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La France emprisonne un politicien kurde, le PKK averti !

par Maxime Azadi

Publie le jeudi 11 octobre 2012 par Maxime Azadi - Open-Publishing

Un membre du Comité Exécutif du Congrès National du Kurdistan (CNK), basé à Bruxelles, a été placé en détention après avoir comparu devant un tribunal de Paris. Selon les autorités et les médias, il était « un dirigeant européen du PKK ». Le CNK a condamné l’arrestation de son membre et a demandé sa libération immédiate, attirant l’attention sur une déclaration du premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan. Le PKK a de son coté menacé de s’en prendre aux intérêts français si cette politique anti-kurde ne prend pas fin.

Le membre de l’exécution du CNK, Adem Uzun, a été arrêté le 6 octobre dans un bar de Montparnasse, dans le cadre d’une enquête menée par les juges antiterroristes Thierry Fragnoli et David Benichou. Les activités politiques et culturelles kurdes sont systématiquement criminalisées par ces « supers juges ». Le politicien kurde a été envoyé en prison le 9 octobre.

Il était à Paris pour une conférence

Cette arrestation intervient après les accusations du premier ministre Recep Tayyip Erdogan, visant directement la France et l’Allemagne. « Les Occidentaux ne veulent pas que nous réglions ce problème. Je le dis clairement, l’Allemagne ne le veut pas, la France ne le veut pas et elles ne nous aident pas sur cette question », a dit le premier ministre Erdogan, lors d’un entretien télévisé accordé à la chaîne privée NTV, le 27 septembre.

Selon les « sources judiciaires » françaises, citées par les médias, les enquêteurs cherchaient à savoir s’il a cherché à se procurer des armes afin d’alimenter en Irak la branche armée du PKK.

En réalité, « Il était à Paris pour organiser une conférence sur la situation du Kurdistan occidental (Syrie), le 13 octobre, à Paris, à l’Assemblé Nationale » a déclaré le CNK, « Parlement kurde en exil », dans un communiqué.

La France exécute les ordres d’Erdogan !

« En arrêtant Adem Uzun, la France a exécuté les ordres d’Erdogan » a dénoncé le CNK, affirmant que ce genre de pratique nuit aux fondements du système démocratique français.

« L’État turc veux exporter ses pratiques anti-démocratiques vers les pays de l’Union Européen. Malheureusement, certains pays européens s’associent à ces pratiques en arrêtant les politiciens kurdes » ajoute le Congrès kurde qui demande la libération immédiate de son membre.

Le PKK menace la France

Dans un communiqué, le PKK a également dénoncé l’arrestation d’Adem Uzun, connu pour ses activités diplomatiques et averti la France : « Dans le passé, nous avons plusieurs fois averti la France pour qu’elle abandonne cette attitude hostile. Mais le gouvernement de l’époque, dirigé par Sarkozy, n’a pas entendu nos avertissements et a poursuivi sa politique antikurde pour ses sales intérêts. Il semble que le nouveau gouvernement suit la même politique. Nous appelons encore une fois l’Etat français à abandonner cette politique hostile. Dans le cas contraire, le mouvement de la libération du Kurdistan et le peuple kurde utiliseront leur droit de représailles et seront dans l’obligation de prendre de nouvelles décisions contre les intérêts de l’Etat Français. Pour ne pas en arriver là, nous appelons l’Etat français à renoncer cette politique et ses pratiques hostiles à l’égard de la cause de la libération du peuple kurde.

Accord anti-kurde entre Paris et Ankara

La coopération antikurde entre la Turquie et la France est officielle. « La France a mené plusieurs actions policières et judiciaires contre le PKK sur son territoire. La signature d’un accord de sécurité franco-turc le 7 octobre 2011 à Ankara, à l’occasion de la visite du ministre de l’intérieur, a constitué une avancée importante » peut-on lire sur le site du Ministère français des Affaires Étrangères.

Dernièrement, trois jeunes kurdes ont été arrêtés le 24 aout à Marseille après une décente de police à leur domicile, tandis que deux autres ont été arrêtés à un péage d’autoroute près d’Aix-en-Provence.

Des dizaines de kurdes ont été interpellés depuis début janvier 2012. Le 27 juillet, les policiers français imitant leurs confrères turcs sont intervenus violemment contre les jeunes kurdes à Strasbourg lors d’une manifestation pour dénoncer l’isolement du leader kurde Abdullah Ocalan. Six manifestants ont été blessés et 26 autres interpellés par la police près de la préfecture. Parmi les blessés, une personne a reçu une balle en caoutchouc.

Le 22 mai, des policiers portant cagoules et gilets pare-balles ont arrêté deux kurdes, F. E. et A. S., lors d’une décente musclée à leurs domiciles dans la commune de Cenon, située dans le département de la Gironde. Couverts de sacs poubelles, ils ont été emmenés par la police.

En outre, le tribunal correctionnel de Paris a prononcé le 2 novembre 2011 la dissolution du centre culturel kurde.

Selon un décompte du Réseau d’informations libres de la Mésopotamie (ActuKurde), plus de 200 kurdes ont été arrêtés depuis 2007 pour des motifs politiques, dont 51 en 2011 et 51 en 2010.
http://www.actukurde.fr/