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Tribune pour Rémi : Convergences

par Bakatesta

Publie le mercredi 29 octobre 2014 par Bakatesta - Open-Publishing

Un vrai héros national

Non Rémi. Tu n’es pas mort pour rien. Ta mort met en relief criant à la fois un énorme clivage ancré et une convergence naissante.

Tu n’es pas mort seul. Survenue 6 jours avant la tienne, la mort de Christophe de Margerie, PDG de Total, a suscité des panégyriques obscènes de la part d’une classe Totalement déconnectée de la majorité du peuple et des valeurs supposées de la nation française. Fraudeur fiscal à grande échelle, taché du sang et de la sueur d’une main d’oeuvre esclavagiste en Birmanie, mettant tout en oeuvre pour éviter ses responsabilités écologiques, de Margerie a été érigé en héros national par un gouvernement de droite sous une bannière de gauche. Liberté de polluer. Fraternité avec des dictateurs sans scrupules. Égalité des plus riches avec les plus pauvres devant l’impôt.

Alors que la plus haute société et nos "représentants" se préparaient à pavaner dans des obsèques "m’as-tu vu" nationales pour la télé et les pages, entre autre, de Paris Match, l’État t’a tué avec une arme "non-léthale" sur un terrain déboisé. Botaniste passionné, militant pacifiste contre un crime écologique au profit d’une infime minorité, mettant, avec d’autres, tout en oeuvre pour rappeler l’État à ses responsabilités, on t’a d’abord ignoré puis dénigré voire criminalisé, pour enfin timidement évoquer de la sympathie pour tes proches dans leurs perte.

Oui Rémi. Ta mort est criminelle. Mais elle n’est pas stupide, ni inutile comme le grand barrage de Sivens contre lequel tu luttais.

Hier soir je suis allée à une assemblée pour organiser des réactions militantes à ta mort aux mains des forces de l’État. Et à ma grande et très agréable surprise, dès l’introduction un lien essentiel a été prononcé avec les victimes de violences policières dans les quartiers et les cités.

Tu n’es pas mort seul. Avant toi Zyed Benna et Bouna Traoré, Vilhem Covaci, Taoufik El-Amri, Joseph Guerdner... - tous tués par la police. Et aussi Amine Bentounsi abbatu d’une balle dans le dos. Hier soir sa soeur Amal était la avec d’autres relations de victimes en banlieue. Et dans une assemblée autogestionnaire houleuse pleine de divergences et de diversité dans ses réclamations, une convergence est née entre deux secteurs de la société de plus en plus criminalisés et stigmatisés par un État oligarchique au service des plus riches. De la renoncule des zones humides au béton des cités nous disons "Non aux violences policières !", "Stop à l’impunité !", et fort, très fort, "Saisissons cette convergence ! Ne la laissons pas filer !".

Merci Rémi pour cette naissance dans ta mort. Nous allons manifester ensemble dimanche. Nous allons nous revoir et reparler. Militants écologistes et altermondialistes, auto-gestionnaires anarchistes, militants pour la justice en banlieue, nous sommes unis dans notre détermination mais souvent séparés dans les buts exacts de nos luttes ainsi que par des murs socio-culturels. Nous devons creuser nos points communs, échanger, apprendre les uns des autres. Face à nous une minorité riche et puissante n’hésite pas à déployer des forces violentes et le fascisme est à notre porte. Sans échange et sans convergence, il n’y aura pas de victoire et de réel changement progressif.

Collectif Associatif et Solidaire du Sud Grésivaudan