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Conférence sociale : au grand simulacre du coup de gueule syndical !

par antoine (Montpellier)

Publie le mardi 8 juillet 2014 par antoine (Montpellier) - Open-Publishing
6 commentaires

Porte qui claque un jour, s’ouvre les autres jours ... chaise vide en juillet, chaise occupée en septembre !

Avec la décision de la CGT, FO, Solidaires et la FSU de ne pas participer à la deuxième journée de la Conférence sociale, on pourrait se prendre à dire : enfin ! Enfin, ceux qui représentent les salariés (on préfère ne pas insister aujourd’hui sur leur "non-représentation" des chômeurs et des précaires) ont dit basta ! Sauf que, on le sent bien, Valls la joue "même pas peur" ...

... et ce qui pourrait être l’esbroufe de celui qui, malgré tout, aurait pris un bon coup dans les dents, dénote surtout que le message des "affreux" syndicalistes pratiquant la chaise vide a été trop bien et vite compris : ce qu’ils ont boycotté c’est le baratin du jour avec experts, patrons, ministres sur éducation, emploi ou pouvoir d’achat. Non que tout ceci ne soit pas important dans la vie de ceux qui triment (et ceux qui le voudraient) mais, à cette conférence asociale, ils ne sont que les préliminaires, de la machine à paroles, avant les choses sérieuses. Et les choses sérieuses ce sera en septembre. Et en septembre, la CGT et FO, au moins, ont déjà dit, banco, dès aujourd’hui (pourquoi laisser la peur s’installer chez les partenaires qu’on vient de ...brutaliser ?), ils ont déjà dit qu’ils en seraient ! Ben voyons... Alors, oui, Valls et Hollande auraient préféré un superbe "embrassons-nous Folleville", gens de bonne composition dialogueuse-dialoguante. Image clé, celle-là, du dispositif de com’ de l’enfumeur de l’Elysée. Mais tout compte fait...

Ce syndicalisme qui joue du muscle un jour, c’est celui du simulacre, celui du jeu d’ombres : celui de la gonflette qui, médias gourmands de brusqueries aidant, cherche à donner le change mais qui n’est que ça, du vent, de la baudruche, au dur verdict de la lutte des classes, celle que seul, actuellement, à ce niveau, le Medef sait mener dans les règles de l’art.. Et ça, pense-t-on à Matignon, le côté matamore des chefs syndicaux "indociles", ma foi, c’est aussi un coup à jouer à un moment où on vu le climat social se rougir : après tout Lepaon et Mailly qui agitent la muleta c’est bon pour mettre à mort le taureau de la radicalité contestataire ! Car l’essentiel, coco, c’est que, utilisons les mots de Solidaires, dans une situation sociale plus que plombée par "le pacte de responsabilité, l’extension du travail dominical, le gel des seuils sociaux envisagé, "la « contre-réforme des retraites » ou encore l’« agrément de l’accord Unedic au détriment des intermittent-es, précaires et chômeur-euses »", sans parler de la récente "attaque" (comme ils y vont !) contre les cheminots, qu’ont-ils, nos braves syndicalistes, à espérer, de plus qu’en juillet, en septembre, au sortir d’un été classiquement atone, d’autant plus atone qu’aucun d’eux ne s’est aventuré à proposer aux autres et aux salariés de poser dès maintenant les bases de la relance des mobilisations ?

En fait le problème est bien là : la grève des strapontins de la conférence antisociale, participe ni plus ni moins que du maximum que peut concéder le syndicalisme d’accompagnement des mesures patronales-gouvernementales à ceux qui, cheminots, intermittents, postiers, sanofiens... se bagarrent, les mains (les poings), les pieds, dans le cambouis des luttes qui cherchent à converger. Mais dont la convergence n’est pas au programme, n’est pas dans le logiciel, de directions syndicales qui, se servant du repoussoir "facile" de la CFDT hollando-médefienne, s’exonèrent à peu de frais, un jour (pas plus) de conférence pseudo-sociale, de leur lourdingue inertie stratégique ; celle qui les abonne depuis des années à une dérisoire, mais cruelle pour le monde du travail, impuissance. Inertie stratégique, qui l’été aidant à éponger la sueur froide de leur audace boycotteuse d’un 8 juillet, les mènera docilement à "discuter" le coup, à la rentrée, avec le Medef, sous l’égide de son gouvernement !

Il faut se rendre à l’évidence de ce que les gesticulations syndicales lors de la conférence socialo-patronale, cette "grève" hautement médiatisée des discussions d’un jour, participent du savoir-faire du système par lequel on donne à voir des contestataires contestant juste ce qu’il faut pour amuser-abuser la galerie... Des contestataires pour qui le centre de gravité des choses sérieuses ce n’est ni la rue, ni les lieux de travail, mais cette grande pièce avec une grande table et des gens autour qui savent se tenir...par la barbichette du "dialogue social" ! Bref, sans surprise, il nous reste à construire l’autre grève, la seule grève qui, dans la "lente impatience" (Daniel Bensaïd) de la fédération des volontés, bousculera ces bonnes manières et renversera ladite table... Tellement il est vrai que, quand ils s’y mettent, les salariés, les sans-travail, et tous les autres exploités et opprimés, ne savent pas se tenir à table...

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Messages

  • Il faut se rendre à l’évidence de ce que les gesticulations syndicales lors de la conférence socialo-patronale, cette "grève" hautement médiatisée des discussions d’un jour, participent du savoir-faire du système par lequel on donne à voir des contestataires contestant juste ce qu’il faut pour amuser-abuser la galerie...

    la société du spectacle dans toute sa splendeur

    et malheureusement seul le fn se présente et est présenté comme l’éléphant dans le magasin de porcelaine, lui qui est le pire ennemi de l’émancipation sociale

    • ANTOINE , je partage totalement ton analyse , je pense qu’ à la base de la CGT , personne n’est dupe : hier, j’ ai participé à la CE de mon UL , et si tout lemonde approuvait le boycott de la CGT , tous dénonçaient lamise en parenthèse de la coordination des luttes jusqu’à septembre ...

      il ne s’agit donc pas de se laisser prendre par la nouvelle posture de LE PAON et de la direction confédérale , mais il ne faut pas sous estimé non plus ce qui c’est passé : l’intervention de la base et des structures de la CGT : le débat houleux au sein même de la CE ont contraint la confédé au boycott ce qui n’était pas encore acquis il y a quelques jours ( voir le courrier " alambiqué de LE PAON à HOLLANDE , véritable appel au secours ) ...

      Aucune illusion sur cette reculade , la confédé prévoit déja de participer à la prochaine réunion sur l’apprentissage , ainsi ; ce qui n a pas pu être " négocié " lors de la conférence sociale , le sera lors de réunionS "thématiques" , l’habillage est donc modifié , mais le résultat sera identique : la régression sociale ...SAUF NOUVELLE INTERVENTION DE LA BASE ET DES TRAVAILLEURS ...

    • Je suis d’accord, Richard, avec ta précision sur le poids de la base dans la reculade (d’un jour) de la direction confédérale et sur la nécessité de renforcer le rapport de force en faveur de cette base et des structures qui sont prêtes à la relayer.

    • ben oui, c’est bien le problème dans ton texte Antoine : ton texte qui se veut anti bureaucrates syndicaux peut laisser penser qu’il est carrément antisyndical, car tu ne fais jamais la distinction entre les dirigeants syndicaux bureaucratisés et le syndicalisme de base, d’équipes, etc. C’est pourtant le b-a ba que t’aurait enseigné Bensaïd...

    • Pour le b-a ba bensaïdien, voici ce qu’on lit dans mon texte :

      le côté matamore des chefs syndicaux "indociles" / le taureau de la radicalité contestataire

      syndicalisme d’accompagnement des mesures patronales-gouvernementales /ceux qui, cheminots, intermittents, postiers, sanofiens... se bagarrent (et là-dedans chacun comprend qu’il y a pas mal de syndiqués. Il faut le préciser ? Je le précise !)

      directions syndicales / le monde du travail

      des contestataires contestant juste ce qu’il faut ... Des contestataires pour qui le centre de gravité... / les salariés, les sans-travail, et tous les autres exploités et opprimés

      L’aspect directions syndicales/ syndiqués de base avait été exposé explicitement dans un autre texte : "il en va, non seulement de l’avenir du syndicalisme mais aussi et surtout de ce qu’il peut apporter à un mouvement social qui est appelé à être l’arme fatale contre cette gauche gouvernementale qui se vautre à droite ! Le syndicat ne peut être un outil de tractations et de manoeuvres favorisant nos ennemis. Il nous faut travailler à la construction d’un syndicalisme de lutte tel qu’il s’exprime dans ces milliers de syndiqués et, paradoxalement, de non-syndiqués, cheminots ou intermittents parmi tant d’autres, qui savent aujourd’hui que c’est sur les lieux de travail et dans la rue, non dans les couloirs de l’Elysée et de Matignon, que se mène la seule action syndicale digne de ce nom, capable de créer le rapport de force permettant d’obtenir le recul de ceux d’en face !" (à lire ici).

      Chaque texte a son angle d’attaque et n’a pas à répéter ce que dit l’autre ! Il me semble. Pour la conférence sociale, c’est le rapport "chefs syndicaux" / base large de ceux que cette conférence cherche à neutraliser (les "lutteurs"), qui m’a paru le plus pertinent. Mais cela se discute...

  • t’aurais préféré qu’ils y aillent et que le syndicalisme rassemble continue .et bien moi sans illusion aucune j’ai vu dans mon syndicat la cgt comment par les prises de position de

    nombreuses instances et de camarades reconnus dans le syndicat

    cette rupture a pu se faire et c’est un signe de la situation et c’est l’approfondissement de l’isolement du gouvernement qui se retouve avec la seule cfdt comme caution syndicale