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La lutte des « Doux Graincourt » ne prend pas de pause ! Chronique d’une journée

par Front Solidaire

Publie le dimanche 16 septembre 2012 par Front Solidaire - Open-Publishing

La lutte des « Doux Graincourt » ne prend pas de pause ! Chronique d’une journée pas ordinaire.

En occupation de leur usine depuis quelques jours (le 12 septembre), les salariés de Doux Graincourt entendent être visibles sur tous les fronts pour unifier à leur cause, une lutte destinée à sauver leur outil de production et continuer à travailler à Graincourt.

Pendant que des camarades maintenaient le piquet de grève afin d’éviter tout démantèlement ou saccage de leur usine, une quarantaine d’entre-deux, avec femmes et enfants, se rendaient sur la Fête de l’Humanité où ils ont rencontré un accueil des plus chaleureux, tant au stand de la fédération PCF 62 qui les avait invités, que dans les allées ou à l’espace du front de Gauche au côté des mineurs espagnols des Asturies puis à l’espace Agora où ils ont pu s’exprimer comme chacun (voir la prise de paroles à la suite de ce billet).

Il y a eu des grands moments, les rencontres avec les élus politiques Front de Gauche du Nord-Pas-de-Calais afin que ceux-ci appuient la lutte, ce qui semble déjà acquis.

Puis la manifestation des entreprises en lutte, au sein même de la Fête avec arrivée sur la grande scène sous les acclamations et les applaudissements de dizaines de milliers de personnes.

En cerise sur le gâteau, la banderole de tête de cortège des Doux Graincourt portée par leurs enfants comme un symbole de lutte contre la « mort sociale » comme le porte-parole des 250 familles et des centaines de milliers d’autres menacées par les plans de licenciements capitalistes.

Sur cette immense scène qui accueillent des artistes mondiaux, nos camarades de Doux Graincourt, représentants des 250 salariés et familles, étaient « stars » d’un moment au milieu des banderoles des autres grandes luttes en cours, comme celle des Fralib, Arcelor, Peugeot et tant d’autres…

Il est clair que dans les rangs des « Doux Graincourt » présents, il y avait une grande émotion et une grande fierté d’être entrés en lutte contre la fermeture de leur usine. Là ils ont pris conscience de la grandeur de leur combat pour un redémarrage de l’usine, quand d’autres entendent négocier de meilleures conditions d’indemnités de départ.

Une des grandes et fortes émotions fût aussi cette rencontre rapide mais ó combien fraternelle avec Jean-Luc Mélenchon et cette embrassade d’une grande sincérité et d’une grande humilité avec une des camarades en lutte de Doux Graincourt.

« Vous allez venir nous voir pour nous soutenir ? » lui demanda-t-elle et cette joie quand la réponse fût « oui, c’est prévu, je viendrais bientôt, c’est promis ! ».

Aussi, une bonne discussion avec Philippe Poutoux du NPA, sensible à cette lutte, qui lui aussi a décidé avec son organisation politique de donner un coup de main et de tout faire pour venir rencontrer les travailleurs sur le site de Graincourt. D’autres, comme ceux de la Coordination Communiste 59-62 ont annoncé aussi leur venue, ainsi que le PCOF…

Une chose est certaine, il y a « un avant et un après 12 septembre » car aujourd’hui cette lutte a été popularisée au niveau national et des millions de travailleurs partout en France savent désormais où se trouve Graincourt et quelle est la capacité de résistance de ces travailleurs déterminés à garder coûte que coute leurs emplois et à lutter contre un empire qui voulait les mettre à genou.

Nous réitérons nos appels à aller sur le site pour soutenir par la présence, la discussion et aussi financièrement les travailleurs de Doux Graincourt en lutte, qui nous savons, vont être confrontés à la pression et aux intimidations des liquidateurs mais aussi à ceux qui entendent les museler pour qu’ils ne servent pas d’exemple…

Enfin l’heure étant à l’unité sans sectarisme, nous n’aborderons pas les sujets qui fâchent, et il y en a.


Prise de paroles du comité de lutte CGT des salariés de Doux Graincourt à l’espace Agora

« Chers camarades, nous nous exprimons ici au nom des salariés en lutte de Doux Graincourt.

Tout d’abord nous remercions les camarades de la fédération PCF du Pas de Calais, de nous avoir invités ici, pour partager avec vous cette fête.

Et nous vous remercions tous d’être là pour nous apporter votre soutien et votre solidarité avec notre lutte…

A ce moment nos pensées vont à nos collègues restés sur le site à Graincourt pour empêcher toute intrusion malsaine ou démantèlement de notre outil de travail, celui qui nous fait vivre… avec la mafia doux, tout est possible !

Depuis juin et l’annonce de la faillite organisée par Charles Doux et ses complices financiers, le ciel nous est tombé plusieurs fois sur la tête.

L’annonce puis des repreneurs qui se désistent, des tribunaux qui ont joués le jeu des patrons et le sentiment d’avoir été abandonné… nous avions mis un genou à terre, et croyez-nous le moral était au plus bas, de plus nous étions envahie par le sentiment d’impuissance face à ce rouleau compresseur…

Et oui, que faire face à cette broyeuse sociale qui déchiquetait petit à petit nos esprits et nos vies, celles de 253 travailleurs atteints par la peur, 253 familles dans la broyeuse dont 19 couples salariés dans l’usine, et une centaine d’enfants à charge… ? Que faire face à un empire qui ne fichait complétement de notre mort sociale dans ce coin du Pas de Calais, isolé au milieu des champs et en même temps au carrefour des plus grandes voies de communications qui desservent le Monde et l’Europe entière du nord au sud, de l’est en ouest ?

La solution est venue de camarades, des camarades avec un grand C, qui ne sont pas venus en calculateurs, en donneurs de leçons ou en opportunistes … mais qui venus nous remonter un moral tombé bien bas, et contribuer avec force à nous réorganiser collectivement pour reprendre le bon cap dans cette tempête, alors que nous avions perdu notre boussole,

Des camarades qui ont sus trouver les mots pour que nous relevions la tête ! Des camarades qui ont sus trouver les arguments pour que nous redevenions des travailleurs debout qui décident d’enrayer la broyeuse sociale. Des camarades qui ont sus trouver les paroles justes pour faire face aux requins de la finance et du capitalisme dévastateur, et pour faire face au sentiment d’impuissance que le groupe Charles Doux avait délibérément organisé pour affaiblir notre résistance et nous saper le moral.

Aussi, camarades, quoi de plus heureux, de plus valeureux, de plus noble, de plus fort… que la solidarité et l’unité de classe pour faire face à un ennemi de classe.

Aujourd’hui nous sommes en résistance mais aussi à l’offensive pour empêcher que notre usine soit démantelée par un liquidateur au service du capitalisme, qui agit comme un prédateur sans foi ni loi…. Rapineur de bas étage !

Ce mercredi 12 septembre, nous avons voté l’occupation illimitée de l’usine jusqu’à son redémarrage, et nous ne lâcherons rien, nous ne plierons plus, nous ne baisserons plus la tête….Jamais plus !!! Parce que collectivement, et avec votre soutien massif, nous l’avons décidé nous-mêmes, sans se soucier des décisions prises par les banques, les tribunaux, les requins ou les rapaces…

Bizarrement, le lendemain l’Etat trouvait 1 million, 1 journée = 1 million – 30 jours = 30 millions ! NON !

Nous demandons à L’Etat qu’il rachète l’usine pour l’euro symbolique puisqu’elle a été abandonnée ; qu’il la remette aux normes, et enfin qu’il trouve un repreneur pour redémarrer la production, et puisque la France importe des millions de tonnes de volailles chaque année, autant les produire et les transformer ici avec nous, avec la qualité et dans de bonnes conditions de travail !

On mange tous du poulet NON ! Et pour l’argent, Charles Doux est blindé de frics, de biens, de terres, de châteaux… L’Etas doit récupérer ce qui lui a été donné sans être contrôlé et qu’il a dépensé sans compter.

Nous ne voulons ni la compassion ni les larmes de crocodiles, nous voulons une solution pour que l’usine redémarre ! Camarades, nous ne lâcherons rien ! Jamais, plus jamais nous ne céderons, même face à des CRS ou à des décisions qui voudraient nous contraindre à dégager…

Jamais camarades, nous ne lâcherons, et nous comptons sur vous tous ici - pour nous apporter votre complet soutien, surtout en cas de coup dur !

Camarades, faisons l’unité de notre classe afin qu’elle devienne plus qu’un rempart….que cette unité devienne une forteresse d’où partira l’offensive !

Camarades, l’heure n’est plus au bla bla politicien ni au compromis dans les couloirs ou les salons, ni au corporatisme qui nous isole, la situation est trop grave pour des millions d’entre nous !

Qui peut dire ici, aujourd’hui, que son avenir est assuré, qu’on soit du privé, du public, retraités ou jeunes diplômés ou pas, chômeurs ou précaires ? Camarades, le capitalisme veut notre mort sociale parce que pour les capitalistes, un euro ou un dollar vaut plus que la vie d’un travailleur !

Camarades, allons-nous encore laisser faire ? Nous enfants de la Commune, de l’immigration et de la résistance !

Camarades, allons-nous encore écouter ceux qui nous disent et veulent nous faire croire que le capitalisme peut être social ou qu’il peut avoir un visage humain, ceux qui nous disent que cette Europe est le remède à la maladie qui nous ronge ? Ceux qui comme Barroso ou Draghi, agents de Goldman Sachs, nous menacent avec le spectre du fascisme si nous refusons l’austérité imposée ? Ceux qui comme Hollande et Ayrault nous parlent de délais ou d’union sacrée !

Qui ici veut d’une Union avec des bandits qui nous bafouent et nous licencient par centaines de milliers ? Ceux qui humilient le drapeau rouge de la résistance et de la Classe Ouvrière ? JAMAIS !

Camarades, nous sommes des ouvrières et des ouvriers, celles et ceux qui créent les richesses mais qui n’en profitent jamais, des travailleurs bafoués par une exploitation sans limite.

Camarades, si nous créons l’unité de combat, la peur va changer de camp !

Alors rappelons-nous toutes et tous, ici présents,

Qu’une barricade n’a que deux côtés, jamais trois, que nous sommes les majoritaires en capacité de faire face, que nous sommes les seuls en capacité de faire chuter les minoritaires… qui nous pillent et nous exploitent ! Personne d’autres que nous, ne le fera à notre place !

Il faut donc être solidaire et déterminés, et unir nos efforts et nos luttes pour enfin passer à l’offensive, c’est la seule solution pour éviter un retour à Germinal ou à la pire des possibilités, la dictature fasciste imposée par la dictature du capital !

Camarades, Merci de nous avoir reçus, merci de nous avoir écoutés, vive l’internationalisme, vive la classe ouvrière, vive la solidarité et l’unité de notre classe…. A bas ce système capitaliste qui nous conduit - un peu plus chaque jour dans les abîmes. Merci encore pour votre accueil, votre sympathie et votre soutien. »