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intervention de Jacques Martineau au FSL le 1er mai

Publie le mardi 29 avril 2003 par Open-Publishing

Bonjour,

Voici l’édito de la 17éme édition 2003 d’AC Tonne.

Avec quelques heures d’avance je vous livre cette intervention que je
ferai en tant que militant d’AC ! Gironde au débat d’ouverture de ce
premier Forum Social à Bègles Bordeaux, dans le cadre du débat
" Stop la Guerre, construisons Ensemble la Paix "

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J’aurai pu commencer cette intervention en revendiquant mes convictions
antimilitaristes. Car être antimilitariste aujourd’hui,
c’est s’opposer à toutes les guerres, y compris celle, sociale,
que mène la France sur son propre territoire.

Mais nous autres, Chômeurs à temps plein non choisi,
Salariés sans salaire ni retraite, Citoyens privés de revenu décent,
avons voulu aborder cette question de la guerre sous l’angle de la
guerre sociale, car la guerre sociale nous en sommes,
aujourd’hui dans ce pays, les premières victimes.

C’est un peu pour conjurer le sort et beaucoup par conviction de la
justesse de notre lutte que nous militons pour un vrai partage du
travail et des richesses car nous savons que, sinon,
l’exclusion, et, au final, la mort sociale nous guette au tournant.
La précarité de la vie en effet n’est pas la même pour tous.
Saviez-vous qu’il meurt chaque année, bon an mal an dans Paris,
entre 600 et 800 SDF ?

Mais ces morts-là, comme les morts irakiens,
ne sont pas perdus pour tout le monde.
Comme la guerre tout court, la guerre sociale trouve d’abord sa source
dans la recherche du profit, et ensuite dans la reproduction de l’ordre
dominant, ou plutôt du désordre marchand global.
Car aujourd’hui dans l’économie mondialisée, il serait faux de croire
que la globalisation capitaliste n’a pas de politique sociale à
l’encontre des pauvres de la planète.
Au Nord comme au Sud, c’est la même politique,
la même guerre contre les pauvres.

Et là aussi les états unis d’Amérique sont en première ligne pour mener
cette guerre sociale :
<< Les Etats-Unis ont inventé une nouvelle technique de gestion de la
misère qui consiste à la réguler par le biais d’une politique sociale
transformée en tremplin vers le travail précaire et d’une politique
pénale hyperactive visant à augmenter le prix des stratégies de fuite
hors du marché de l’emploi précaire. >>
C’est le sociologue franco-américain Loïc Wacquand qui l’écrit. Loïc
Wacquand, l’élève de Pierre Bourdieu dont l’apport au mouvement social
a été indéniable ces 20 dernières années.

Alors, pour bien vous convaincre du propos, je vais encore citer Loïc
Wacquand :
<< Le taux d’incarcération affiché par les Etats-Unis aujourd’hui, avec
700 détenus pour 100 000 habitants, est proche de ceux affichés par
l’Union soviétique à la fin des années 50 ,
et double de celui de l’Afrique du Sud au plus fort de la lutte armée
contre le régime d’apartheid, c’est-à-dire dans
une situation de guerre civile et raciale.>>

En France, on nous a d’abord collé la LSQ,
la Loi Sécurité Quotidienne.
"On" , ce sont les socialistes de Jospin et la droite qui ont voté cette
loi en novembre 2001.
Naturellement Sarkosy n’est pas en reste aujourd’hui avec la LSI,
la Loi sur la Sécurité Intérieure.
Ni Perben, l’ancien du SAC devenu ministre de la Justice,
avec son programme de construction de prisons
et d’ouverture de centres éducatifs fermés...

Face à cette criminalisation de la pauvreté, face à l’oppression sociale,
nous opposons notre volonté farouche d’hommes et de femmes épris de
liberté.
Parce que nous ne voulons ni du harcèlement policier,
ni du harcèlement administratif, ni, non plus, de l’emploi forcé que
nous promet la réforme du RMI en Revenu Minimum d’Activité,
nous disons avec force :
Pas de guerre entre les peuples ! mais aussi
Pas de paix entre les classes... tant qu’il y aura des classes.

Jacques Martineau, militant AC !
Bégles le 1er Mai 2003

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