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Energie : à vue, sans plan et à contre-courant – le non sens de la privatisation

par PRCF

Publie le vendredi 4 juillet 2014 par PRCF - Open-Publishing

Début juin, s’est tenue à Toulouse une conférence économique réunissant des spécialistes du secteur de l’énergie électrique. Son sujet principal, la dérégulation et ses effets sur les investissements de long terme et la capacité de production (en quantité et en qualité).

A l’heure où les cheminots (et les artisans-taxi) sont en lutte contre des mesure de dérèglementation, cette conférence apporte des lumières intéressantes.

Dans les années 1990, un grand mouvement de dérégulation du marché de production et de distribution de l’énergie électrique commence en Grande Bretagne, puis s’étend à certains états U.S (Californie) à la Nouvelle Zélande, l’Australie, l’Amérique Latine (Merci les plans du F.M.I). Quelques années plus tard la vague de dérégulation touche l’U.E et sous la pression de la (grosse) commission européenne, c’est le marché français qui est en partie dérégulé (en langage dominant, on dit libéralisé !). A l’occasion de cette conférence toulousaine, certains enseignements sont tirés de ces « expériences » voyons plutôt :

La production et la distribution d’énergie électrique demandent de gros investissements, en effet, construction et entretien des lignes, construction de centrales, R&D (nucléaire ….) mobilisent de grosses quantités de capitaux, aussi, c’est la puissance publique qui en a assumé la charge (plus ou moins directement selon les pays.). En France, E.D.F est nationalisé par le ministre communiste Marcel Paul membre du gouvernement de Libération et appliquant alors (autant que possible) le programme du C.N.R « Les jours heureux ». S’en suivront 48 années d’investissement et de production publics.
L’investissement de long-terme permis par la puissance publique permet de construire un système performant et de lisser les coûts. L’usager ne paie alors que le coût moyen de production. La mise ne place de tarifs réglementés permet de lisser le coût de l’investissement et de construire des capacités de production légèrement excédentaires à même de répondre aux besoins de la population tout en limitant la volatilité des tarifs.
La dérégulation a été rendue possible par cette légére sur-capacité. En réalité, on peut observer qu’une fois l’investissement dans l’outil de production et de distribution fait, la privatisation et la dérégulation de ces outils ont permis à de grands monopole privés de détourné les profits à leur seul intérêt. Il est remarquable qu’aucune dynamique de dérégulation n’ait été lancée, dès lors que les capacités de production nécessitaient encore de l’investissement lourd !
Une fois la dérégulation entamée, la mise en concurrence des unités de production conduit à une dynamique de dégraissage des capacités de production qui entraine une pénurie énergétique (rappelons-nous des Black-out en Californie) et une montée des prix. Puis une surinvestissement (et oui il n’y a plus de plan) pour retrouver une capacité suffisante, surinvestissement qui ne permet pas la rediminution des prix, le capital privé surinvestit demandant à être rémunéré… On le voit, la main invisible d’Adam Smith ne fait que distribuer des claques….
Ces cycles de destruction/réinvestissement de capital ne permettent pas la réorientation de la production vers des énergies plus « vertes » : les besoins en capitaux sont trop importants et/ou demandent une rémunération difficilement acceptable par l’usager devenu client.

Sans aller jusqu’à parler de nationalisation, les économistes réunis à Toulouse en ce début de mois (et pour cause certains ont directement participé aux plan de dérégulation) sont bien obliges de reconnaitre que le secteur de l’énergie électrique ne fonctionne pas de manière stable et efficace dans ce contexte de déréglementation.

Si l’on est plus conséquent, en tant que citoyen français, on ne peut que se réjouir de l’action de Marcel PAUL qui en nationalisant E.D.F a mis en place les conditions nécessaire à un développement efficient et planifié des capacités de production et de distribution de l’énergie électrique en France.

A l’heure où le chiffon « vert » du développement durable est agité de toutes part, ce colloque toulousain doit nous rappeler que les mots « planification » et « nationalisation » ne sont pas des gros mots. Bien au contraire, ils sont l’expression d’un contrôle citoyen du développement au service de tous et des barrières efficaces au saccage de l’environnement au bénéfice de la rémunération de capital privé au seul profit de quelques-uns.

Décidément la marche vers le progrès énergétique et environnemental ne peut s’envisager dans le cadre de la « concurrence libre et non faussée ». Il faudra bien sortir de l’UE et de l’euro, repousser le Grand Marché Transatlantique et plus loin construire le socialisme, car ce n’est que bon sens : la rémunération du capital privé ne peut être un but émancipateur pour l’humanité.

Plus près de nous, ce constat dans le secteur de l’énergie ne peut que pousser à réaffirmer que la dérégulation du transport ferroviaire est une mauvaise chose. Elle doit être refusée et combattue comme le font courageusement les cheminots en lutte.

source : www.initiative-communiste.fr