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Climat, prix, déchets, démocratie ? L’échec du nucléaire

Publie le mardi 22 mars 2005 par Open-Publishing

A l’occasion de la Conférence internationale sur le nucléaire (21/22 mars 2005 , Paris), le Réseau "Sortir du nucléaire" publie un document vérité

Après une période difficile, le nucléaire reviendrait en force

FAUX : le nucléaire ne représente que 6% de l’énergie consommée dans le monde et cette part, déjà marginale, va se réduire de façon inexorable : l’Agence internationale pour l’énergie (AIE), pourtant favorable à l’atome, a reconnu le 27 octobre 2004 (World Energy Outlook) que la part du nucléaire passerait sous les 5% vers 2030. Dans les trente ans à venir, environ 200 des 440 réacteurs actuellement en fonction sur Terre seront fermés car arrivés en fin de vie. Les quelques nouveaux réacteurs prévus ne compenseront pas les fermetures.

La Chine serait le nouvel "eldorado" du nucléaire.

FAUX : La Chine envisage effectivement de construire jusqu’à 30 réacteurs nucléaires. C’est certes suffisant pour occasionner un ou plusieurs Tchernobyl chinois, mais cela n’empêchera pas le nucléaire de rester marginal : même avec trente nouveaux réacteurs, la Chine passera simplement de 2% à 4% d’électricité nucléaire en 2030, soit tout juste 1% de l’énergie chinoise. Rien à voir avec un "eldorado" !

Le nucléaire permettrait de lutter contre le réchauffement climatique

FAUX : impossible de "sauver la planète" avec une énergie nucléaire marginale (6%) et sur le déclin. Par ailleurs, s’il faut lutter contre le réchauffement climatique, c’est pour laisser aux générations futures une Terre habitable. Il est donc complètement absurde de poursuivre cet objectif... en contaminant la planète avec le nucléaire pour des centaines de milliers d’années. Le problème insoluble des déchets radioactifs suffit à disqualifier le nucléaire.

Le nucléaire permettrait de lutter contre le réchauffement climatique (2)

FAUX, et c’est même le contraire : le réchauffement climatique met le nucléaire en grande difficulté. Au cours de la canicule 2003, il a fallu arroser des réacteurs, en stopper plusieurs, et violer les limites légales de rejets d’eau chaude et de produits chimiques dans les rivières. La sécheresse 2005 risque d’ailleurs d’être encore plus critique pour le nucléaire ?

Le nucléaire serait bon marché ? surtout du fait de la montée du prix du pétrole.

FAUX : un des rares avantage de la déréglementation du secteur de l’énergie est de montrer que le nucléaire n’est pas rentable : les différentes entreprises sollicitées par EDF refusent d’investir dans le réacteur EPR. Par ailleurs, le ministre de l’industrie Patrick Devedjian a avoué, dans une interview publiée le 2 janvier par un hebdo dominical que "Pendant des années, les français ont beaucoup contribué, par leurs impôts, au développement du parc nucléaire." En effet, certaines estimations vont jusqu’à 450 milliards d’euros depuis 50 ans ! Or ces sommes n’ont jamais figuré sur les factures d’électricité ?

Le nucléaire retrouverait du crédit auprès de l’opinion

FAUX : Ce n’est que lorsque un Etat fort l’impose que le nucléaire a des projets de développement (cf France, Chine, Russie, USA). Et ce n’est pas parce que les tenant du nucléaire martèlent l’opinion publique de messages publicitaires favorables à l’atome que celui-ci serait accepté par les citoyens

Le nucléaire aurait fait des progrès en matière de transparence et de démocratie

FAUX : la loi sur la transparence du nucléaire n’existe toujours pas en France alors que l’arrêté secret défense est, lui, toujours en vigueur. Par ailleurs, l’Assemblée nationale d’apprête à voter les 23 et 24 mars la construction du réacteur nucléaire EPR ? avant même la tenue (fin 2005) du Débat public officiel sur cette question !

La question des déchets nucléaires serait en voie d’être réglée

FAUX : l’enfouissement des déchets nucléaires est un véritable crime différé contre les générations et, par ailleurs, promet des dérives financières quasi inchiffrables : "La construction du laboratoire souterrain de Bure a connu des retards et un doublement de son coût initial de 60 M ?. (?) Le coût du stockage profond comporte des incertitudes, (?) Ces diverses estimations ne constituent que l’une des incertitudes qui pèsent sur le financement futur de la gestion de ces déchets". (Cour des comptes, rapport public, janvier 2005)

Le nucléaire aurait de l’avenir

FAUX : les réserves d’uranium (le combustible du nucléaire) seront épuisées vers 2050 ? et bien avant si le nombre de réacteurs venait à être augmenté. Le retraitement ne permet que de gagner un peu de temps (avec un coût financier et environnemental injustifiable) et les projets de réacteurs qui se nourriraient de leurs propres déchets n’existent que dans les rêves des industriels. Dans le nucléaire comme ailleurs, les miracles n’existent pas.