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Une minorité silencieuse victime d’ostracisme

Publie le mardi 15 mars 2005 par Open-Publishing
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Le pigeon biset a été domestiqué par l’homme depuis l’antiquité. L’espèce actuelle est issue d’une longue sélection. Jusqu’à la fin de la deuxième guerre mondiale il véhiculait de multiples symboles comme la paix, l’amour, l’espérance, l’esprit en opposition avec la matière, l’esprit saint, l’âme après la mort.

Après la deuxième guerre mondiale on assiste à un renversement de paradigme, il ne portera plus une image positive mais négative. Il deviendra un rat-volant, un nuisible, un messager de maladies étranges, inconnues et obscures. Il était un messager de lumière et il devint messager des ténèbres.

Quand la société postindustrielle se mettra en place, après les multiples exodes rurales du 19° et 20° siècle, les rapports de l’homme avec la nature se modifieront profondément, en particulier avec les êtres vivants. Celui-ci perdant progressivement tout contact avec le monde rural et se regroupant dans de grandes agglomérations. Cette nature qui était perçue comme une mère nourricière, inconnue et sacrée, que l’homme devait respecter et écouter pour survivre, devint son ennemi, une structure chaotique, imprévisible dont il dut se protéger. Les êtres vivants devenant des machines biochimiques. L’animal vivant en liberté devint dangereux, suspect. Cette tendance en ce début de siècle atteint un certain paroxysme. Pour preuve les immenses troupeaux massacrés en vertu du principe de précaution pour se protéger d’une maladie n’ayant atteint que quelques cas humains.

Dans ce mouvement général la symbolique portée par le pigeon des villes fut fortement modifiée. On ne compte plus les articles dans la presse à compter de la fin des années soixante décriant cet oiseau. Ces articles proclamaient en substance que le pigeon véhiculait de mystérieux germes invisibles, des virus inconnus très dangereux, que ses déjections pouvaient percer les gouttières et même les toitures et détruire les bâtiments. Bref il devint un nuisible porteur de miasmes, un bouc-émissaire de la mort projeté par l’inconscient collectif. Cette nouvelle mythologie n’avait bien sûr aucune base scientifique.
On se mit à le pourchasser, à le massacrer sans pitié comme beaucoup d’autres espèces vivantes. Un marché économique important émergea pour sa capture, sa mise à mort et la protection des bâtiments. On fit tout pour l’éliminer mais en vain, cet oiseau réussissant à survivre grâce à des caractéristiques exceptionnelles d’intelligence et de grande fécondité.

Maintenant, au lieu de s’en prendre à l’oiseau trop fort, on veut s’attaquer à son maillon faible, ses amis, les humains qui le nourrissent (le pigeon ne peut survivre seul en zones urbaines, les graines ne poussent pas sur le bitume). Ces « nourrisseurs » sont maintenant des délinquants, ils commettent des « incivilités » et sont responsables de son occupation des agglomérations. Des campagnes de presse distillent une propagande bien rodée : sus aux nourrisseurs, responsables de tous les maux.
La diabolisation du pigeon passe au nourrisseur, celui-ci représenté comme un être dérangé psychologiquement, un SDF, une personne âgée à moitié gâteuse.

Quand est il exactement de ces « nourrisseurs », qui sont-ils ? Comme aucune étude sérieuse n’a jamais été faite sur eux, qui peut le dire ? Une chose est sûre, il a toujours existé des amis des animaux, des pigeons dans le cas d’espèce (commensal de l’homme depuis bien longtemps). La démarche de nourrir, soigner et protéger les animaux participe à ce qui fait la beauté de l’âme humaine. C’est cette même inspiration qui est à la source de l’entraide entre humains et de l’amour et de la compassion. N’est-il pas dangereux et imbécile de vouloir réprimer cet élan ? De pénaliser ces sentiments quand ils sont adressés au pigeon, ami fidèle de l’homme depuis des millénaires ? En pure perte en plus, on ne peut empêcher un humain d’avoir de la compassion pour ses semblables ou pour ses amis les animaux.

Et pourtant c’est ce que les pouvoirs publics font, ils ont pénalisé cette pratique ! Devant l’inefficacité des lois et règlements (contestables car basés sur un risque sanitaire non prouvé scientifiquement) ils en sont venus à durcir le ton. Augmentant dans certaines villes comme Paris le prix des amendes, embauchant de nombreux agents verbalisateurs chargés de réprimer ces malheureux nourrisseurs. Il est interdit maintenant d’aimer les animaux et la nature, point à la ligne, circulez il n’y a rien à voir ! Quelle époque ! Les personnes fragiles sont très souvent les victimes de cette répression, les jeunes échappant aux mailles du filet. Quelle lâcheté !

Ici nous voyons les pouvoirs publics qui non contents de ne pas prendre leur responsabilité en ne s’occupant pas de ce problème s’en prennent au peuple, aux petites gens. Participant ainsi à la tendance générale de notre civilisation à vouloir nier le fait vivant, à ne pas le respecter, préférant ses machines, ses ordinateurs aux êtres sensibles. On ne résoudra pas le problème des pigeons, ni d’ailleurs celui des autres espèces d’oiseaux envahissant les villes en s’attaquant aux nourrisseurs qui ne font que soigner le mal que fait notre incurie aux êtres vivants.

A Paris une ambiance spéciale s’est installé ces derniers temps, une atmosphère de délation envers les nourrisseurs, ressemblant à ce que vivent les peuples subissant une dictature. Les nourrisseurs se cachent, rasent les murs pour donner quelques graines à leurs protégés. Ils sont épié, observé par le voisinage, qui sûr de son bon droit n’hésite pas à invectiver, violenter et surtout dénoncer anonymement (quel courage !) par lettre les malheureux.

Il faut dire que les français sont des spécialistes de la délation, on l’a bien vu sous le régime de Vichy. Ces citoyens bons patriotes, qui font leur devoir et au delà de tout soupçon, qui ne donnent peut être même pas dix centimes d’euros à un SDF et qui en cas de guerre....... bon arrêtons là. Ils sont de toute façon victime de la propagande massive anti-pigeons développée comme un happening depuis 30 ans. On est en pleine hystérie collective. Ce genre d’hystérie qui en ce moment, sur la planète, génère des guerres un peu partout. Car qu’attendre quand on commence à jouer sur l’instinct de survie activé par les hypothétiques maladies si ce n’est des énergies émotionnelles incontrôlables et très dangereuses.

Honte aux pouvoirs publics et aux autres responsables pour avoir jeté de l’huile sur le feu, de vouer certains de leur administré aux gémonies de leurs voisins et de créer sans raison une minorité silencieuse et opprimée !

Messages

  • Remarque qu’avant le XIXème la nature n’est pas perçue comme bienfaisante. Elle est avant tout quelque chose contre lequel on se bat tous les jours pour survivre. Une mauvaise récolte à cause des insectes ou d’une maldie et c’est la famine.
    Il serait peut être temps de regarder la réalité de la vie quotidienne des paysans traditionnels : ceux qui par exemple en Irlande mourrir de faim suite à la maladie de la pomme de terre et qui vont fuir la belle irlande pour l’amérique. Il y a des tas d’exemple mais le monde des écoligistes simpliste l’a bien oublié.
    Le progrès c’est quoi : la révolution agricole n’est pas née essentiellement de l’introduction des produits chimiques. Mais de l’arrêt d’une tradition ancestrale : le fait que les paysans plantaient leurs petits grains plutôt que les meilleurs (ils préféraient les manger). Or cette logique conduit à réduire la production agricole. Plus petit grain= petite production.
    Arrêter d’idéaliser la nature et la tradition, que vous ne connaissez d’ailleurs pas très bien.
    La sélection du pigeon=eugénisme. Comme quoi l’Eugénisme existe depuis l’antiquité. C’est drôle de l’interdire dans la constitution européenne. Mais savent ils que l’eugénisme ne veut rien dire et qu’il serait plus pertinent d’utiliser le mot eugénique (politique visant à l’application de théories eugénistes)