Mort de Tommy Ramone : « HEY HO LET’S GO ! HEY HO LET’S GO ! »

L’auteur est diplômé en sociologie à l’Université du Québec à Montréal. Il s’intéresse particulièrement aux divers enjeux auxquels sont confrontées les sociétés contemporaines notamment en ce qui a trait à la reconnaissance sociale, au dialogue culturel ainsi qu’aux conditions de la démocratie et de la justice sociale. On peut le suivre sur sa page Google+.

Comme nous l’avons appris récemment, le dernier membre original du groupe punk américain The Ramones soit le batteur Tommy Ramone, né Tamás Erdélyi à Budapest en Hongrie le 29 janvier 1949, est mort vendredi le 11 juillet à l’âge de 65 ans. Originellement composé, en plus de Tommy, de Joey Ramone (1951-2001) au chant, Johnny Ramone (1948-2004) à la guitare, Dee Dee Ramone (1951-2002) à la basse, les "rebelles blousonnés", dont l’alignement a quelques peu changé à travers les années (voir : Marky Ramone (1956-), C.J. Ramone (1965-), Richie Ramone (1957-) et Elvis Ramone (1955-), ont été intronisés au « Rock and Roll Hall of Fame » en 2002. Leur influence sur l’univers musical contemporain est colossale !

Les Ramones, fondés à New York en 1974, lancent leur premier album (éponyme) le 23 avril 1976 chez Sire Records. L’influence de cet album d’un peu plus de 29 minutes, enregistré en 5 jours, sera immense sur l’univers musical contemporain autant en raison de sa simplicité que de son efficacité redoutable. L’hymne de la jeunesse révoltée, « Blitzgrieg Bop », qui ouvre l’album de ces "Bad Beach Boys" avec le célèbre « Hey ho let’s go ! Hey ho let’s go ! » serait assurément une des chansons choisies comme l’une des plus marquantes de l’histoire socio-musicale du punk du 20e siècle ! Imprégnés par la culture populaire, la violence, la provocation et l’arrogance envers toutes les formes d’autorité imaginables, les Ramones en choqueront plus d’un. Toutefois, ils raviront toute une génération de musiciens et d’amateurs de musique rapide et énergique en quête d’émotions fortes. Notons que le look « Grease Trash » des Ramones avec jeans et blousons de cuir constitue un clin d’œil direct à la culture populaire des années 1950.

Point de convergence parfait entre nihilisme, provocation, humour noir, fascination pour la culture populaire et pour les amours juvéniles, les Ramones nous laissent une œuvre (14 albums studio et une poignée d’albums en concert) que nous devrions, à mon avis, considérer comme un véritable laboratoire de critique sociale de la civilisation américaine de la deuxième moitié du 20e siècle et de ses problèmes divers. Tout y a passé pour les Ramones : préoccupation pour les enjeux familiaux, politiques, moraux, pour la santé mentale, le tout sous la forme d’une remise en question permanente des valeurs bourgeoises établies supposément garantes du bonheur et de la paix d’esprit. De la guerre au surf en passant par le « chewing gum » et les mauvais films d’horreur, voilà le spectre de la philosophie des Ramones.

Fait à noter dans l’histoire des Ramones : la rencontre avec le controversé producteur Phil Spector et son fameux « mur de son ». Ce dernier poussera les membres du groupe hors de leurs habitudes « expéditives » en studio allant jusqu’à leur demander de refaire la même chose des dizaines et des dizaines de fois pour qu’ils deviennent si exténués physiquement et mentalement qu’ils en viennent à atteindre individuellement à la perfection ce que lui avait en tête au départ. Conséquemment, l’album qui en résultera, « End of the century », sorti en mai 1980, ne ressemble à aucun autre du groupe. « Do you remember rock’n’roll radio ? et « Rock’n’roll high school » sont les chansons les plus connues de cet album intemporel et malgré tout excellent. Notons qu’à cette époque, Marky Ramone est à la batterie depuis que Tommy a laissé tomber le groupe en 1978.

Que l’histoire se souvienne des Ramones !!!

Source de l’image (de gauche à droite, Johnny, Dee Dee, Tommy et Joey) : http://cdn.fansided.com/wp-content/blogs.dir/229/files/2014/07/ramones-456-080511.jpg