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Mission parlementaire OGM : Impasse totale sur la bio

Publie le mardi 19 avril 2005 par Open-Publishing

La présentation, ce jeudi 14 avril, du rapport de la mission parlementaire sur les enjeux des essais et de l’utilisation des OGM, laisse un goût plus qu’amer aux opérateurs de la filière biologique, dont les choix, comme ceux de la très grande majorité des consommateurs, sont purement et simplement évacués au seul profit des producteurs d’OGM et de l’industrie agro-chimique des semences. Contrairement aux affirmations de Jean-Yves Le Déaut, ce rapport fait l’impasse totale sur le seul mode de production qui soit une alternative crédible à l’agriculture chimique. Une fois encore, la Fédération Nationale d’Agriculture Biologique des régions de France, le Synabio, le syndicat des transformateurs de produits naturels et de culture biologique, le réseau Biocoop et Objectif Bio 2007 réitèrent leur refus d’une contamination quelconque des productions bio par les OGM. Ils demandent que toute analyse bénéfices - risques des plantes génétiquement modifiées soit accompagnée d’une comparaison avec les méthodes biologiques qui ont fait leurs preuves. Ils refusent la création d’un fonds d’indemnisation abondé en partie par l’Etat, donc par le contribuable, qui risque d’être plus dérisoire encore que celui mis en place pour les pollutions par les hydrocarbures (FIPOL). Ils demandent qu’une vraie recherche française en agriculture biologique, avec des moyens humains et financiers au moins au niveau de ceux alloués aux OGM. 

Les signataires dénoncent par ailleurs l’attaque inacceptable contre le CRII GEN, le seul organisme indépendant et compétent sur le plan international, dont les missions et audits sont reconnus par une dizaine d’institutions privées et publiques comme les gouvernements italien et québécois, le comité biosécurité de la Chine, l’Université de Montréal, des universités tunisienne et égyptienne, de la Direction Générale de l’agriculture de la Commission européenne et de plusieurs syndicats professionnels de l’alimentation et de l’agriculture. Les manœuvres utilisées par la mission parlementaire rappellent, de sinistre mémoire, les positions scandaleuses des institutions lors du nuage de Tchernobyl, l’amiante ou le sang contaminé, couvertes pendant trop longtemps au détriment de la santé publique.

La mission parlementaire, qui a pourtant auditionné quelques producteurs biologiques, fait l’impasse totale sur notre mode de production. Les effets des OGM sur l’environnement ou la vie des sols sont totalement oubliés. En matière de santé des consommateurs, la mission met en avant les soit-disant avantages des OGM pour régler le problème des mycotoxines, alors que l’agriculture conventionnelle pourrait avantageusement s’inspirer des méthodes utilisées en bio pour limiter ce problème. Omettant les différentes études qui le mettent en cause pour son influence sur les cellules nerveuses, passant sous silence le désherbage mécanique efficace et sans danger, le rapport présente le Round-up comme un produit anodin. En terme de seuil de contamination, vouloir aligner la bio sur le conventionnel (0,9%) montre le mépris pour les consommateurs de produits bio, au profit des producteurs d’OGM. Quant à l’intérêt pour les producteurs, que la mission dit avoir interrogé jusqu’en Afrique du Sud, il n’est aucunement mis en parallèle avec l’agriculture biologique, seul mode de production permettant une réelle autonomie et autosuffisance des paysans, sans les risques sanitaires et environnementaux liés à l’utilisation de la chimie.

Seul point positif de ce rapport, l’institution d’un régime de présomption de faute à l’encontre des producteurs de plantes génétiquement modifiées (PGM) en cas de présence fortuite dans une parcelle de culture non OGM supérieure au taux légal. Mais ce taux légal devrait être le seuil de détection pour les cultures biologiques, et le fonds d’indemnisation abondé par le seul secteur des PGM, et sans plafond de moyens.

Loin de clore le débat et de réconcilier les pro et les anti-OGM, ce rapport montre la partialité d’une commission parlementaire qui a fait semblant d’écouter tout le monde, mais ne retient délibérément que le parti des pollueurs.

Contacts presse : Vincent Perrot, 01 43 38 38 69 / 06 84 10 43 79 ; Cécile Lepers, 01 48 04 01 49 / 06 24 84 15 10