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Prendre conscience de la nature complexe de l’antisémitisme mondialisé.

par sancho panza

Publie le dimanche 1er mars 2015 par sancho panza - Open-Publishing
4 commentaires

(10). Prendre conscience de la nature complexe de l’antisémitisme mondialisé (48) actuel.

jeudi 26 février 2015, par Yves

Sans une telle compréhension, il est impossible de saisir le lien entre antisémitisme et djihadisme internationaliste, ou même la fonction de l’antisémitisme et de l’antijudaïsme chez des mouvements comme les Frères musulmans, le Hamas ou le Hezbollah (49) .

Cette ignorance des mutations de l’antisémitisme conduit évidemment la gauche et l’extrême gauche à sous-estimer, voire à ignorer, l’importance de l’antisémitisme. Seule une infime minorité des militants de gauche, anarchistes ou gauchistes admettent que l’antisémitisme n’est pas un simple reflet du conflit israélo-palestinien en France, qu’il possède de très vieilles racines gauloises, y compris à gauche (cf. les analyses percutantes des Luftmenschen(50)) et qu’il a pris des formes complexes aujourd’hui.

Cette cécité et cette négation dominantes à gauche de l’antisémitisme ne sont pas pour nous surprendre car elles durent depuis plus d’un siècle. Pour ne prendre que des exemples très récents, l’échantillon est vaste puisqu’il regroupe des personnes aussi diverses

– Dominique Vidal du Monde diplomatique (« Un antisémitisme virulent mais marginal » – tout est dans le titre (51) !

– Rony Brauman (52) qui, dans une interview à Europe 1, explique que Roland Dumas aurait été « maladroit » en affirmant que Manuel Valls était « sous influence juive » et qu’après tout il n’y aurait « rien de honteux » à être influencé par sa femme quand elle est juive ! Ignorant les liens d’amitié entre Dumas, Gollnish et Dieudonné, Rony Brauman, « accablé et inquiet », prétend « contextualiser » les propos de l’ancien ministre des Affaires étrangères et ferme délibérément les yeux devant l’antisémitisme dont l’expression publique ne cesse d’augmenter ;

– un petit groupe ultragauche comme Robin Goodfellow (53) (« Internationalistes, partout et toujours » au titre ronflant mais qui
* soutient la liberté d’expression du fasciste Dieudonné (« (...) harcelé depuis longtemps par le gouvernement. Il vient d’en être la première victime pour un simple mot douteux, provocateur et ambigu comme à son habitude ») et de l’antisémite Siné (« viré abusivement pour cause d’antisémitisme ») ;
* critique les lois « mémorielles ou celles qui prennent le prétexte de l’antiracisme pour interdire certaines expressions politiques ou théoriques voire même la simple expression de faits » (le fasciste et négationniste Faurisson a dû se trémousser d’aise en lisant leur prose) et n’a évidemment rien à dire ni sur l’antisémitisme – ni même sur le racisme puisqu’il nous cite de longs passages d’Engels sur les discriminations visant les ouvriers... irlandais (« blancs » sommes-nous obligés de rappeler) au XIXe siècle, comme si leur situation était comparable à celle des minorités d’origine arabe, kabyle, africaine ou asiatique en Europe au XXe et au XXIe siècle. (C’est pourtant dans ce même texte qu’on trouve cette perle « marxiste » tendance Gobineau : « la race blanche qui domina le monde ») ;

– des intellectuels proches du NPA comme Enzo Traverso (54). Il affirme que « la Shoah était un détail de l’Histoire dans les années 50 », mais il oublie de dire qu’il existait, déjà à l’époque, des dizaines de témoignages publiés (55) et surtout pourquoi le judéocide était passé sous silence : parce que l’URSS, tous les partis « communistes » et l’extrême gauche trotskiste dont il est proche ne lui ont pas donné une place centrale dans l’Histoire de la Seconde Guerre mondiale (56)... Il évoque « la religion civile de la Shoah » en prétendant que cette expression serait neutre, devant des militants du PIR qui éditent des auto-collants affirmant que les médias français seraient entre les mains des « sionistes » (mot codé pour désigner les Juifs). Ces mêmes militants du PIR qui considèrent que l’antisémitisme aurait une « base progressive (sic) » (57) ».
Selon Traverso, le congrès de Bakou aurait fait peur aux nazis qui pensaient que les mouvements nationalistes indépendantistes du Sud allaient s’allier à « l’URSS, cet « Etat marxiste, communiste, héritier des Lumières » (resic !). Autre fable qu’il sert au PIR : « au départ, les nazis voulaient exiler les Juifs à Madagascar », puis il se contredit en affirmant que le plan d’extermination des Juifs qui devait être appliqué en dernier devint soudain une priorité pour Hitler et les nazis après la défaite à l’Est. Enfin, il se garde bien d’évoquer le soutien des nazis au mufti de Jérusalem, au mouvement national palestinien et à un certain nombre de mouvements et de régimes arabes de l’époque. Traverso « oublie « de mentionner également les divisions de la Wehrmacht composées de « musulmans » et la 13e division SS Handschar composée de 10 000 bosniaques musulmans) ;

– ou Julien Salingue (58) du NPA qui tartine sur l’islamophobie et n’a rien à dire sur l’antisémitisme ;

– ou Pierre Stambul qui dans un récent article « Israël contre les Juifs » (59) fait tout pour minimiser l’antisémitisme et en rendre responsables... les Juifs – pardon, les « sionistes » !

On pourrait encore mentionner, parmi des dizaines d’autres, le communiqué du site « ultragauche » Tant qu’il y aura de l’argent (60). Daté du 12 janvier 2015, il aurait aussi bien pu être daté de 12 janvier 2035, il évoque « les pleurs et les témoignages des proches des victimes » puis dénonce immédiatement les « attaques racistes contre les musulmans » sans mentionner une seule fois le mot antisémitisme dans le reste de l’article !

La palme revient sans doute à cet appel de la Confédération des groupes anarchistes-Région parisienne (61) qui évoque « une attaque dans une boucherie casher (62) ». Difficile de montrer plus d’ignorance des faits (il s’agit d’un supermarché, pas d’une « boucherie » !), de la façon dont les exécutions se sont déroulées (Amédy Coulibaly n’a pas « attaqué » un commerce ; il est entré dans un magasin juif pour tuer des Juifs et avait l’intention d’en tuer davantage), et de mépris pour les victimes juives qui n’ont droit qu’à la simple mention : un « véritable acte antisémite que nous condamnons ». Tuer quatre Juifs est un simple « acte antisémite » comme un tag sur une synagogue ou une « quenelle » dans la rue ? A partir de combien de Juifs cela devient-il un assassinat pour les militants rrrrrévolutionnaires de la CGA Paris ?
Avec de telles œillères idéologiques, il n’est pas étonnant que la gauche et l’extrême gauche ne comprennent pas ce qu’est l’antijudaïsme musulman depuis quatorze siècles, la charia et sa dimension anti-judaïque et antijuive, l’importance historique du statut du dhimmi (63) et l’antisémitisme de nombreux courants de l’islam politique (nationalisme arabe dès les années 20, complotisme antisémite des Frères musulmans, régimes nationalistes arabes dès l’indépendance, djihadisme internationaliste actuel).

En dehors de l’ignorance et de l’incompréhension, il y a aussi un choix opportuniste évident de « clientèle », que ce soit chez les anarchistes, les « antifascistes (64) » ou à l’extrême gauche (NPA).
Mais ce choix opportuniste de clientèle n’est même pas suivi d’une véritable tentative d’implantation dans les quartiers populaires où il existe de fortes minorités dites « musulmanes ». Il se réduit à l’adoption d’un langage public islamo-compatible et à des alliances avec des groupes réactionnaires dits « pro-palestiniens ».

On en a encore eu un exemple lors de la manifestation du 18 janvier 2015 « contre l’islamophobie » (à laquelle appelait le même communiqué de la Coordination des groupes anarchistes parisienne cité auparavant) où une partie des manifestants criaient « A bas l’union nationale ! » et dénonçaient le capitalisme, « le colonialisme sioniste, ses crimes de guerre et son apartheid », tandis qu’une autre criait « Allah ouakbar » (« Dieu est plus grand »), « Touche pas à mon prophète », « Palestine vaincra, Palestine vivra », et brandissait toutes sortes de drapeaux nationaux : irakien, turc, palestinien (64), etc. Un orateur a dénoncé le CRIF « courroie de transmission de la politique israélienne » et expliqué, vieille litanie réactionnaire, que, en appelant les Juifs de France à émigrer, « les autorités israéliennes renforcent l’antisémitisme », comme si l’antisémitisme était né en 1948 ! Une militante « révolutionnaire » s’est exclamé : « Tant qu’il y aura des guerres là-bas, il n’y aura pas de paix ici », phrase pour le moins ambigüe face aux 17 meurtres djihadistes. Evidemment le service d’ordre de ce rassemblement, à la fois « antifasciste » et « anti-islamophobe », s’en est pris à quelques anarchistes venus avec des textes faisant allusion à « Charlie Hebdo »

On remarquera que, lors d’une manifestation organisée par le Collectif Cheikh Yassine (65) en 2011, on retrouve des slogans religieux tout à fait similaires (ce coup-là en français, chauvinisme franco-musulman oblige) à ceux du 18 janvier 2015 ainsi que des drapeaux nationaux (bleu/blanc/rouge, palestinien, etc.) avec en supplément des allusions à « l’Inquisition », au « lobby que l’on ne peut pas nommer », à la « solution finale » et à la « Shoah » que les « musulmans » seraient en train de subir.

Pas étonnant qu’une autre union nationale se soit finalement réalisée entre les sympathisants de cette extrême droite « musulmane » et le NPA (trotskyste) durant les manifestations de l’été 2014 à propos de la Palestine et désormais sur la question de « l’islamophobie » avec l’Action antifasciste et la Coordination des groupes anarchistes. L’antifascisme sans principes clairs, à la sauce philostalinienne comme durant la Révolution espagnole ou islamocompatible comme aujourd’hui, risque de mener au pire...

YC, Ni patrie ni frontières, février 2015


Notes

48. « Multiplicité des formes de l’antisémitisme et antisémitisme “mondialisé” actuel » (2014, NPNF n° 46/47) ; « Mohamed Merah, Houria Bouteldja et la compassion à deux vitesses » (2012, NPNF n° 38/39) ; « Mme Bouteldja falsifie CLR James au service d’un « antisémitisme progressif »... imaginaire ! » (2012) ; « L’extrême gauche saura-t-elle réfléchir après les meurtres antisémites de Toulouse ? » (2012, NPNF n° 38/39)

49. Cf. dans Compil NPNF’ n° 2 : « Hezbollah : un Parti-Etat totalitaire » (2004) ; « Gilbert Achcar et les multiples contradictions trotskystes face à « l’intégrisme islamique » (2007) ; « Contorsions libertaires face au Hezbollah et au nationalisme arabe » (2007).

50. http://luftmenschen.over-blog.com/article-28208339.html) et http://luftmenschen.over-blog.com/article-des-sionislamistes-qui-envahissent-la-france-et-autres-dangereuses-sornettes-124601155.html

51. http://www.monde-diplomatique.fr/2015/02/VIDAL/52630

52. http://www.europe1.fr/mediacenter/emissions/l-invite-d-europe-nuit/videos/rony-brauman-le-climat-actuel-m-accable-et-m-inquiete-2375133. On lira à ce sujet l’excellent article d’Emmanuel Debono qui pulvérise tous les arguments « contextualisateurs » de Brauman : http://antiracisme.blog.lemonde.fr/2015/02/17/le-fantasme-de-linfluence-combustible-de-lantisemitisme/

53. www.robingoodfellow.info/pagesfr/rubriques/Charlie.pdf

54. Cf. « L’eurocentrisme des “Holocaust Studies” et le renouveau des études sur le fascisme et le nazisme suscité par le postcolonialisme » (http://www.dailymotion.com/video/xp4jth_pour-lecture-decoloniale-de-la-shoah-enzo-traverso_news), conférence donnée le 13 janvier 2012 devant les membres du Parti des Indigènes de la République.

55. Cf. l’abondante bibliographie citée dans l’ouvrage d’Annette Wieworka : Déportation et génocide. Entre la mémoire et l’oubli, Hachette, 2003.

56. Cette cécité volontaire des trotskystes est évidente chez un dirigeant de la IVe Internationale comme Ernest Mandel, comme l’explique bien son biographe Jan Willem Stutje, Ernest Mandel : A Rebel’s Dream Deferred, 2009, Verso ; p. 47-48 et 212-216. Mandel, qui fut lui-même déporté et s’évada pour échapper à la mort, ne s’intéressa que deux fois au judéocide en quarante ans, une fois dans un article de 1946 et l’autre dans un livre sur la Seconde Guerre mondiale (« The meaning of the Second World War ») en 1986 !

57. http://indigenes-republique.fr/dieudonne-au-prisme-de-la-gauche-blanche-ou-comment-penser-linternationalisme-domestique/

58. « Tueries à Charlie Hebdo et porte de Vincennes : ne pas s’interdire de réfléchir, agir pour ne pas subir »

59. http://www.ujfp.org/spip.php?article3885. Pierre Stambul fait partie de ces juifs de gauche ou d’extrême gauche (cf. D. Bensaïd ou M. Loewy) qui ne veulent faire entrer dans leur définition de la judéité que de grands intellectuels prestigieux (de Spinoza à Marcuse en passant par « Einstein, Freud, Arendt, Kafka, Benjamin »), des révolutionnaires (Marx, Luxembourg, Trotsky), des prolétaires juifs en lutte contre le Capital et des résistants antisionistes du ghetto de Varsovie. Ils sont tellement écœurés par la couardise de la gauche israélienne, par la montée de l’intégrisme juif religieux au sein d’Israël ou de la Diaspora, par la droitisation des Juifs français ou américains, par les crimes de guerre commis contre les populations palestiniennes, qu’ils se fabriquent, en réaction, une identité « juive-humaniste-radicale-contestataire-libératrice » aussi imaginaire et artificielle que celle des sionistes obscurantistes ou nationalistes. Ce faisant, non seulement ils adoptent une identité plus valorisante (qu’ils offrent également en cadeau d’adhésion à tous les non-juifs antisionistes membres de l’Union juive française pour la paix) mais ils croient pouvoir se protéger contre l’antisémitisme, ce qui est d’une incroyable naïveté et/ou d’un incroyable idéalisme.

Ces nouveaux identitaires juifs de gauche, d’extrême gauche ou même libertaires se réclament du Bund en oubliant que cette organisation préconisait une « autonomie nationale et culturelle » totalement contradictoire avec leur négation acharnée de l’existence d’un peuple ou plutôt de peuples juifs. Leur définition de la judéité leur permet de se réfugier dans une sorte d’ethnocentrisme radical et paradoxal, puisque d’un côté il se prétend antinationaliste (donc anti-israélien ou antisioniste, comme on voudra), mais de l’autre il soutient le nationalisme palestinien.

L’avant-dernière phrase de ce texte de P. Stambul est très symptomatique : « Pour créer l’Israélien nouveau, écrit-il, il a fallu “tuer le Juif”, celui qui pensait que son émancipation passait par celle de l’humanité. » On trouve, dans cette phrase, à la fois l’écho d’une nostalgie absurde (tous les Juifs d’Europe n’étaient pas bundistes, anarchistes ou trotskistes, et de toute façon les bundistes étaient devenus de plus en plus sociaux-démocrates et ne souhaitaient plus forcément « émanciper l’humanité ») et l’expression inconsciente (et extrêmement violente) d’une vieille rancœur intracommunautaire : comme si la disparition du yiddish et le génocide des yiddishophones européens étaient dus aux « sionistes » hébraïsants et pas aux nazis et à la complicité des puissances occidentales…

On comprend mieux alors pourquoi Stambul trouve le moyen de rappeler les « accords de Haavara » de 1933 sans en préciser ni les modalités, ni la durée, ni le contexte... Dans son imagination et celle de l’UJFP, le grand « effaceur de l’histoire, de la mémoire, des langues, des traditions et des identités juives » ce n’est plus Hitler et le Troisième Reich ; ce ne sont plus les Etats européens et l’Amérique qui laissèrent 6 millions de Juifs être exterminés sans bouger le petit doigt ; ce ne sont plus, par la suite, les régimes arabes qui expulsèrent 900 000 Juifs du Proche et du Moyen-Orient, mettant fin à une présence sociale, économique et culturelle multiséculaire voire millénaire. Non le Grand Effaceur de la Judéité c’est seulement, au choix, Begin, Sharon ou Netanyahou !!!.

60. http://www.tantquil.net/2015/01/12/hier-comme-aujourdhui-a-bas-lunion-nationale/

61. http://www.ainfos.ca/fr/ainfos11824.html

62. Cette énorme bourde a ensuite été rectifiée discrètement sur le site de la CGA.... http://www.c-g-a.org/content/contre-lislamophobie-autodefense-populaire. A quand les photos retouchées ? Par contre, le site Paris luttes info a eu au moins la décence de ne pas tripatouiller le texte original http://paris-luttes.info/rassemblement-contre-la-2406

63. « Géopolitique de l’islam et dhimmis juifs » (2007, Compil NPNF’ n° 2).

64. Ce sont les « antifascistes » de Paris qui ont déchiré des dessins évoquant « Charlie Hebdo » lors d’une manifestation contre l’islamophobie, le 18 janvier 2015 (https://www.youtube.com/watch?v=oDycVueFgEw).

65. https://www.youtube.com/watch?v=bhXj3-fHNyE et https://www.youtube.com/watch?v=20RqiI3kZ3A

Messages

  • A ce sujet "discriminations visant les ouvriers... irlandais (« blancs » sommes-nous obligés de rappeler)", les anglais (j’écris bien "les anglais", ceux d’Angleterre) disaient aux Irlandais qui parlaient leur langue : "speak white" (ce qui veut dire, en gros : parles blanc). Ils disaient la même chose aux français du Québec. Donc il les considéraient comme des non-blancs (contre toute évidence) et se considéraient eux seuls blancs car parlant anglais. En fait seuls porteurs de la civilisation blanche occidentale.
    La même remarque était servie aux indigènes dans les colonies par les colons occidentaux.
    Dans le cadre de l’idéologie bourgeoise, diviser pour régner, nous sommes toujours l’exclu de quelqu’un. Mais subsiste la division de classe qui elle doit être abattue pour abattre toutes les autres qui n’ont pas de bases matérielles, sinon purement culturelle et/ou idéologique.

  • Vous lisant depuis des années, et n’étant pas du tout de votre bord politique, je suis étonné de voir cet article d’une grande lucidité.
    Je ne vous croyais pas capable publier la simple vérité, notamment sur cette question. Mon regard sur vous va devoir également évoluer.

  • L’article est fouillé et intéressant. Mais quelque chose me gène.
    Je ne voudrais pas que nous soyons contraints de ne plus pouvoir critiquer la politique sioniste et expansionniste d’Israël, au prétexte que certains nous accuseraient facilement d’antisémitisme comme pour éluder la question et clore le débat de façon terroriste.
    Pas plus que je ne voudrais que nous soyons contraints de ne plus pouvoir critiquer les islamistes (armés ou non) au risque d’être accusés d’islamophobie ou de racisme, éludant également ainsi le débat et le clôturant de façon terroriste.
    Pour nous communistes, ce n’est pas évident car nous progressons en eau trouble et ces débats nous divisent également dans la mesure ou ne nous sommes pas, pour l’instant, une force suffisamment organisée et unie pour peser dans ces débats et les orienter dans le sens des intérêts du prolétariat, du progrès et de la laïcité.

    Une chose m’inquiète, c’est la vidéo de la manifestation du 18 janvier, montrant ce qui semble être des militants du service d’ordre (ils ont des brassards rouges), arrachant les affichettes "je suis Charlie" ; bonjour la liberté d’expression. D’autant plus que se sont des intégristes se réclamant du même islam qui ont commis les assassinats, assignant ainsi tous les musulmans à les suivre (ce que la majorité n’ont pas fait). J’ai l’impression que les Antifas, dans leur lutte aveuglée contre l’islamophobie, sont en tain de perdre la raison et d’embrasser une cause qui n’est pas celle des communistes ou des anarchistes. Vont-ils devenir les futurs petits soldats d’un intégrisme à la française ?
    De plus, assimiler "islamophobie" à "racisme" ne veut rien dire car, une Religion n’est pas une race ; tout au plus fonde-elle une culture. Donc toute critique doit être acceptée et doit pouvoir s’exprimer, y compris de façon blasphématoire. Maintenant ce qui est raciste c’est systématiquement coller une Religion à une origine ethnique et, par ce biais porter un jugement de valeur sur des peuples sur la base de leurs coutumes religieuse (ou non). Les assignant tous ainsi à se ressembler et donc à se rassembler dans un groupe humain virtuel, sans voir les distinctions sociales de classe qui les traversent (ceci est valable tant pour ceux qui portent des jugements racistes que pour ceux qui jouent la voie du communautarisme pour dominer ce qu’ils estiment être leur communauté).
    Enfin, faut-il le rappeler, le terme islamophobie a été utilisé par Khomeiny qui voulait dénoncer par là et stigmatiser les opposants au régime théocratique d’Iran. Et quand j’écris opposants, il s’agit des militants laïcs et révolutionnaires qui avaient lutter contre le régime du Shah et qui se sont retrouvés ainsi dépossédés de la révolution.

    • "le terme islamophobie a été utilisé par Khomeiny qui voulait dénoncer par là et stigmatiser les opposants au régime théocratique d’Iran."

      Comme cela a été maintes fois démontré, c’est un mensonge propagé par la bidonneuse Caroline Fourest. Le terme "islamophobie", d’une part n’existe pas dans la langue persanne, d’autre part existe dans la langue française, et a été utilisé, depuis les années trente au moins ! Ce qui est relativement nouveau, c’est le phénomène lui même de l’islamophobie, qui recouvre à la fois le "vieux racisme" anti-arabe et une hostilité à l’islam, qui permet de lui donner un visage politiquement correct au nom de la laïcité, de la défense des droits des femmes, des homosexuels etc.

      L’islamophobie existe bel et bien. Il n’y a pas à privilégier la lutte contre une forme de racisme au détriment d’une autre. Nous devons combattre TOUS les racismes, antisméitisme comme islamophobie. Je déplore que Yves cible ainsi systématiquement l’extrême gauche. Le NPA est par exemple très clair et dénonce TOUS les racismes.