter que des
familles soient chassées d’un endroit sans solution, ne s’est pas
exprimé sur la campagne de destruction des lieux de vie en cours
actuellement.

« Il faut reloger ou reconduire » : si une circulaire interministérielle
demande aux Préfets de rechercher des solutions de relogement, ou de
réinstallation des personnes évacuées, dans la pratique, aucune des très
nombreuses destructions de lieux de vie qui ont eu lieu récemment n’a
été suivie de relogement. On peut donc penser que « reconduire » aura la
préférence du Ministre de l’Intérieur et des Préfets. D’autant plus que
le problème devrait selon François Hollande être traité « à la source »,
en Roumanie. Des fonds FEDER destinés à la lutte contre les
discriminations qui frappent les Roms en Roumanie, et pour leur
permettre l’accès aux droits , ont été débloqués par l’Union Européenne.
Pour quels résultats ? Les difficultés subsistent, et ne seront pas
résolues en peu de temps. La liberté de circulation dans l’Union
européenne est la loi. Les citoyens européens reconduits à la frontière
retrouvent les mêmes difficultés, et reviennent, encore plus pauvres.

Évoquer la présence d’une population victime de discriminations dans son
pays d’origine comme un problème pour la France et les Français sans
envisager de tout mettre en oeuvre pour remédier à sa pauvreté, renforce
les préjugés selon lesquels les personnes elles-mêmes seraient
responsables de leur situation et que leurs conditions de vie
déplorables, seraient l’effet de traits culturels… Cela revient à
opposer les habitants des bidonvilles et leurs voisins, à semer la
division entre les citoyens.

De fait, malgré ses déclarations précédentes, François Hollande n’a rien
dit de l’une des causes majeures de la pauvreté des Roms en France et de
leur installation dans des bidonvilles : les mesures transitoires qui
privent les ressortissants roumains et bulgares de l’accès au travail.
La circulaire interministérielle prévoit un accès plus facile, mais
requérant toujours une démarche administrative longue et aléatoire.
Ces “mesures transitoires” constituent une véritable discrimination,
dont la Commission européenne a démontré l’inutilité économique. Y
mettre fin, ce serait permettre à nombre des occupants des bidonvilles
de trouver un emploi, d’entamer une formation professionnelle, et en
conséquence de se loger dignement dans un avenir plus ou moins proche.
Avec un accompagnement social conséquent, les familles roms accéderaient
ainsi au droit commun, ce qui serait la meilleure façon de lutter contre
les réseaux mafieux qui exploitent leur misère alors que l’immense
majorité des familles ne souhaitent que vivre et travailler comme tout
un chacun.

Paris, le 10 septembre 2012.