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Caen. Démission de Lepaon : les ex-Moulinex pas surpris
par Guillaume LE DU
Publie le dimanche 11 janvier 2015 par Guillaume LE DU - Open-PublishingLe « parlement » de la CGT doit désigner, mardi, le successeur de Thierry Lepaon, son secrétaire général démissionnaire. À Caen, ses anciens compagnons de route, chez Moulinex, ne sont pas tendres avec lui.
« Il est victime d’une cabale éhontée. C’est injuste. Thierry a sacrifié sa vie aux travailleurs, y compris sa vie privée... » S’il ne devait rester qu’un défenseur de Thierry Lepaon, le secrétaire général de la CGT contraint à la démission, Gérard Leneveu serait sans doute celui-là. Le maire communiste de Giberville, une commune ouvrière de 5 000 habitants dans la banlieue est de Caen, a mal pour son ami. « C’est clair qu’il est touché. »
Mais, en Basse-Normandie, sa région natale, Thierry Lepaon, l’ancien « chaudronnier » de Moulinex, ne va pas émouvoir beaucoup d’anciens camarades de lutte. Ils ne lui ont pas pardonné « d’avoir (trop vite) tourné la page », comme le regrette Lionel Müller, ancien délégué CGT du fabricant de petit électroménager.
« Comme Icare, il s’est brûlé les ailes »
Le taiseux Lionel a travaillé dix-huit ans, aux côtés du charismatique Thierry. Leur fief ? L’usine de Cormelles-le-Royal, près de Caen, où travaillent alors plus d’un millier de salariés et d’où sortent les fours à micro-ondes.
« Après le dépôt de bilan de Moulinex en 2001 (et le licenciement de 3 300 des 5 600 salariés), Thierry Lepaon est rapidement passé à autre chose. Je ne l’ai pas revu depuis 2003. » Alors, trop vite, trop haut ? « Comme Icare, iI est monté trop haut et il s’est brûlé les ailes. Mais l’appareil de la CGT est aussi responsable. »
À la CFDT, Marie-Gisèle Chevallier, infatigable déléguée syndicale de Moulinex, n’est pas moins tendre avec son ancien rival. « Il est jovial, certes, mais ce n’est pas un vrai syndicaliste, n’hésite-t-elle pas à dire. Il était là pour « dégommer » la CFDT. Dès le début, le patronat avait un grand dessein pour Monsieur Lepaon. »
Maguy Lalizel, ancienne déléguée syndicale, confirme : « Il aurait aimé être un grand patron. C’est le seul délégué syndical central qui avait besoin d’un chauffeur... »
Recruté en 1983 par Alfred Sirven (qui a été ensuite au coeur du scandale Elf), le leader cégétiste ne crachait pas sur un bon whisky avec Pierre Blayau, le PDG de Moulinex de 1996 à 2000. Ce dernier a toujours loué ses qualités. « Un syndicaliste de haut vol avec une grande capacité d’analyse. » Un homme de réseaux, aussi, même si Thierry Lepaon a toujours nié son appartenance à la franc-maçonnerie.