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tribune de rue 89

Publie le mardi 27 janvier 2015 par Open-Publishing
5 commentaires

Tribune 27/01/2015 à 12h38
Militant de gauche, je ne suis pas choqué par l’alliance entre Syriza et les Grecs indépendants

Tribune

Comme on pouvait s’y attendre, la gauche française se sent pousser des ailes avec la victoire de Syriza, et tant pis si c’est à l’autre bout de l’Europe ; la joie des dirigeants du Front de Gauche est si contagieuse que tout le monde veut s’inviter à la fête, y compris ceux qui ont le moins de points communs avec la formation grecque. On voit ainsi Marine Le Pen se féliciter de la victoire d’un parti de gauche, Jean-Marie Le Guen et Christian Estrosi saluer le succès d’une formation anti-austérité !
Making of

Notre fidèle riverain Mordraal, par ailleurs militant du Parti de Gauche, nous a adressé ce mardi matin un texte où il relève un défi compliqué : justifier, depuis la gauche, l’alliance passée par Syriza avec le parti de droite des Grecs indépendants, au lendemain d’une victoire très nette, mais qui ne lui a pas donné la majorité absolue au Parlement.

En hommage à cet exercice de tactique politique, et pour son analogie avec la situation française, nous publions avec plaisir ce texte. Xavier de La Porte

Il est cependant une chose qui déçoit les militants de gauche et est, à l’opposé, perçue par des personnalités de droite comme une bonne raison de se réjouir de la victoire de Syriza : l’alliance nouée entre celui-ci et les Grecs idépendants (Anel), vécue par certains à gauche comme une trahison. Mediapart résume l’état d’esprit qui prévaut en titrant sur « l’allié contre-nature de Syriza ».

Ecartons immédiatement les inévitables discours sur le thème de « l’alliance des extrêmes », « l’union rouge-brune » et j’en passe : outre que la ligne actuelle de Syriza n’est pas proprement d’extrême gauche, Anel n’est pas non plus un parti d’extrême droite malgré des prises de positions conservatrices et des propos parfois outranciers à l’égard du gouvernement allemand.

Ecartons également l’idée que toutes les formations politiques qui s’opposent aux politiques d’austérité auraient en réalité le même programme ; il s’agit là d’un discours destiné à légitimer ces politiques d’austérité en assimilant leur contestation à l’extrême droite, en s’aveuglant volontairement sur des différences capitales dans la vision de l’Union européenne, de l’immigration, de l’environnement, des inégalités sociales...

Si le clivage entre pro et anti-austérité, ou entre partisans et opposants à la construction européenne telle qu’elle se fait depuis le traité de Maastricht, est pertinent, il ne supprime pas pour autant le clivage gauche-droite.

Panos Kammenos (Anel) et Alexis Tsipras (Syriza) à Athènes, le 26 janvier 2015 (LEFTERIS PITARAKIS/POOL/AFP)
Qu’est-ce qu’un allié valable ?

Reste que l’alliance entre Syriza et Anel pose une question importante : qu’est-ce qu’un allié valable pour la gauche ?

La question n’a pas attendu les élections grecques pour devenir centrale à gauche : rappelons-nous des difficultés de l’application de l’union de la gauche dans les années 70 alors que le PS avait pour habitude de s’allier au centre droit et non aux communistes – difficultés relatées par le politiste Denis Lacorne dans « Les Notables rouges : la construction municipale de l’union de la gauche » (1986, Presses de Sciences-Po).

Le problème se pose avec une acuité particulière aujourd’hui pour le Front de Gauche : j’ai été choqué de voir Europe Ecologie-Les Verts renier son programme en participant pas moins de deux ans au gouvernement Ayrault, j’ai vilipendé l’opportunisme du PCF s’alliant avec le PS au risque d’associer le Front de Gauche à sa trahison.

Alors, on pourrait légitimement me dire :

« Quoi, tu trouves normal que la gauche grecque s’allie avec la droite souverainiste, et tu te plains que tes camarades communistes fassent de même avec le PS ? Le PS est plus à droite qu’Anel, peut-être ? »

Cette deuxième question est à mes yeux moins tranchée qu’il n’y paraît, mais en effet, présenté ainsi, on pourrait faire cette critique.
C’est la droite qui se rallie à la gauche

Ce serait cependant oublier que la situation de la gauche grecque est très différente.

D’abord, parce qu’on ne parle pas ici du ralliement d’une formation de gauche à une politique de droite, mais bien de l’inverse ! Cette alliance sera dominée par Syriza et ne l’empêchera pas d’appliquer la plus grande partie de son programme, les Grecs indépendants étant d’accord sur les mesures les plus urgentes, à savoir l’arrêt des politiques d’austérité et le rejet des directives de la Troïka. Dès lors que c’est bien à une politique socialiste qu’aboutit cette alliance, où est le problème ?

Prenons la situation de la France à l’envers : je n’ai entendu personne au PS protester contre ses alliances avec le PCF et EELV. Et pour cause, c’est bien le PS qui domine la politique menée là où ces alliances sont au pouvoir, ce sont donc bien ces deux partis qui se renient en soutenant sa politique et non l’inverse !

En l’espèce, les Grecs indépendants ont donc décidé que leurs valeurs de droite passaient après la souveraineté de la Grèce et c’est tout à leur honneur. Aurait-on reproché aux communistes de s’allier aux gaullistes dans la Résistance ? Non que je compare les dirigeants européens au régime de Vichy, les différences sont évidentes, mais il y a analogie en cela qu’une alliance « contre-nature » peut s’imposer dans certains contextes.

En l’espèce, Syriza pouvait aussi faire alliance avec le centre gauche, il est vrai. Mais là encore, la Grèce est dans une situation bien particulière où la question est moins de savoir si l’on est de droite ou de gauche, que de savoir qui résiste aux institutions européennes dominées par les autres chefs d’Etat et de gouvernement ; choisir pour allié Anel était donc le meilleur moyen de montrer aux dirigeants étrangers que Syriza ne cèdera pas facilement et est bien décidé à obtenir le plus possible de la négociation.
Le contexte particulier de la Grèce

Si Syriza n’avait pas procédé à cette alliance, les critiques n’auraient-elles pas porté sur l’anticipation d’un futur renoncement dont on aurait lu les signes dans l’alliance avec le centre gauche, suivies de procès en « réformisme », terme qui plus est mal employé dans la mesure où le réformisme n’est pas synonyme de trahison ?

Cela ne fait certes pas d’une formation de droite aux propos excessifs un allié de choix, loin s’en faut ; il s’agit là d’un triste symbole. Mais à qui la faute ? Là encore, le reprocher à Syriza serait méconnaître le contexte grec :

d’abord parce que ce pays est dans une situation d’urgence sociale gravissime qui nécessite que soit immédiatement mis un terme aux politiques d’austérité ;
ensuite parce que les alliances possibles étaient de toute façon restreintes par le refus du parti marxiste-léniniste KKE !

Alors si cette alliance ne plaît pas, les vrais responsables en sont ce parti sectaire au point de prendre le risque de saborder la seule chance d’une politique de gauche en Grèce alors même qu’on lui ouvre les portes du gouvernement, et le Pasok qui est devenu si à droite qu’une alliance n’est plus possible. Qui fait des alliances contre-nature, lorsque ce dernier appuie la politique de Nouvelle Démocratie ?
Et en France ?

« Mais alors, pourquoi pas en France ? », me demandera-t-on. L’idée n’est pas sans rappeler la prise de position ridicule d’Eric Zemmour selon laquelle le FN et le Front de Gauche devraient s’allier pour défendre la nation française contre l’Union européenne ; là encore, je rappelle que la ligne et l’histoire d’Anel sont loin, très loin de celles du FN...

Une comparaison plus pertinente est peut-être celle qui est faite avec la formation de Nicolas Dupont-Aignan, Debout la France, et celui-ci ne s’est pas privé de se féliciter de l’alliance, déclarant qu’il serait prêt à faire de même avec Jean-Luc Mélenchon « si c’est pour sauver la France ».

Une telle alliance serait en réalité tout à fait inenvisageable. D’abord, parce que je suis nettement plus dubitatif sur les convergences de la politique économique et sociale : si Nicolas Dupont-Aignan n’est effectivement pas proprement d’extrême droite et est effectivement contre la tournure prise par l’Union européenne, son opposition aux politiques d’austérité est beaucoup moins sûre et il est favorable à une sortie de l’euro dans tous les cas de figure, ce que n’est pas le Front de Gauche.

Ensuite, parce qu’en tant que militant de gauche, je considère – et Jean-Luc Mélenchon est manifestement d’accord avec moi – que l’un des principaux verrous du néolibéralisme en France est la Ve République et son Président irresponsable, problème qui ne se pose pas en Grèce. Or, Nicolas Dupont-Aignan est justement l’héritier le plus fidèle de la tradition politique qui a instauré cette Ve République ! A partir du moment où l’on pense que ne sera obtenu un changement de politique durable qu’à condition de changer les règles du jeu, l’alliance devient donc parfaitement impossible. Croire le contraire serait cette fois méconnaître le contexte français.

C’est donc un bien mauvais procès que l’on fait à Alexis Tsipras ; simultanément, les dirigeants du Front de Gauche, d’EELV et de Nouvelle Donne ont raison de chercher enfin un terrain d’entente ensemble, loin de la droite sous toutes ses formes.

Messages

  • FINALEMENT !!! Dans le passe proche on a démontré en plusieurs occasions que le PG de Melencon été un parti a caracter souverainiste a tendence populiste... et on se fait traiter de "maoïstes" par Melenchon en personne. ..

    La on a rien a dire mais juste a constater se que sort de la lecture de cet article un peux comme un "comming out" la verite sort de la bouche de l’intéresse...

    Seul regret est que on été trop modéré en realite le PG et en tete Melenchon est bien pire... dans cet article on arrive a comprendre que leur vision est bien plus proche du mouvement populiste italien de Beppe Grillo et que franchement c’est a se demander quel sense a l’existence d’un FDG ????

    • je te trouve très gentil
      Faussement naîf , tu fais sembalant de t’interroger :"Aquoi sert le FDG"

      Tout simplement de "machin " ayant pour mission de tout faire pour que la sourde colère des Masses ne débouche sur aucun processus révolutionnaire

      LE FDG est là pour que le mot de"COMMUNISME "devienne du "vieux français" hors de toute écoute.

      C’est objectivement un outil CONTRE-REVOLUTIONNAIRE, à combattre, à détruire !
      Melenchon c’est du pétard moillé quand la GUERRE des CLASSES impose la réaction à la hauteur de l’ATTAQUE du K !

      c’est à la POLITIQUE ce que le préservatif tricoté main est à la lutte contre le SIDA

      Le voilà , Sa suffisance,..en érection générale anticipée..!

      Il a vu dans le marc de café ROSE qu’un tsunami de "chavisme" version ex sénateur maastri-chien..parti de Caracas va atteindre la Bretagne après avoir fait imploser les vieux "partis" de l’Austérité, et traversé la Grèce, l’Italie et l’Espagne

      C’est " Jean LUC chez les charlots" !

      D’ailleurs le petit commentateur de la"gôôche de gôche" nous l’explique..
      Pauvre CON de Roberto avec tes références aux CLASSES sociales,l, à l’expropriation des Capitalistes, récitant ton marxisme démodé " selon lequel les masses feraient l’Histoire", que la LDC est le"moteur de
      cette lHistoire", t’as RIEN COMPRIS..

      qu’en tant que militant de gauche, je considère – et Jean-Luc Mélenchon est manifestement d’accord avec moi – que l’un des principaux verrous du néolibéralisme en France est la Ve République et son Président irresponsable, problème qui ne se pose pas en Grèce

      Ben oui, sous la Troisiéme Raie publique de m.THIERS, la quatriéme des MOCH-MOLLET-MITTERAND, l’espace "citoyen" était vâchement plus large pour lutter..


      RUE
      89 ?

      Impasse, plutôt, non ?

      Bon, j’arrête on va croire que je suis méchant !

      ceci dit..

      Quand la Gôôche dite "radicale"(comme on le disait des "rads socs "autrefois)nous inonde dés élucubrations de mecs à Qi de tétard(pardon , amis des bêtes de les insulter")oui, je regrette que, faute de crédits, les chercheurs ne puissent faire des avancées pour mettre au point le sérum anti-CON..

      J’en connais qui auraient droit à passer devant tout le monde à la porte des Hopitaux !

    • Et oui avec mon française de rital je n’arriva pas a faire transpirer mon ironie ;-) ;-) ;-)

      Ok je été ironique uniquement pour réprimer ma rage de voir comme on arrive a manipuler le gens en justifiant tout et son contraire...

      L’autre semaine une copine ma dit que été d’accord a suivre le "MeLouche" je lui demande de me présenter son programme........... silence....... incapable de me aligner une seule proposition...

      Quoi sort de tout le non dit du PG ? une seule et unique solution pour le changement de société, la potion magique qui va résoudre tous les problèmes, du chômage a la démocratie, de la répartitions des richesses au socialisme chaviste ;-) ...... LA SIXIÈME RÉPUBLIQUE....

      Oui le FDG permet de glisser "tranquillement" vers la disparition du PCF... et la je ne suis pas ironique je le pense vraiment... et bien bon débarras, vive le Nouveau Parti Communiste... le NPC ;-) ;-) ;-) ironique ;-)

  • hé ben elle est pas pret de payer des impots l’église orthodoxe grecque ( premier propriétaire terrien ) !