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La partie invisible de l’iceberg

Publie le mardi 5 avril 2005 par Open-Publishing

de Franca Maï

Découvrir le film Roméo et Juliette dans la neige (Romeo und Julia im Schnee) de Ernst Lubitsch -restauré selon les procédés de l’époque- sur grand écran, accompagné d’une musique originale spécialement conçue par Antonio Coppola et interprétée en live par l’Octuor de France fut un pur moment d’émerveillement.

La salle Vinci à Tours était comble, remplie essentiellement d’enfants et d’adolescents qui habituellement n’ont accès qu’à la fade télévision formatée et aux jeux vidéos. Ce jour-là, ils avaient rendez-vous avec la Poésie et ils étaient littéralement scotchés aux images goûtant la saveur du rêve car l’oeuvre présentée au Festival de l’Encre à l’Ecran relevait de la folie d’un humain partageant avec talent et humour la partie invisible de son iceberg.

L’imaginaire sans entrave menait sa danse endiablée en plantant facétieusement des petites graines dans les boîtes crâniennes d’un public vierge et ouvert à la différence. Ce qui prouve qu’une autre forme de culture peut intéresser et enchanter. Il suffit juste de mener une bataille sans faille pour la proposer. Les applaudissements, les cris de joie et les sifflements festifs à la fin de cette projection furent un réel bain de jouvence et une récompense pour les organisateurs dont Pierre-Henri Deleau, Alchimiste passionné et talentueux de ce Festival.

Les artistes, les créateurs, le public doivent énormément à cet électron libre à l’âme élégante.

Capable de faire des kilomètres à pied en avion ou à la nage pour dénicher le film rare ou le livre caché dans une cuisine de Géorgie ou d’ailleurs et les faire partager à la rue, il reste le dernier accoucheur des secrets de l’illusion optique.

A l’heure où l’on conditionne l’Art en savonnettes, où l’on transforme les Artistes en représentant de commerce à la solde d’actionnaires rivés sur des dividendes tueuses de contenu au profit de l’emballage, Pierre-Henri Deleau redonne ses ailes à la vraie liberté d’expression. Il défriche et propose un choix.

Cet homme intègre, féru de littérature et de cinéma, amoureux de la vie et bouffeur de lucioles, opte toujours pour la qualité laissant les imposteurs s’ébrouer vers d’autres rives que les siennes.

S’il n’existait pas vous continueriez à digérer lourdement vos Mac Do d’images sans savoir que la grâce existe, qu’elle est à portée de main et peut-être même dans votre ville.

Curieusement la presse officielle de Tours boude ce Festival lui préférant la mort d’un Pape. A croire que la paresse, le manque de curiosité et le mauvais goût sont les nouvelles armes des gens de communication pour mater les assis et l’ignorance fugueuse.

Pour ma part, je garde en mémoire la démarche et les petits pas précis d’Alexandre Astruc, cinéaste né un treize juillet 1923, épinglé d’un regard d’une infinie douceur.

Celle-à même qui réconcilie avec la vie.

Je vous laisse découvrir le site du Festival de l’Encre à L’Ecran. http://www.encre-ecran.com/

http://e-torpedo.net/article.php3?id_article=213