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L’intervention internationale se précise au Mali

par Frédéric Couteau

Publie le mardi 25 septembre 2012 par Frédéric Couteau - Open-Publishing

Avec tout d’abord, la première réaction de la presse malienne après la décision du président Dioncounda Traoré d’autoriser les forces de la Cédéao à intervenir. Pour le quotidien Le Républicain , « il n’y a donc plus d’ambigüité à ce sujet, Bamako et la Cédéao n’ont plus de divergences quant à l’arrivée des troupes africaines au Mali.

Il serait d’ailleurs incompréhensible, affirme Le Républicain, que telles divergences perdurent quand on sait que le nord Mali n’est plus l’affaire des seuls Maliens, mais qu’il représente, avec la présence simultanée d’Ansar Dine, du MUJAO, du MNLA et d’Aqmi, un foyer incandescent qui peut embraser tout le Sahel et menacer la paix du monde entier. Et aucun pays, encore moins ses voisins n’accepteraient de s’accommoder d’un tel voisinage. »

Alors maintenant, c’est à l’ONU d’entériner le plan d’action, relève encore Le Républicain : « suite à la saisine du Secrétaire général de l’ONU par le président de la République par intérim Dioncounda Traoré, la question malienne sera au centre de la réunion consacrée à la sécurité dans le Sahel, prévue demain 26 septembre, en marge de l’Assemblée générale. C’est à cette réunion que seront précisées les actions à entreprendre et clarifiés les objectifs à atteindre d’ici mars 2013. »

En effet, « la balle est dans le camp de l’ONU », renchérit Le Pays au Burkina. Il reste à « obtenir le feu vert du Conseil de sécurité, sans lequel la Cédéao ne peut ni débarquer, ni tirer un seul coup de feu, relève le quotidien burkinabé. Les regards sont tournés maintenant vers la maison de verre à New York aux Etats-Unis. (…) Et les projecteurs seront davantage braqués sur la conférence sur le Sahel, en marge de l’Assemblée générale. C’est à l’issue de toutes ces rencontres que l’ONU verra s’il y a lieu ou pas de donner son OK et sa caution à une intervention militaire contre les occupants avec lesquels il est de plus en plus établi qu’il sera difficile de négocier. »

Pilule amère ?

La question du Mali à l’ONU, c’est « le rendez-vous de tous les espoirs », insiste le site d’information Guinée Conakry Infos . « Devant l’urgence de la question et surtout devant l’opportunité de l’Assemblée générale à saisir, les Maliens ne pouvaient se permettre de louper le rendez-vous onusien. L’accord à l’arrachée avec la Cédéao s’explique en grande partie par cette volonté obligée de s’inscrire enfin dans une logique de guerre, même si le président Dioncounda continue à prêcher pour la négociation, dans le désert, affaibli qu’il est par le combat politique face au bulldozer du premier de ses ministres… »

En tout cas, si intervention il y a, ce ne sera pas une partie de plaisir, relève pour sa part le site d’information Fasozine. Fasozine qui critique vertement la position malienne : « en considérant qu’il s’agit là d’une pilule amère qu’on leur fait avaler contre leur gré, le président malien par intérim et son gouvernement ne risquent pas d’être très coopératifs. En plus, il ne faut pas vraiment compter sur l’Armée malienne qui a brillé jusque-là par son incapacité à prendre la moindre initiative pour tenter de reconquérir la partie septentrionale. »

Certes, reconnaît tout de même Fasozine, « on ne peut que se réjouir de l’accord intervenu entre Bamako et la Cédéao. Mais beaucoup de zones d’ombre demeurent sur les modalités de collaboration entre l’Armée régulière malienne et les forces extérieures d’appui. En plus, le niveau de motivation des troupes maliennes reste une grosse inconnue qui ne rassure pas sur l’issue de cette guerre qui se déclenche visiblement tard, trop tard, pendant que les islamistes ont occupé toutes les positions stratégiques au Nord. »

Qui en appui ? Qui sur le terrain ?

Dans leur entreprise de reconquête du Nord-Mali, l’armée malienne et les forces de la Cédéao pourront compter, en principe, sur des appuis extérieurs, notamment celui de la France. C’est ce qu’annonçait hier Le Figaro à Paris. Information relayée et amplifiée ce matin par Les Dernières Nouvelles d’Algérie.

Même s’il n’est pas question pour l’armée française d’intervenir directement sur le terrain, « l’aide logistique sera conséquente, relève le quotidien algérien : troupes spéciales, renseignements, avions… Et en attendant que l’opération se mette en branle, une centaine de membres des Forces spéciales françaises ont déjà été déployés dans la région du Sahel. (…) Paris devrait également compter sur l’appui de la Grande Bretagne, de l’Allemagne, de la Pologne ainsi que des Etats-Unis qui fourniront des coups de pouce en matière de renseignements et d’intelligence. »

Mais alors, s’interrogent Les Dernières Nouvelles d’Algérie, « qui interviendrait sur le terrain des combats ? » Et bien, répond le journal, « des Nigériens, des Burkinabais, des Sénégalais, éventuellement des Tchadiens et des Maliens bien sûr, bien que les militaires maliens restent partagés sur cette intervention. »

Enfin, quid de l’Algérie ? Les Dernières Nouvelles d’Algérie rappellent « qu’officiellement, les Algériens s’opposent à une présence militaire dans ce pays frontalier. En recevant à Alger en juillet dernier le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, le président Bouteflika avait admis qu’il faudrait agir militairement au Mali même s’il avait dit refuser ’toute ingérence étrangère en Afrique’. »

L’Algérie est donc « sur la corde raide, conclut le quotidien algérien. D’autant plus qu’un groupe de cette nébuleuse intégriste, le MUJAO, détient encore des otages algériens et menace l’Algérie d’attentats terroristes. »

http://www.rfi.fr/emission/20120925-revue-presse-intervention-internationale-precise-mali